Appel d’air (Partie 2)

Appel d'air

Catégorie : Littérature sentimentale

Auteur : Chiaramarino

Résumé : Une vieille dame aux prises avec le Vide à qui il finit par arriver de belles choses…

 

 

Appel d’air (Partie 2)

 

 

– Je ne sais pas ce que j’ai… Je crois que j’ai pris froid… Est-ce que vous auriez…
A vrai dire, Joséphine ne savait pas très bien ce dont elle avait besoin.
– Oui ? Avez-vous fait votre vaccin contre la grippe ?
– Oui, je l’avais fait à l’automne.
– Moi, je veux bien vous donner quelque chose, mais méfiez-vous… sans doute feriez-vous mieux d’aller voir votre médecin.
Perdue, Joséphine regarda la pharmacienne.
– Vous n’avez vraiment pas l’air bien.
– J’ai très… froid au cœur.
– Vous n’avez pas d’ennuis cardio-vasculaires ?
– Je ne tombe pas malade si facilement… je ne suis pas si vieille.
– Méfiez-vous quand même. Vous avez passé soixante-cinq ans, madame Barry. Voulez-vous que je prenne rendez-vous pour vous chez votre médecin ?
– Merci, je saurai très bien le faire toute seule, fit Joséphine, se fermant comme une huître.
La sortie ne se prolongea guère, car cet échange l’avait mise de mauvaise humeur. Elle n’avait pas encore soixante-dix ans, que diable ! Elle détestait qu’on lui rappelle son âge. Elle rentra chez elle, prit rendez-vous avec son médecin et ne ressortit que le lendemain pour y aller, après une mauvaise nuit. Elle avait toujours le cœur aussi serré, eut encore quelques larmes glacées. Dans le miroir, elle avait vu ses joues rouges, comme transies par le froid. Elle tenta de s’expliquer avec le médecin, qui préféra l’envoyer à l’hôpital en observation.
– Avez-vous des antécédents psychiatriques ? demanda-t-il par acquit de conscience, avant qu’ils ne se séparent.
– Non docteur, fit Joséphine en se redressant de toute sa hauteur, comme blessée de la question. Sachez que dans ma famille, nous avons la tête sur les épaules !
– Ça peut arriver à tout le monde, mademoiselle Barry. Je demandais cela à tout hasard. Ce démon glacé m’intrigue.
– J’ai simplement besoin de chaleur humaine. Ma sœur me manque, et mon frère est aux abonnés absents.
– Et le froid de l’hiver vient vous chercher ?
– Je ne sais comment expliquer cela, docteur.
– Ça ne fait rien. L’ambulance sera là dans dix minutes. Ne vous inquiétez pas.
Le médecin se voulait rassurant, Joséphine le sentait bien. Mais c’était la première fois que le Vide l’attaquait si rudement, et elle n’était pas rassurée. Elle repensa à sa sœur, qui aimait tant toucher les gens. Les enfants d’Odette avaient eu beaucoup d’amour. Elle balbutia un « merci », serra la main du médecin, et alla se rasseoir. Elle voulut appeler son frère pour le prévenir, mais il ne répondit pas. Alors, en désespoir de cause, elle envoya aussi un message à un de ses cousins. L’ambulance arriva peu après.
On ne trouva pas grand-chose à Joséphine, mais à l’hôpital, on la garda quand même une nuit. Elle dut téléphoner à une voisine, qui avait un double des clefs, pour qu’elle lui ramène une chemise de nuit, son livre, ses mots croisés. Madame Dupré ne tarda guère, et lui amena tout ce dont elle avait besoin.
– Ça va aller ? Voulez-vous que je vienne vous chercher demain ? Je vous ai aussi ramené le chargeur de votre téléphone, au cas où.
– Merci, vous êtes gentille. Je vous rappellerai, si ma famille ne réagit pas.
– Comme vous voudrez. À nos âges, il faut bien s’entraider…
À ces mots, Joséphine tiqua. Sa voisine était gentille, serviable, mais manquait quelque peu de psychologie… Fort heureusement, le cousin qu’elle avait contacté l’appela dans la soirée, se fit expliquer ce qu’il se passait, et promit de venir la chercher le lendemain.
Et à neuf heures, il était là.
– Mais que t’arrive-t-il, Joséphine ? Tu ne tombes pas malade facilement, d’habitude !
– C’est justement pour ça que mon médecin m’a envoyée là… Il m’est arrivé quelque chose de bizarre, avant-hier, mais… Le froid m’a prise, se reprit tout à coup Joséphine.
André comprit, au ton, qu’il n’en saurait pas davantage. Il ouvrit la portière de la voiture, et tous deux s’installèrent.
– Je t’emmène chez nous, déclara André. Tu es seule, c’est ça ton problème. Et ton chauffage, fonctionne-t-il bien ?
– Mon chauffage n’est pas en cause. C’est moi.
– Je ne comprends pas grand-chose à cette histoire, mais ça ne fait rien. Anne-Marie et moi allons nous occuper de toi.
– Merci, vous êtes gentils, tous les deux. J’ai appelé Pierre, il n’a même pas été fichu de répondre à mon message… Tu n’as pas de nouvelles de lui, des fois ?

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