Aël (Partie 2)

Ael

Catégorie : Littérature sentimentale

Auteur : Flora Lune

Résumé : Aël écoutait et observait beaucoup. Elle parlait aussi, mais prononçait peu de mots. C’est pourquoi, qu’on la connût bien ou mal, on lui attribuait, à tort ou à raison, un tempérament réservé. De plus, il était fréquent que sa place en cours fût vide, mais aucun de ses camarades ne pouvait dire pourquoi, bien que de nombreuses hypothèses eussent été formulées à ce sujet. Le plus étrange aux yeux de tous, y compris de certains de ses professeurs, était qu’Aël, malgré ses absences répétées, eût réussi à passer aisément en classe de seconde… alors qu’elle n’avait pas tout à fait treize ans à l’époque. Non, décidément, Aël ne pouvait pas appartenir à ce monde.

 

 

Aël (Partie 2)

 

 

Après le départ de l’infirmière, Aël demeura un moment auprès de la fille, avec laquelle elle n’échangea cependant pas plus de quelques mots. Mais, à la petite lueur qui se ralluma dans ses yeux vides, Aël comprit que la fille avait repris ses esprits. Elle en fut soulagée et put la laisser sans remords.
Lorsqu’elle quitta l’infirmerie, il était trop tard pour aller en cours. Et de toute manière, elle devait aller voir Catherine. Catherine était son amie de toujours, celle qui l’avait vue naître. Mais, Aël ne la connaissait vraiment que depuis trois ans, de plus, elle ne savait que peu de choses sur Catherine, alors que celle-ci savait tout d’elle. Parfois, Aël regrettait de ne pas la connaître plus amplement, mais Catherine savait toujours la rassurer : ça viendra, disait-elle. Alors Aël lui faisait confiance, et attendait que le jour vînt.
Aël était assise devant le portail de son lycée depuis une dizaine de minutes lorsqu’une voiture s’arrêta en face d’elle. La reconnaissant, la jeune fille se leva, ouvrit la portière avant et s’installa sur le siège passager.
– Tu sors tôt aujourd’hui, fit remarquer son père après que sa fille l’eût embrassé.
– J’ai croisé une fille qui allait vraiment mal, répondit-elle. Je l’ai emmenée à l’infirmerie, mais après c’était trop tard pour aller en cours. Maman n’est pas là ?
– Elle nous rejoindra après son travail. Comment tu te sens ?
– Bien, déclara Aël avec un sourire.
L’homme au volant redémarra son véhicule, tout en continuant de discuter avec sa fille. Comme chaque fois, il fut légèrement surpris par la joie discrète qui perçait dans sa voix douce. Mais, pour Aël, il ne pouvait en être autrement : elle allait voir Catherine après tout.
La maison de Catherine était une grande maison lumineuse dans laquelle beaucoup de gens venaient. Parfois, ils ne faisaient que passer et ne revenaient plus, parfois, ils séjournaient un peu plus longtemps, le temps qu’il leur fallait. Et parfois aussi, ils y étaient si bien qu’ils n’en repartaient pas. Catherine avait de nombreux invités chaque jour, et certains devenaient même ses amis. Aël y séjournait aussi de temps à autre, mais, tant qu’ils le pouvaient, ses parents préféraient qu’elle fût dans leur propre demeure. Ce qui était bien normal… ils étaient ses parents après tout.
Aël et son père furent accueillis avec la même gentillesse qu’à l’accoutumée. Une jolie jeune femme aux cheveux bruns, dont Aël ne connaissait pas le prénom mais qu’elle appelait souvent Mélodie dans sa tête, discuta avec eux un moment, puis, emmena Aël dans l’une des chambres tandis que son père restait dans la pièce principale. Catherine ne devrait plus tarder, se dit Aël. En effet, lorsqu’elle entra dans la chambre, Catherine était là. Comme à son habitude, elle lui sourit paisiblement. Aël lui sourit en retour. La jeune femme brune les laissa seules un moment. Aël en profita pour raconter à Catherine tout ce qui lui était arrivé depuis leur dernière rencontre, sans omettre la fille dans les toilettes. Ce à quoi, Catherine répondit à Aël qu’elle avait eu raison d’agir comme elle l’avait fait, et qu’il ne fallait pas s’inquiéter pour la suite. Aël ne s’inquiéta donc plus.
Mélodie revint en compagnie de Bruno, un homme aux cheveux gris qu’Aël connaissait bien. Il lui posa quelques questions, auxquelles la jeune fille répondit simplement. Catherine observait la scène, silencieuse. L’homme et la jeune femme restèrent un moment encore avec Aël, puis, la laissèrent.
Aël ne tarda pas à sortir à son tour, et Catherine la suivit. Presque toutes les personnes qu’elles croisèrent alors, Aël les connaissait pour leur avoir parlé au moins une fois. Tous l’aimaient beaucoup. Lorsqu’elle redescendit dans la pièce principale, son père était en grande discussion avec Bruno. Sa mère était également présente.
– Comment ça va ma chérie ? s’informa-t-elle.
– Ça va bien, répondit joyeusement la jeune fille.
Bruno discuta encore avec les parents d’Aël pendant environ une demi-heure. Aël, guère intéressée par les conversations entre adultes, saisit néanmoins une chose : elle ne resterait pas chez Catherine ce soir. Elle s’éloigna alors en compagnie de son amie afin de pouvoir échanger plus tranquillement, avant de devoir rentrer chez elle. Lorsqu’Aël ne pouvait pas rester, ou qu’elle ne venait pas la voir pendant quelques temps, Catherine ne se fâchait jamais. Elle accueillait toujours Aël avec un regard doux et un sourire paisible, ce même sourire qu’elle lui adressait pour lui dire au revoir. Et Aël, de son côté, savait que Catherine ne s’ennuyait jamais d’elle, et qu’en son absence, elle prenait soin de ses autres nombreux amis.

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