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Quand les mondes de la Terre et de la Lune se télescopent…
Clair de lune (Partie 1)
Lili franchit l’espace entre elle et le petit cratère, sans être aucunement incommodée par la gravité moindre. Au contraire, elle se sentait très à l’aise, et tendit la main vers son ami Michel, qui prenait le frais sur un genre de hamac. La voyant, il se leva, manquant tomber, et tous deux éclatèrent de rire. Michel se rétablit, vacillant à peine.
– Toi aussi tu es ici ! fit-il.
– Oui, je peux me libérer, sur le chemin du travail, j’ai l’esprit plus disponible. Ça me fait plaisir de te retrouver, mon vieux !
– Et moi donc ! Toujours aussi jolie…
– Merci. C’est le printemps, alors je vais plus à l’aise. Mais les hommes ne me voient pas.
– Nous leur faisons peur, Lili.
Elle eut une moue dégoutée.
– Mais je parle surtout de la gent masculine…
– J’avais compris. Mais moi, je te trouve vraiment très jolie.
– Mais nous sommes devenus aussi humains qu’eux. Je suis heureuse de pouvoir revenir ici, à ma façon, à notre façon. Je rêve d’y faire de belles rencontres. Et toi ?
– Tu veux dire ici ? Dans notre monde ?
– Oui. Puisque sur Terre, ça ne marche pas…
– Sois raisonnable Lili, n’y pense plus. Tu dis toi-même que nous sommes humains. Viens plutôt voir le clair de Terre…
– Bonne idée, approuva-t-elle, secouant ses boucles brunes.
Michel lui saisit le bras, et ce contact fit du bien à la jeune femme. Il avait une carrure rassurante, avec ses épaules de déménageur, et son regard franc. Tous deux se mirent en route, pour aller quelques centaines de mètres plus loin, et y mieux admirer le ciel nocturne.
– Ici, la lumière du soleil me manque, déclara Lili en arrivant au milieu de ce que l’on appelle « mer ».
– Tu vois, que tu apprécies la Terre. Mais moi, je préfère l’admirer de ce point de vue. Toute cette eau, toutes ces promesses…
– Il n’y a plus de terra incognita…
– Si, au fond de leurs océans.
Et Michel regarda Lili.
– Bof, fit-elle. Je suis un peu comme les chats, je n’aime pas tellement l’eau…
– Ah oui, toi la citadine ! fit Michel en riant. Moi, je préfère Rio…
– Tu es donc à Rio de Janeiro en ce moment.
– Oui. Et toi ?
– Je suis à Paris. Je m’y suis fait une place en tant qu’actrice, maintenant.
– Je suis sûr que tu te débrouilles comme un chef. Tiens, distingues-tu la France ?
– Non, je vois le Brésil, badina Lili.
Cela les fit rire. Puis elle fit un pas en avant.
– Je voudrais aller me balader le long des failles, dit-elle encore. Si j’en ai le temps. Attends…
Elle ferma les yeux, vit le chemin qui lui restait.
– Je ne vais pas vite. Quand on est dans la lune, comme disent les Français… On peut y aller.
– Si tu veux.
Et ils bifurquèrent légèrement vers l’arrière, puis marchèrent vers une petite faille, qu’ils longèrent, tout en parlant de la vie sur Terre. Absorbés par leur discussion, ils furent surpris de voir tout à coup arriver un beau gosse aux cheveux mi-longs. Cette vision coupa le souffle à Lili, qui le reconnut : il était l’homme dont elle rêvait, avec un magnifique sourire.
– Salut l’ami ! fit Michel, et il posa un doigt sur le nez de l’autre.
– Salut…
Et l’arrivant fit de même avec Michel, lui touchant le nez, avant de mettre un genou en terre devant Lili.
– Ma princesse…
– Mon prince ! Tu es là !
Le cœur de Lili battait à tout rompre. Oh ! Elle voulait tellement aller dans ses bras ! Mais elle n’osa pas, demanda en balbutiant :
– Comment sais-tu que… ?
– Moi aussi je suis sélénite. Je t’ai cherchée dans le pays où je vis, au Maghreb, et puis j’ai fait l’Europe du sud et… Mais vous ne vous êtes pas présentés !
– Oh, pardon, je… je m’appelle Lili. Et voici mon ami Michel.
– Et moi, je suis Amir. Mais je t’appellerai ma princesse. Ma princesse des étoiles…
Lili le regardait, l’écoutait, subjuguée. Amir se releva, pour la mettre plus à l’aise. Mais il lui toucha les lèvres, et Lili comprit tout de suite, se laissant enlacer :
– Mon prince…
– Attention !
Lili revint sur Terre d’un coup, n’eut pas le temps de réagir. Un gars en trottinette passait en plein milieu du trottoir, elle tombait, ne sachant où se raccrocher ; mais Lili eut la présence d’esprit de se recevoir bras en avant. Malgré tout, elle ressentit une vive douleur au genou gauche.
– Ça va, madame ? Voulez-vous que je vous aide ? proposa la jeune femme qui avait mis Lili en garde, un peu trop tard.
– Que s’est-il passé ?
Lili saisit la main de la dame qui se penchait sur elle, pour se relever.
– Ce con a filé sans s’excuser !! s’insurgea cette dernière.
– Ces gens en trottinette se croient tout permis, maugréa Lili. Mais je ne comprends pas comment je suis tombée… Aïe !
– Mais vous êtes blessée ! Regardez votre jambe !
Lili se pencha légèrement, s’étant remise debout : son genou gauche était orné d’une blessure sanguinolente, et le sang coulait sur sa jambe. Elle fit la grimace. Ce n’était pas joli à voir…
– Vous pouvez marcher ? Il y a une pharmacie à deux cents mètres… Je viens avec vous.