Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.

Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.
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Résumé :
Les lobbys militaires n’ont jamais été aussi puissants. Une émission de téléréalité met en avant leurs nouveaux produits : des équipes s’affrontent dans un environnement réel et combattent pour la victoire, contre des ennemis androïdes plus vrais que nature. Après l’une des épreuves, un problème inattendu survient. Le système ne semble pas sans tâches. Quels sombres mystères cache-t-il ?
Note :
Attention, il se peut que certaines scènes soient trop violentes pour les âmes sensibles.
Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.
Du pain et des jeux (Partie 2)
Les gens aimaient admirer leurs soldats s’entraîner au sein d’univers créés de toutes pièces et au réalisme renversant. L’avancée technologique stupéfiante de l’intelligence artificielle avait été fulgurante. Je m’étonnais toujours de l’intensité avec laquelle les victimes nous suppliaient ou de l’ardeur avec laquelle les ennemis préfabriqués nous haïssaient. Les concepteurs, en plus de fournir des émotions réelles aux observateurs, nous en procuraient également à nous, les joueurs. Le fait d’avoir ajouté un plan compétitif, un classement et des récompenses, motivait les participants tout en contentant les spectateurs, indubitablement attirés par les jeux sanglants et la violence gratuite.
Cet univers de jeux me nourrissait. Je ne me voyais plus vivre sans. Malgré mon âge avancé, notamment par rapport à mes camarades, les sponsors ne pouvaient m’éliminer du jeu, sous peine de voir disparaître la meilleure équipe du show. Je n’avais pas encore choisi mon remplaçant bien que j’en eusse ma petite idée. Tant que ce dernier ne serait pas suffisamment mature, il ne pourrait me succéder. Mes partenaires financiers attendaient avec impatience le moment où ils effaceraient mon nom de leurs contrats, pour un autre patronyme moins envahissant et plus à même d’accepter des primes ridicules. Malgré tout, je les rendais riches et ils s’en portaient bien.
Je me retournai et fis appel à mes démineurs. Je souhaitais qu’ils se tiennent prêts. Je soupçonnais cet endroit d’être infesté de terreurs magnétiques, capables de vous briser tous les os si vous passiez malencontreusement au-dessus. Je pris une pierre, trouvée à mes pieds, et la balançai sur la route. Un jet bleuté électrisant apparut soudain et emplit toute la largeur du chemin, nous bloquant ainsi le passage. Un sourire carnassier apparut sur mes lèvres sèches. J’avais eu raison. Je connaissais de mieux en mieux les techniques intimidantes des organisateurs, aux idées toutes plus dingues les unes que les autres.
Mes démineurs coururent sous mes ordres pour mettre à bas ces machines démoniaques pendant que le reste de l’équipe se positionnait pour les protéger en cas d’attaque impromptue. Je zoomai avec mes lunettes intelligentes et inspectai l’intérieur des bâtiments en ruine. La progression des autres équipes ne m’inquiétait toujours pas. La ligne d’arrivée n’était plus très loin. Je jubilai.
Après quelques minutes de travail acharné, nous parvînmes à avancer, évitant les pièges et scrutant avec attention le paysage dépravé. J’avais décidé de finir les derniers cinq cents mètres à découvert, persuadé qu’il n’y aurait plus d’obstacles pour s’opposer à notre victoire. Plus rien ne semblait nous empêcher d’atteindre notre objectif.
— Non !
Un hurlement de terreur me pétrifia. L’un de mes soldats venait de s’effondrer à deux pas derrière moi, une balle en plein milieu des deux yeux.
— À couvert ! criai-je.
Je m’en voulais de ne pas avoir remarqué des troupes ennemies. Je m’étais déconcentré comme un imbécile. Nous courûmes nous positionner au sein d’une vieille bâtisse le long du chemin. Mes soldats avaient repéré l’origine des tirs et s’acharnaient à y mettre un terme. Ils provenaient d’une autre maison en ruine, à plusieurs dizaines de mètres de là. Je pensais que la zone avait été ratissée mais je m’étais trompé. Je me sentais si stupide. L’un de mes médecins intrépides brava les tirs pour vérifier l’état de notre camarade, tombé quelques secondes plus tôt. Il m’indiqua qu’il n’y avait plus rien à espérer. La colère envahit mon âme et mon esprit. La mort était bien réelle dans cet univers artificiel. Mes soldats rugirent et crièrent à la vengeance. En position de défense, nous nous déplaçâmes par équipe organisée pour gagner en distance et abattre nos assaillants. Les minutes passèrent et nous redoublâmes de vigilance. Le moindre mètre pris constituait une victoire. Je m’étais reconcentré et mon calme légendaire avait repris d’assaut tout mon être. J’en occultai les récompenses à venir pour me focaliser sur mes cibles.
Quelques minutes plus tard, arrivés à hauteur de nos ennemis, nous nous immobilisâmes. J’observai mes camarades ; ils affichaient la même surprise que moi. Montrer ainsi nos émotions ne nous ressemblait pas. Des enfants avaient pris les armes, certainement sur les corps de leurs frères morts que nous venions de tuer, et s’époumonaient comme des bêtes. La tristesse les avait forcés à pénétrer sur le champ de bataille. Ils ne souhaitaient pas lâcher l’affaire. Ils voulaient nous tuer, venger les leurs. Ce n’était pas la première fois que nous combattions des enfants. Cependant, cela constituait un combat plutôt ennuyeux, sans aucun défi véritable, malgré un dilemme intérieur invisible sur les écrans et peu palpitant pour les spectateurs.