Gestes félins (Partie 1)

Catégorie :

Fantastique/Merveilleux

Auteur :

Chiaramarino

Résumé :

Quand un chat fait un geste vers sa maîtresse…

Gestes félins (Partie 1)

– À ce midi, maman ! lança Pierre, le petit dernier.
– Tu es sûr que tu ne veux pas que je t’accompagne à l’école, mon grand ?
– Je veux faire comme mes sœurs ! Je viens d’avoir dix ans !
– Alors à ce midi, mon Pierrot.
Et Louise embrassa son fils sur les deux joues, puis sur les cheveux, aussi noirs que les siens. Elle le regarda partir, une petite boule dans la gorge, et resta dans l’embrasure de la porte, pensive. Oui, ses enfants grandissaient…
– J’y vais moi aussi, ma chérie.
– Et tu vas rentrer très tard, comme d’habitude.
C’était une évidence, et Thibault en était désolé. Il effleura les lèvres de sa femme.
– Tu n’as pas oublié ton Tupperware ?
– Oh non ! Ne serait-ce que pour faire bisquer les collègues… C’est seulement dommage que je sois obligé de le manger en vingt minutes… mais je n’y peux rien. Tu es une perle, ma Louise.
Elle eut un pauvre sourire.
– Tu es fatiguée ?
– Oui. Je me sens quand même obligée de me lever en même temps que toi et les enfants. C’est peut-être idiot, mais c’est ainsi. Et puis j’ai du travail, moi aussi.
– Je sais. Tu es une sainte. Mais ça me rassure, que tu puisses travailler à la maison. Nos enfants s’en trouvent bien.
– Et Morphée aussi.
– Oui, le roi de la sieste ! Tu devrais peut-être l’imiter !
– Ici en France, la sieste n’est pas tellement dans les mœurs…
– Mais dans le pays des chats, si !
– Tu es mignon, mon Titi.
Ils s’enlacèrent, se firent un vrai baiser, puis Thibault partit à son tour. Louise le regarda partir, lui fit un signe de la main, et rentra. Avant de se mettre à son ordinateur, elle alla câliner Morphée, le beau siamois de la maison. Elle l’avait recueilli quelques années plus tôt, alors qu’il traînait dans le quartier, l’âme en peine. À l’époque, c’était un chat efflanqué, et elle avait pris l’habitude de le nourrir. Et peu à peu, il s’était imposé chez les Lefort. C’était, comme beaucoup de siamois, un chat bavard, et très affectueux. En particulier, Pierre l’adorait. De toute façon, Morphée, avec l’âge, ne sortait plus jamais de son jardin, où il pouvait quand même faire valoir ses talents de prédateur. Ses siestes étaient donc parfaitement méritées… Louise le sentait frémissant de bonheur, sous sa main. Enfin, rassérénée, elle s’installa dans son bureau, dans cette grande maison, et reprit sa traduction. Bien vite, Morphée vint la rejoindre, pour prendre son poste sur un coussin placé dans un rayon de soleil, où il aimait dormir.
Au début, Louise baillait, se levait régulièrement pour consulter le dictionnaire des synonymes, voulant faire une traduction claire et précise. De plus en plus, elle avait du mal à se concentrer, ce matin-là. Et Pierre qui était parti à l’école tout seul… En vraie mère-poule, elle avait un peu peur. Deux fois, elle alla se préparer un café, à son goût, bien fort. Elle ne se trouvait guère efficace, cette fois-là. Et elle vit revenir son fils avec soulagement, même si la course commençait. Elle devait en effet le faire manger lui, avant ses filles, qui étaient au collège et au lycée et arrivaient plus tard. Souvent, elle préférait déjeuner avec Pierre, et réchauffait ensuite le repas pour Ambre et Jade.
Ce jour-là, la plus jeune, Jade, était excitée, parlait beaucoup de ses amis et, en particulier, de ce garçon qui lui tournait autour, Axel. Louise fronçait les sourcils, pas dupe des manœuvres de ce gamin. Jade se jouait de lui, en plus. Elle essaya de raisonner sa fille, pensant qu’elle comprendrait, mais elle et sa sœur étaient en pleine adolescence…
Une fois de nouveau seule, Louise s’affala dans le canapé, et se prit la tête entre les mains.
– Mon Dieu… les enfants grandissent trop vite, soupira-t-elle. Et je me croyais vraiment en meilleure forme.
Elle essaya de respirer, pensant à son mari. Elle se souvint de ce qu’il lui avait dit le matin même, eut un petit sourire, et se décida à faire une sieste. Dans le canapé. « Au pays des chats », pensa-t-elle, et elle ferma les yeux.
– Miaou ?
Morphée sauta sur sa maîtresse, étonné. Elle ne faisait pas souvent la sieste. Il miaulait comme s’il demandait si elle dormait, et Louise allongea le bras pour le caresser. Le chat s’installa douillettement dans son giron, se laissa faire, en eut un ronron de bonheur. Ils éprouvèrent un moment de béatitude, ainsi l’un sur l’autre. Par moments, Louise ouvrait les yeux, pour admirer son chat. Il se mit à lui lécher le bout des doigts, puis s’approcha de son cou.
– Morphée ! Cuidado !
Morphée miaula comme pour s’excuser, posa une patte sur l’épaule de sa maîtresse. Il vibrait encore, et Louise l’avait dans le creux de son bras.
– C’est si bon… murmura-t-elle, et elle referma les yeux. Gracias, Morphée…
– Miaou-ou…
Le chat se souleva un peu, et mit sa patte avant droite sur le front de Louise.
– Aïe ! Morphée, qu’est-ce qui te prend ?!
Alors Louise entendit une petite voix.

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