Avec ou sang (Partie 6)

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Chloé Garcia

Résumé :

Le jour de la Célébration est arrivé. Les Crochus, ou Vagabonds comme ils aiment s’appeler, sont les vedettes de la fête. Une jeune scientifique ne se laisse pas duper : elle est persuadée que cette communauté est liée à un culte du sang, comme cela arrive chez les vampires. Ses recherches vont la mener sur la route d’un petit garçon intrigant, entre les pattes de bêtes monstrueuses et vont la plonger dans une enquête aux mystères plus étranges que ce qu’elle n’aurait jamais imaginé.

Avec ou sang (Partie 6)

De nouveau alerte, j’acquiesçai. Je me sentais étrangement en confiance avec lui et ne parvenais pas à le craindre comme je le devais. Il m’attendit et me prit la main. Ce geste me perturba plus que tout le reste. J’avais remis en marche Machin et nous nous mîmes à parcourir les rues sans nous dissimuler. Le petit garçon me fit comprendre qu’il n’avait pas peur et que cela ne servait à rien. Je le crus sur paroles. Je m’étais retenue de lui poser tout un tas de questions car je voulais d’abord voir ce qu’il désirait me montrer. Nous marchâmes un moment, main dans la main, dans le silence de la nuit. Aucune créature ne semblait être de sortie. J’étais un peu déçue.

Perdue dans mes pensées, je ne sentis pas de suite que le petit garçon me tirait le bras. Je le regardai en levant un sourcil interrogateur et il me répondit par un index sur ses lèvres. Il lâcha ma main et se mit à courir tout en s’accroupissant. Je le suivis comme je pus, Machin sur mes talons. Il s’adossa contre un mur et patienta. Je compris qu’une chose anormale se produisait dans la rue, juste derrière ce mur, et la panique commença à pointer le bout de son nez. Contre toute attente, le petit garçon se retourna pour me faire un câlin. Sa tête m’arrivait au niveau du nombril et je me mis à caresser ses cheveux de manière automatique. Que m’arrivait-il ? Il leva sa frimousse d’ange et me sourit avant de se replacer et de reprendre une expression moins sympathique. Ce gamin me chamboulait complètement.

Je ne savais pas ce que l’on attendait mais cela ne tarda pas à survenir. Des grognements et des respirations saccadées me firent sursauter. Elles approchaient alors que je voyais plusieurs ombres se dessiner sur le mur d’en-face, grâce aux éclats des lampadaires. Le petit garçon me prit la main. Je ne bougeai pas et fixai les formes obscures qui se précisaient. L’une d’entre elles, immense, n’avait pas une tête humaine. On aurait dit… un loup-garou ? Quand il étendit ses bras, ses longues griffes et ses longs poils ne démentirent pas mes drôles de pensées. Avec lui, se trouvait une silhouette humanoïde dont les contours n’avaient rien de particulier. J’entendis le loup grogner quand l’autre individu s’approcha de lui. Avec agilité, il sauta sur sa proie et la bête poilue dévoila une mâchoire à la belle dentition. Je ne comprenais rien à ce qui se passait. Le petit garçon serra ma main plus fort et me regarda d’un air dur. Je compris que je ne devais pas bouger. Pourquoi laissait-il une créature immonde tuer l’un des nôtres ? Était-ce un genre de spectacle pour lui ? Personnellement, j’hésitai entre déguerpir et m’avancer pour mieux voir. J’étais en train de me détraquer et de me détourner de ma mission.

Des gouttes tombaient le long de mon dos et de mon front, alors que mes yeux grands ouverts, hypnotisés par le spectacle, ne se détachaient pas des ombres mouvantes qui combattaient. Les bruits de l’affrontement me paraissaient atténués, comme si une entité magique avait formé une bulle autour d’eux. Au vu de la puissance de l’humanoïde, je compris vite qu’il n’était pas comme moi. Aucun d’entre nous n’aurait réussi à tenir tête face à un loup de deux mètres aux dents acérées et à la puissance incroyable. Était-ce l’un des monstres qui m’avaient attaquée l’année dernière ? Les silhouettes s’éloignaient et je ne pus pas apercevoir qui avait le dessus. Allions-nous les suivre ? Apparemment non. Le petit garçon se détacha du mur et m’emmena plus loin, sur un banc. J’avais hésité à lancer Machin pour qu’il tue ces deux horreurs et me ramène le cadavre de l’humanoïde. Mais mon corps s’était tétanisé et je n’avais pu faire qu’observer. Je m’étais mal préparée et manquais cruellement de contrôle sur moi-même. J’en étais attristée.
Je m’assis près du petit garçon qui n’avait pas lâché ma main et j’attendis patiemment qu’il parle. Aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche sèche et pâteuse. J’avais oublié de prendre de l’eau, quelle idiote ! Il sortit une bouteille d’Evian d’un sac à dos qui n’était pas sur lui quelques secondes plus tôt et me la confia. Je lui souris et bus goulûment plusieurs gorgées. Je me sentais déjà un peu mieux. Qu’il lise mes pensées ne me gênait pas plus que ça.

– Tatiana, commença-t-il, sans que je ne m’étonne qu’il connaisse mon prénom, tu es spéciale.

Son début de discours me fit bien rire. Je ne m’attendais clairement pas à cela et au vu de la manière dont il me regardait, il ne prévoyait pas cette réaction non plus. Je me savais déjà différente des autres et ma mère n’arrêtait pas de me le rappeler. À mon âge, selon elle, j’aurais déjà dû être mariée et je devais arrêter de m’enfermer seule chez moi dans mon laboratoire. Elle pouvait toujours courir. Je repris mon calme et lui fis signe de continuer.

– Pardon, euh…
– Tim, fit-il en me souriant. Je m’appelle Tim.
– Je suis ravie de faire ta connaissance, Tim, lui dis-je en lui renvoyant son sourire.

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