Avec ou sang (Partie 2)

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Chloé Garcia

Résumé :

Le jour de la Célébration est arrivé. Les Crochus, ou Vagabonds comme ils aiment s’appeler, sont les vedettes de la fête. Une jeune scientifique ne se laisse pas duper : elle est persuadée que cette communauté est liée à un culte du sang, comme cela arrive chez les vampires. Ses recherches vont la mener sur la route d’un petit garçon intrigant, entre les pattes de bêtes monstrueuses et vont la plonger dans une enquête aux mystères plus étranges que ce qu’elle n’aurait jamais imaginé.

Avec ou sang (Partie 2)

J’avais souvent honte de les affabuler d’un nom grotesque alors qu’ils devaient atrocement souffrir. Cependant, je ne pouvais aller contre ce que je ressentais quand je les voyais. Je n’étais jamais parvenue à les considérer comme des humains. Peut-être avais-je trop lu d’ouvrages imaginaires ou de comics mais j’avais été persuadée qu’ils étaient des créatures infâmes, des monstres, voire des vampires. Et j’avais eu quelques confirmations récemment. Je n’en avais parlé à personne, de peur que l’on me trouve encore plus bizarre, et je menais, depuis quelques jours, mes petites expériences en toute clandestinité pour découvrir leur secret. Ma mère ne savait rien de mes actes et j’espérais que cela reste ainsi. La pauvre les considérait comme des enfants de Dieu qu’elle se devait d’aider et n’arrêtait pas de s’apitoyer sur leur sort.

– Mes amis, je vous remercie d’être venus aussi nombreux en ce jour de la Célébration. Attendons quelques minutes les retardataires.

Je n’avais pas vu le maire monter sur l’estrade et les autres sièges se remplir. J’avais trouvé une place au cinquième rang et gardais soigneusement le siège près de moi. Des universitaires chuchotaient derrière moi et attendaient avec impatience la suite des événements. D’autres connaissances de la bibliothèque et du centre communautaire me firent un signe quand je tournais la tête à la recherche de ma mère. Certains, tout excités, étaient impatients des festivités qui allaient suivre, alors que j’en voyais quelques-uns qui paraissaient dormir. La ville allait bientôt être animée de bals dansants, de concerts divers et variés et de chants bien arrosés, jusqu’à la tombée de la nuit.

Je vis ma mère courir au loin et lui fit un signe. Le maire ALLAIT bientôt reprendre. Ses joues remontées et son teint rosé lui donnaient un air particulièrement enthousiaste alors qu’elle venait tout simplement de courir. Elle s’approcha comme elle put, agaçant les personnes assises et marchant sur les pieds de tout le monde.

– Merci ma chérie de m’avoir gardé une place, me dit-elle ravie et toute essoufflée.

Je lui souris et lui indiquai la scène. Elle comprit qu’elle devait se taire et s’installa confortablement pour écouter. Ses longs cheveux en bataille lui tombaient dans le bas du dos et brillaient d’éclats dorés. On ne se ressemblait pas du tout.

– Chers amis, nous fêtons aujourd’hui la deuxième année de cohabitation avec la communauté des Vagabonds, que nous avons accueillie parmi nous avec plaisir. Ils avaient besoin de nous et nous avons répondu présent.
Le public applaudit bruyamment et je fis de même. Le maire parut ravi. Palpable, son stress se ressentait et un peu de sueur dégoulinait de son front. Le soleil ne l’aidait pas et il ne pouvait bénéficier d’aucun coin d’ombre sur son estrade. Je m’ennuyais déjà et ne comprenais pas pourquoi j’avais accepté l’invitation de ma mère. Célébrer le fait d’accueillir des pauvres gens en détresse me laissait pantoise. Cette mascarade ne me disait rien qui vaille.

– Je vous demande de faire un tonnerre d’applaudissements à nos concitoyens qui ont bien voulu donner leur sang toute une année entière. Altéa, Henri, Maxime, Richard, Léa, Marine, Jean-Pierre, Camille, Chris, Paul, Mireille, Framboise, Xavier, Mathieu, Jérôme, Viviane, Alexandra, Tristan, Emilie et Zoé ont permis à nos nouveaux amis de vivre en paix cette année.

De jeunes gens souriants avaient accaparé la scène et leur fierté faisait plaisir à voir. Je n’en connaissais aucun personnellement. J’avais aidé à analyser leur sang pour déterminer s’ils feraient de bons donneurs et leur avais posé quelques questions sur leur alimentation, habitudes et santé. Les prises de sang avaient été régulières tout en faisant attention à ce que leur sang se renouvelle et qu’ils gardent la forme. Nous n’avions pas effectué les transfusions dans mon service, les Crochus préférant les mener eux-mêmes, grâce à leurs propres spécialistes et à l’abri des regards. Nous avions insisté mais ils n’avaient rien voulu céder. Seuls nos locaux avaient été empruntés. Mes questions posées au dirigeant de la communauté n’avaient pas plu et mes comparses m’avaient éloignée pour que j’arrête de l’importuner. J’avais expliqué vouloir simplement savoir si les transfusions s’étaient bien déroulées. En réalité, je désirais ardemment être au fait de ce qu’ils étaient et analyser plus avant leur maladie. Aucun médecin ne les suivait. Les nouveaux venus voulaient vivre simplement sans que des blouses blanches soient constamment dans les parages. Nous avions accepté volontiers car cela se concevait aisément. À l’époque, je trouvais déjà cela étrange et la nuit de mon attaque n’avait rien arrangé. Mes suspicions ne semblaient atteindre personne d’autre que moi et je ne saisissais pas. Étais-je devenue folle ?

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