Hippolyte (Partie 4)

Hippolite

Catégorie : Littérature sentimentale

Auteur : Flora Lune

Résumé : Hippolyte, une identité volée.

 

 

Hippolyte (Partie 4)

 

 

Mais, il ignorait en vérité où Hippolyte se trouvait, et, ne s’étant jamais intéressé à sa vie plus que nécessaire, il ne connaissait ni ses amis, ni leurs parents. Hippolyte n’était pas de nature à défier, quotidiennement ou non, l’autorité paternelle ; cependant, lorsque cela arrivait, l’homme se trouvait dans un état d’impuissance totale face à cette rébellion. Mais, avant ce soir-là, il n’était jamais paru à Hippolyte que cette impuissance pût lui servir pour récupérer son identité perdue, cette identité que sa mère avait fini par lui rendre et qui était morte avec elle. Non, pas morte. Endormie seulement. Dans un coma profond, cryogénisée dans les limbes de sa conscience. Et aujourd’hui, grâce à cette élève aux longs cheveux blonds, cette identité se réveillait.

La journée du lendemain sembla se dérouler pour Hippolyte comme un film à l’image trouble et au son brouillé. Les professeurs parurent réciter leurs cours tandis que les élèves jouaient un rôle qu’ils avaient préalablement appris par cœur. Le décor de cette pièce en temps réel semblait figé et monochrome. Hippolyte assistait à cela depuis une dimension parallèle, et quitta finalement son costume et ses amis un peu avant dix-sept heures.

A son retour au domicile, la réaction de son père fut en tout point celle qu’Hippolyte avait prévue. Il demanda ce qui était arrivé, et, sans même attendre de réponse à sa question qui n’en était pas une, commença à vociférer son sermon concernant l’avenir d’Hippolyte et son devenir incertain en tant que personne.

– D’abord tu rates les cours, et maintenant… Que tu foutes ton orientation en l’air, c’est ton problème, mais tu imagines un peu comment on va me regarder après ça ? Craquage nerveux qu’il dit ton proviseur, et puis quoi encore ? Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?

Mais, encore une fois, il ne laissa pas le temps à sa question d’obtenir une réponse et poursuivit :

– Tu sais comment j’appelle ça moi ? Du vandalisme ! Vandale, c’est ça que tu es !

Tandis qu’Hippolyte l’écoutait sans rien dire, il abattit ses mains sur la table et se pencha pour lui faire face. Ses yeux exprimaient à la fois la vive colère propre à la situation, et un vide intersidéral qu’Hippolyte ne lui connaissait que trop bien. Des larmes semblèrent un instant remplir ses cavités oculaires, mais il les chassa et postillonna de plus belle tandis que sa voix se hachait :

– Tu te rends compte un peu… Et ta mère, tu y penses ? Qu’est-ce qu’elle dirait ta mère ? Qu’est-ce qu’elle dirait en voyant ce que son fils est devenu ?

Il avait proféré les paroles de trop. La colère douloureuse qu’Hippolyte avait réussi à endormir se réveilla et bouillonna de nouveau, lacérant ses entrailles et son âme étouffée avec une puissance et une cruauté décuplées. Hippolyte bondit sur ses pieds et fit face à son père, comme s’il avait été question de son plus féroce ennemi. Les paroles qui suivirent franchirent ses lèvres dans un souffle, comme une braise sortie de la gueule d’un dragon furieux :

– Son fils ? Quel fils ? Je suis une fille bordel ! Même elle, elle avait fini par l’accepter !

FIN

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