Catégorie : Poésie
Auteur : Esope
Résumé : Parfois, à trop aimer on part – dans tous les sens.
Note : BORDEAUX 09.02.2018
Allez viens, on s’casse
Allez viens, on s’casse
Là où on rêve d’étoiles
enfile une robe d’été
Tu seras la plus belle des dames
dans ce jardin d’Eden
On flânera sur les dédales
avant que le Soleil s’éteigne
Allez viens, on s’casse,
écouter les cigales et
jeter dans le lac six galets
Loin de ce boucan
prends tes bouquins et tes cigarettes
Fais même pas tes valises on y va là
On va loin
On ira plus loin que tu pourras
plus loin que j’en ai envie
On ira plus loin que nulle part
On ira plus loin que la vie
On prend un billet et on s’envole
On fraude le train et on s’en va
Sans voir demain, nos deux mains
se confondent on est sans voix
Cent vies différentes nous attendent
ici on s’sent vieux donc
on s’en veut mais on s’envie et c’est normal
C’est nous contre le monde entier
Que le meilleur gagne
Allez viens, on s’casse
sentir l’odeur des pissenlits
partager des valeurs dépassant l’or
le pouce en l’air sur l’autoroute
Viens on s’casse du bout des yeux,
viens on s’oublie, viens on vit
Viens on dit que les plus cons c’est eux
Viens on bouge, allez viens on s’étonne
On regardera le doute planer
sans savoir d’où il décolle
Viens, on se casse
comme ce vase en porcelaine
Éclairés par ces lunes
on se brise sous nos voiliers de plume
pendant que le vent
sur le port se lève
Ici, Dieu sait tout
dont ses torts
Pardon d’être ainsi
Mais il se fait tard
On est devenu ce soleil de dix-sept heures ;
notre rouge maudit s’étire
et le sang du ciel déteint
Sur chaque joue naît un cil
qui croit que ma peau est un sol
Les étoiles sont statiques
mais chaque souhait s’éteint seul
Allez viens on s’casse
comme cette allumette
qui n’a jamais su faire d’étincelles
Le destin scelle nos chemins
alors :
pars, je reste
ou
viens, on se casse
comme les bouteilles que j’apporte
comme nos querelles qui radotent
Allez viens on s’casse
comme les bretelles de ta robe
Âme errant, pas rasé
Amoureux, par hasard
Alors
On s’tourne le dos
on s’cache le cœur
Pendant que tu jettes un « je t’aime » dans l’eau
le vent du port déshabille les fleurs
On creuse des abysses de feu
Tu trembles
La feuille abîme le feutre
Je regarde les photos
qu’on aurait pu prendre
De toute façon,
l’important ce n’est pas mon « chut »
C’est l’apprentissage
Et puis tu sais,
je n’ai même pas la haine
car on a atterri avant d’sauter
Allez, viens, on se casse
Mais on part chacun
de notre côté.