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Résumé :
Le jour de la Célébration est arrivé. Les Crochus, ou Vagabonds comme ils aiment s’appeler, sont les vedettes de la fête. Une jeune scientifique ne se laisse pas duper : elle est persuadée que cette communauté est liée à un culte du sang, comme cela arrive chez les vampires. Ses recherches vont la mener sur la route d’un petit garçon intrigant, entre les pattes de bêtes monstrueuses et vont la plonger dans une enquête aux mystères plus étranges que ce qu’elle n’aurait jamais imaginé.
Avec ou sang (Partie 5)
Je vagabondais sous le ciel étoilé pour me changer les idées quand une masse informe s’était jetée sur moi. Je ne l’avais pas entendue arriver, tant ses pas et son souffle s’étaient faits discrets dans l’ombre. Je n’avais pas pu crier sous la surprise, ses mains m’en avaient empêchée tandis que ses yeux énormes m’avaient fixée comme s’il avait voulu m’hypnotiser. Je m’étais débattue mais cela n’avait servi à rien tant il était fort. D’immenses dents d’animal lui étaient sorties de la bouche et s’étaient dirigées vers mon cou. La panique s’était emparée de moi alors que j’étais allongée sur le sol froid de ma rue et qu’il était en train de s’acharner sur ma peau. Je n’avais jamais su ce qui s’était passé cette nuit-là mais il n’avait pu terminer sa besogne et avait fui en me laissant recroquevillée sur le sol, complètement étourdie.
La légère morsure qu’il m’avait faite s’était rapidement guérie et personne n’en avait rien su, pas même ma mère. Personne ne m’aurait crue alors j’avais gardé cela pour moi. Persuadée d’avoir été attaquée par un vampire, je m’acharnais depuis lors à mettre en lumière le lien entre un Crochu et ce genre d’horrible créature nocturne qui attaquait sans pitié pour nous sucer le sang et nous détruire. Il ne me manquait plus que le corps mort d’une de ces bêtes affamées pour pouvoir y parvenir. Je me préparais depuis des mois et prenais des cours d’auto-défense depuis mon attaque nocturne.
Plus robuste et avec des muscles plus entraînés, je me sentais capable d’affronter de nouveau la nuit, et je ne serai pas seule. Une autre de mes passions était l’électronique et j’avais passé des mois à créer un protecteur de plastique et de métal. Physiquement, il ne ressemblait à rien car je n’avais pas pris le temps de faire des efforts sur son apparence. Je lui avais simplement additionné tout un attirail d’armes et de programmes intelligents pour qu’il me suive, me soutienne et obéisse à chacun de mes ordres. J’allais bientôt pouvoir le tester et l’excitation me gagnait. Baptisé Machin, je l’affectionnais comme jamais je ne l’avais fait. Il faisait partie de moi.
Les heures passèrent et mes analyses ne me menèrent à rien. Je décidai de prendre une pause, de me laver et de bichonner Machin pour qu’il soit prêt à sortir. Je fis quelques exercices de relaxation et d’étirement, pris mon pistolet et récupérai la télécommande pour actionner ma création. Machin roulait bien et évitait les obstacles à la perfection. Les scies circulaires sur les côtés représentaient en quelque sorte ses épaules et les mitraillettes ses bras. Je n’avais pas manqué de ressources pour récupérer ces armes, mais cela constituait une toute autre histoire. Rassurée par sa présence, je me sentais capable de mettre un pied dehors dans le noir, ce que je n’avais plus fait depuis mon agression.
Habillée pour me fondre parfaitement dans la nuit, je sortis doucement, me forçant à respirer paisiblement pour calmer mes angoisses naissantes. Passé devant, Machin avançait en cliquetant. Plus personne ne parcourait les rues à trois heures du matin, et la Célébration devait être terminée depuis longtemps, mais j’espérais ardemment rencontrer une de ces créatures infâmes ou peut-être éviter qu’une autre victime ne se fasse attaquer. Je recommencerai tous les soirs jusqu’à trouver ce que j’étais venue chercher. Aucun journal, radio ou site Internet n’avait dénoncé des agressions, des meurtres ou des viols perpétrés par d’étranges créatures. Pourtant, j’étais persuadée qu’elles continuaient leur basse besogne et que je n’étais pas la seule victime. Cela ne se pouvait et n’était pas cohérent. Mon cœur battait la chamade alors que des idées de vengeance s’insinuaient doucement dans mon esprit. Comment se débrouillaient-elles pour se cacher et ne pas faire de bruit ? Qui étaient-elles ?
– Oh, moi je sais !
Je faillis hurler de terreur mais me retins de justesse. Éclairé par les lumières automatiques d’un perron, je reconnus le petit garçon de cet après-midi. Il pouvait parler finalement le filou. Il se pavanait devant moi tout sourire et m’envoyait des signes de la main. Je stoppai Machin via le boitier et m’adossai à un mur pour reprendre mon souffle. Je détestais les enfants. Sa frimousse innocente le faisait ressembler à un ange et, comme à des chats aux regards craquants, je n’arrivais même pas à lui en vouloir. Quelle plaie ! Il m’observait en silence et je lui en étais reconnaissante. J’avais besoin de me détendre avant de continuer. Je l’observai sans m’en cacher et ne trouvai rien de spécialement anormal chez lui. Pourtant, j’avais la nette impression qu’il n’était pas qu’un enfant. Était-il plus proche du démon que de l’ange ? Je le vis esquisser un léger sourire.
– Tu me suis ? me demanda-t-il de sa voix aiguë.