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Quand Dieu apparaît…
Un instant avec Dieu (Partie 2)
– Qui est-ce ? demanda Anne.
– C’est le chat du père Gandelin. Ils se ressemblent, la brioche les guette tous les deux !
Et tout le monde rit.
– Non, il est très mignon, dit Marine, la sœur d’Antoine, par qui le scandale était arrivé.
– Merci, c’est gentil, lui dit le chat de sa voix grave. Je voudrais vous parler, à tous.
Tous regardaient partout, estomaqués, cherchant d’où venait cette voix.
– C’est moi, Zéphyr. Ou Dieu, si vous préférez.
– Il n’existe pas, déclara péremptoirement Olivier. J’en ai la preuve.
– Ah oui, et laquelle, monsieur Olivier ? demanda courtoisement la voix.
Le jeune homme resta confondu.
– Mais… un chat connaît mon nom ? Parle ?
– Si fait, reprit le chat en ouvrant bien la gueule pour parler, et en faisant un signe de patte. Ou plutôt, moi, Dieu, ai pris forme féline pour vous parler. Dans l’église, je n’y serais pas arrivé. Mais le père Gandelin a été maladroit. Je vous rassure tout de suite : si vous l’avez irrité, moi, dans ma grande mansuétude, je ne le suis pas.
– Mais alors… on peut vous parler ? risqua Anne.
– Bien sûr. Mais caressez-moi. J’adore être cajolé, ça me manque. Je sais que vous n’êtes pas de mauvais bougres.
Tous regardaient le chat, très étonnés. Celui-ci leva ses fesses, pour aller se frotter contre Marine.
– Oui, tu es très mignon, Zéphyr, dit-elle, le caressant. Si tu nous aimes vraiment, n’oublie personne…
Alors le chat commença à se frotter à toute l’assemblée. Micheline, une vieille dame jolie comme un cœur, le caressa avec bonheur, remercia son mari de l’avoir faite sortir de l’église. C’était des cousins du défunt, qui avaient tenu à faire acte de présence même si, notoirement, ils ne croyaient pas en Dieu. Mais ils adoraient les chats, et Zéphyr/Dieu le sentait bien.
– Dis-nous, Zéphyr, ou je ne sais pas comment on t’appelle, fit Jules quand ce fut son tour, mon frère n’est pas vexé, de là où il est ?
– Pas du tout, répondit aussitôt le chat. C’est sa femme, qui est confite en bigoterie. Vous êtes tous là pour lui dire au revoir. Si vous préférez les grandes tablées chaleureuses aux églises froides, c’est votre droit.
– Cela ne sonne guère divin, remarqua Anne.
– Chacun sa façon de célébrer les morts, déclara Zéphyr/Dieu.
– J’ai caressé Dieu… fit Antoine, pensif.
– Et il est tout doux, ajouta un enfant. Dis, Zéphyr, c’est bientôt fini, ces… salamalecs dans l’église ? Je veux ma mamy…
Tous se mirent à sourire.
– Oui, Théo. Mais ta grand-mère a intérêt à rester jusqu’au bout. Mon ministre du culte est furieux.
– Ministre du culte ? répéta Théo sans comprendre.
– Le curé, lui expliqua Jules. Le père Gandelin. Mais il n’est pas méchant, juste susceptible.
Cela fit rire tout le monde.
– Zéphyr, tu as vu mon doudou ? demanda une petite fille.
– Non, mais je vais te le donner.
Et le doudou en question apparut dans les mains de la petite.
– Merci Zéphyr ! fit-elle sans s’étonner.
– Ah çà ! s’exclamèrent tous les adultes.
La dame au tricot eut l’idée de demander une pelote de laine, l’obtint aussitôt. Alors tous se mirent à réclamer quelque chose, des clefs, des mouchoirs, de l’amour, Justine voulut être sûre qu’elle et Olivier auraient beaucoup d’enfants.
– Voilà qui est mieux, jugea alors Zéphyr/Dieu. Ce que j’apporte, c’est l’amour. Et vous l’avez. Je vais pouvoir enguirlander mon… le père Gandelin. J’ai eu le temps de faire trop de miracles…