Avec ou sang (Partie 3)

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Chloé Garcia

Résumé :

Le jour de la Célébration est arrivé. Les Crochus, ou Vagabonds comme ils aiment s’appeler, sont les vedettes de la fête. Une jeune scientifique ne se laisse pas duper : elle est persuadée que cette communauté est liée à un culte du sang, comme cela arrive chez les vampires. Ses recherches vont la mener sur la route d’un petit garçon intrigant, entre les pattes de bêtes monstrueuses et vont la plonger dans une enquête aux mystères plus étranges que ce qu’elle n’aurait jamais imaginé.

Avec ou sang (Partie 3)

Le maire serra la main à chacun des donneurs et les remercia tour à tour. Cela dura une éternité. Je n’arrêtais pas de gigoter les poignets et de bouger les mains. Cette cérémonie m’agaçait. Je voulais rentrer chez moi et continuer mes études tranquillement. J’avais beaucoup à faire.

– Cette nouvelle fête se déroulera chaque année à partir d’aujourd’hui et servira à mettre en lumière nos nouveaux compagnons. Ils nous raconteront une partie de leur histoire, nous feront découvrir leurs coutumes et nous raconteront leur quotidien. Ils ont peur de se fondre parmi nous et nous allons les y aider grâce à la Célébration. Par le passé, ils ont été rejetés et mal aimés. Nous allons leur montrer que nous les estimons et que nous ne leur voulons aucun mal.

La foule montra son assentiment alors que Magnus Jinsen montait sur l’estrade. Ses énormes yeux attiraient l’attention partout où il passait. Tête baissée, il me faisait froid dans le dos et avait la peau bien blanche. Ses oreilles presque pointues me rappelaient celles des elfes et sa démarche noble remontait à d’autres temps. D’où venaient-ils ? Allaient-ils enfin nous le dire ? Mes yeux se posèrent sur mes voisins. Certains admiraient notre visiteur quand d’autres restaient dubitatifs. Magnus releva le menton et nous observa, s’essayant à sourire. Leurs transfusions leur avait-elles fait du bien ? Comment se portaient-ils ? Mes instincts de médecin me poussaient à m’intéresser à leur santé. Je n’avais pas apprécié que l’on me mette à l’écart. Ils verraient bien que je mérite mon poste et que ma curiosité ne pouvait être qu’un avantage.

Magnus nous salua et nous remercia. Il ne me paraissait pas chaleureux et j’avais du mal à croire en ses paroles. Il mettait une distance entre nous, peut-être de manière involontaire. Les siens ne devaient pas encore se sentir à leur place. Avec les années, cela changerait certainement. Les donneurs étaient aux anges et attendaient avec impatience que le dirigeant des Vagabonds se tourne vers eux. Ce qu’il fit avec style et calme, faisant pleurer un jeune garçon et une femme brune qui n’en menaient pas large. Je ne ressentais rien face à ces visions émotives et regardais ma montre toutes les cinq minutes.

– Notre longue route nous a menés jusqu’à vous et nous en sommes heureux, continuait Magnus d’une voie grave qui apaisait mais qui ne montrait aucun signe de joie. Cet après-midi, nous allons partager avec vous nos coutumes, nos danses et nos musiques. J’espère que tout cela vous plaira. Nous avons du mal à nous intégrer et je m’en excuse. Petit à petit, nous prenons nos marques et vous nous aidez grandement. Merci à Jean Malcher, notre maire à tous et merci à vous !

Il s’arrêta et je remarquai qu’il avait du mal à respirer. La chaleur devait le fatiguer. Je le notai dans un coin de ma tête. Nous applaudîmes tous avec ferveur et nous levâmes. Les festivités allaient commencer et je pourrais enfin rentrer chez moi. Ma mère me prit mon poignet et m’interpella.

– Je ne rouvrirai pas cet après-midi, ma chérie ! Tu restes avec moi ?

Avant de lui répondre, je me dégageai violemment le bras. Elle m’avait fait mal. Mon expression la terrorisa et elle s’écarta. Je ne fis pas attention à ses excuses.

– Non maman, je préfère aller me reposer chez moi. Il fait trop chaud, lui répondis-je d’une voix qui se voulait douce après l’angoisse que je venais de lui infliger. Tu me raconteras, d’accord ?

Elle acquiesça comme si cela ne l’étonnait pas et m’embrassa pour me dire au revoir. Je la quittai rapidement et échappai à la foule qui commençait à se réunir sur la grande place. En partant, j’entendis une des dernières annonces du maire qui détaillait la future mise en place de la prochaine campagne pour désigner de nouveaux donneurs. Peut-être qu’ils finiraient par me rappeler. Je croisais les doigts.

Je n’aimais pas danser et avais hâte de me retrouver seule. J’esquivai les nombreux passants et enchaînai les « Pardon, excusez-moi » quand je le vis. Au milieu des gens qui se mouvaient dans tous les sens, un petit garçon me fixait, immobile. Ses yeux verts et sa coiffure de premier de la classe le rendaient terriblement mignon. Les passants le frôlaient et ne le remarquaient pas. Comment pouvait-on rater une bouille si attendrissante ? J’hésitai. Je ne voulais pas perdre de temps mais il m’intriguait. Que ses parents l’aient laissé seul dans cette cacophonie m’insupportait au plus haut point. Il me regarda approcher sans bouger. Ce petit n’avait pas peur.

– Petit, lui dis-je en m’accroupissant, où sont tes parents ?

Sa frimousse m’indiqua qu’il m’avait saisie même s’il n’ouvrit pas la bouche. Il me regardait d’un drôle d’air. Soudain, sa main alla toucher mes cheveux noirs qui étaient détachés et qui tombaient sur mes épaules. Je remarquai qu’il avait une tignasse de la même couleur, mais la ressemblance s’arrêtait là. Sa fascination me pétrifia. Je me redressai précipitamment. La situation ne me plaisait pas.

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