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Comment se rejoindre, par-delà les rêves ?
Instants d’éternité (Partie 2)
Olivier la détailla : elle était encore plus belle que dans son précédent rêve, et il regarda son corps, ni trop maigre ni trop gros, des rondeurs joliment placées. Cécile portait une tenue printanière, une robe avec des petites manches. Il s’approcha encore, se sentant gauche.
– Mais viens ! dit-elle encore.
– Mais… avec qui es-tu ? Peut-être que je vous dérange…
– C’est mon oncle Gilles. En fait… non, rien. Disons qu’il a beaucoup compté pour moi. Mais je voulais enfin te parler… Olivier.
Il eut un sourire magnifique.
– Tu as l’air très jeune… ajouta Cécile.
– J’ai trente-cinq ans.
– Alors tu l’es plus que moi. J’ai quarante-trois ans. Je ne savais pas que j’avais imaginé un prince charmant beaucoup plus jeune que moi.
– Et je le suis. Natura m’a montré ton image. Je… euh… puis-je…
Elle vint presque se coller à lui.
– Et ton oncle ? demanda Olivier, proche du ravissement.
– J’espérais te rencontrer. Il ne dira rien. Ici, il est mon mentor…
Alors il caressa les cheveux de la belle, et le baiser qui s’ensuivit dura.
– Moi aussi, j’espérais te rencontrer…
– Nous sommes dans un rêve, Olivier, rappela la jeune femme. Mais j’espère te retrouver…
– Je ferai tout pour cela, promit-il. J’en parlerai à Morphée.
– Et moi, à oncle Gilles…
– Mais alors, ton oncle…
– Il est mort il y a quatre ans. Il est toujours aussi adorable. Il m’a beaucoup aidée, quand…
Mais les yeux de Cécile se brouillèrent.
– Ne pleure pas. Nous nous retrouverons. Je sais que tu habites à Angers, maintenant.
– Et toi ?
– Sur les hauteurs de Nice.
– C’est loin… et puis nous sommes dans un rêve…
– Veux-tu me retrouver dans la réalité ?
– Oui, répondit Cécile sans hésiter.
– Moi aussi. Encore un baiser…
Ils roulèrent dans l’herbe, mais sans aller très loin. Ils se firent des promesses, mais peu à peu, le rêve s’estompait…
La nuit suivante, Olivier voulut se suggestionner pour rêver de nouveau de Cécile, n’y parvint pas. Ni la nuit suivante. La troisième fois, il prit des somnifères et, dans son rêve, Morphée lui apparut.
– Halte là, malheureux ! fit ce dernier. Sache que ces médicaments sont dangereux. Moi seul, avec les miens, savons diriger les rêves des hommes. Tu veux Cécile ?
– Oui, fit, piteux, Olivier. Mais comment t’appeler, Morphée ?
– Pose du miel sur ta table de nuit, et appelle-moi trois fois après avoir éteint la lumière. Ainsi, je viendrai auprès de toi.
– Merci. Je m’en souviendrai.
– Tu veux rêver de Cécile.
– Oui. Elle aussi ?
– C’est bien possible. Je vais aller voir, mais je ne te promets rien, à cause des somnifères.
– Je ne le ferai plus, promit Olivier.
– Sors plutôt Whist… ça te fera du bien à toi aussi.
– De toute façon, demain c’est samedi, je pourrai prolonger la promenade.
– Excuse-moi, Cécile, fit l’oncle Gilles cette nuit-là. Je t’ai un peu quittée, mais je ne t’oublie pas. Tu as rencontré ton prince charmant sur les rives de la Loire…
– Mais c’est un Provençal ! Non, c’était un rêve… ajouta Cécile en réprimant des sanglots. Il est si beau, si gentil…
L’oncle Gilles reprit la forme de Morphée.
– Ne pleure pas. Tu le retrouveras.
– Mais… qui êtes-vous ?
– Je suis Morphée, le dieu des songes. Natura vous a désignés comme âmes jumelles, Olivier et toi. Et je suis chargé de vous rapprocher.
– Oh !
La jeune femme lui aurait sauté au cou, et Morphée sourit.
– Je t’en prie…
– Mais… se rapprocher en rêve, ou vraiment, comme il me le promettait ?
– Avec Natura et moi, c’est possible de vous faire rencontrer dans la réalité. Il le veut, lui aussi.
Alors Cécile se jeta au cou de Morphée, qui reprit l’apparence de l’oncle Gilles.
– Allons, ma petite fille…
Mais Cécile lui colla une bise sur chaque joue, les yeux étincelants.
– Il est si beau ! Mais qui me dit qu’il est vraiment célibataire ? Et puis nous sommes loin…
– Nous nous fichons des distances. Il y a toujours moyen de s’arranger. Mais puisque tu es réceptive, je vais pouvoir vous réunir. Veux-tu retourner sur les bords de la Loire ?
– Non… plutôt quelque part dans le sud.
Et Cécile et Olivier se virent, cette nuit-là, à Grasse, parmi les roses. Ce dernier en offrit, des rouges, ce qui alla droit au cœur de Cécile. Le lendemain au réveil, elle en sentait encore l’odeur… De son côté, Olivier restait sous le charme de la belle, et comme c’était samedi, il paressa au lit, mais Whist le rappela aux contingences. Il fallut sortir dans le quartier, mais Olivier était dans la lune, oubliant de ramasser les déjections de son chien. Et Whist remuait la queue dans tous les sens. Son maître pensait surtout à Cécile…