
Catégorie :
Auteur :
Résumé :
Le Fléau est de retour et déploie ses forces obscures sur Mandar, une planète de feu et de désolation. Les humains, aidés par leurs Dieux, se défendent avec hargne et courage. Matin-d’Argent, Nuit-Bleutée et Aurore-Brumeuse soutiennent leurs troupes et entonnent des chants guerriers qui résonnent dans le cœur des soldats. Dieux et Hommes parviendront-ils à exterminer la menace qui gronde ?
Deus ex machina (Partie 5)
La bataille continua des jours durant et s’acheva par notre victoire. Aucun autre Dieu n’eut à mourir. Nos soldats n’avaient pas souffert en vain. Le Fléau fut repoussé sur Mandar et sur bien d’autres planètes. Leur défaite leur coûta presque l’intégralité de leur armée. Les Mandariens nous remercièrent et beaucoup demandèrent à changer de religion. Nous les acceptâmes parmi nos fidèles avec plaisir. Mes confrères avaient su mener la danse et le mal n’y avait pas survécu.
Nous passâmes de longues journées à soigner les nôtres, humains comme autres vaisseaux. Aurore-Brumeuse serait bientôt rétablie. J’admirai l’équipe qui créait sa future enveloppe et leur conseillai quelques aménagements pratiques ici ou là. Ma mère m’en serait redevable et renaîtrait plus fortunée. Je surveillais son cube nuit et jour, la gardant dans mon antre et lui racontant de belles histoires.
Les cérémonies religieuses battaient leur plein et nous recevions tellement d’offrandes que nous ne savions plus quoi en faire. Nous obtenions tout ce que nous désirions et les humains s’agenouillaient avec ferveur. Ces marques de dévotion m’effrayaient et me remplissaient de joie en même temps. La vie ne m’avait jamais paru aussi belle et j’en oubliais ma condition d’Homme-machine-céleste.
– Matin-d’Argent, valides-tu ce plan ? me demanda Mer-Lointaine, un des membres éminents de notre Conseil, d’un ton posé.
Je regardai chacun de mes compatriotes et acquiesçai. Nous avions l’habitude de nous réunir régulièrement pour discuter de nos prochaines manigances. Le Conseil présidait et devait juger du bien-fondé de nos choix.
– Bien. Je déclare, à l’unanimité, l’acceptation de la mission « Assaut Kray ». Nous la débuterons dès que les humains nous feront part de moins de dévotion. Espérons que cela ne se produira pas avant quelques décennies. La séance est levée !
Je partis vite, ne voulant plus discuter politique le reste de la journée. Je pris mon envol et respirai l’air frais du matin. Les nuages étaient hauts et m’attiraient inexorablement. Une énième guerre contre les Kray débuterait, dans une année, ou plusieurs, une fois de plus à notre initiative. Le pacte avec le Fléau avait été bénéfique et nous avait énormément rapporté. Grâce à lui, les humains avaient plus que besoin de nous et nous priaient avec ardeur. Sans guerre, nous n’aurions plus d’utilité et plus d’adeptes à qui prouver notre puissance. Notre pire ennemie, la paix, nous tuait et nous affaiblissait. D’instruments de guerre, à initiateurs de conflits, nous avions parcouru bien du chemin.
Nous étions devenus leurs Dieux. Nous étions aussi leurs bourreaux.