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Comment se rejoindre, par-delà les rêves ?
Instants d’éternité (Partie 3)
Le soir venu, Olivier appela Morphée, après avoir acheté du miel et fait quelques autres courses par la même occasion.
– Ah, bien ! fit Morphée en constatant que le jeune homme avait suivi ses prescriptions. Je suis venu avec un daimon, il s’appelle Kalamos.
– Bonjour, Kalamos, dit Olivier au petit être qui accompagnait Morphée, un homme miniature avec des ailes blanches. Mais comment allez-vous faire ?
– Bonjour Olivier. Laisse-toi faire, tout ira tout seul. Je serai ton petit daimon. Avec Morphée, nous ferons les connexions nécessaires…
Olivier les regarda sans comprendre.
– Oui, laisse faire, reprit Morphée. Je vois bien que tu brûles de revoir Cécile…
– Oui, laisse faire, dit l’oncle Gilles à sa nièce, elle aussi en proie aux mêmes doutes concernant la façon de faire. Si Natura l’a dit, c’est faisable.
– Mais qui est cette Natura ?
– Votre mère à tous, vous les humains. Et je la connais bien.
– Je veux cesser de rêver, et me perdre dans les bras d’un homme qui m’épaulera… Ça ne m’est pas arrivé depuis des années, tu le sais, Gilles. Quant aux enfants… tant pis. Et je n’ose que rêver d’un homme. Mais il est si jeune, il me lâchera peut-être pour une femme de son âge, de qui avoir des enfants, justement…
– Oh, tu es toujours aussi cassée…
– Je veux trouver ma moitié !
Cécile en pleurait presque.
– Mais comment faire ? reprit-elle.
– Tu es sûre que tu ne veux pas remplacer ton petit Bastien ?
– Ne me fais pas pleurer… il me manque tellement ! Le seul enfant que j’aie jamais eu ! Je ne l’ai jamais retrouvé, comme je t’ai retrouvé toi… Et puis un enfant, ça ne se remplace pas.
– Je suis désolé, fit l’oncle Gilles. Excuse-moi.
– Oui, bien sûr.
– Mais tu peux encore en avoir.
– On verra, quand j’aurai retrouvé Olivier. Qui êtes-vous, vous qui prenez les traits de mon oncle ? Aidez-moi !
Morphée reprit sa forme, caressa les cheveux de sa protégée. Il savait quoi faire, mais ne lâcha pas Cécile tout de suite, tant il la sentait brisée d’avoir perdu un petit garçon, ce qui avait déclenché le départ de son papa. Il la serra dans ses bras, essaya de transmettre de la chaleur à la jeune femme.
– Tu sais que je ne suis que le dieu des rêves…
La nuit suivante, il ramena encore Kalamos, à Cécile cette fois. Ce dernier passa de rêve en rêve, de Nice à Angers et d’Angers à Nice. Olivier réapparut dans les rêves de Cécile, et Cécile était, pour lui, la plus belle chose dont il avait jamais rêvé. Pendant le jour, l’un pensait à l’autre, l’un parmi ses élèves, l’autre parmi les livres de la bibliothèque où elle travaillait. Et Olivier en eut vite assez de soupirer sans rien faire. Il finit par en parler à sa marraine, Claudine, qui vivait à Montpellier et qu’il n’avait pas vue depuis longtemps.
– Tu devrais venir me voir, un de ces jours, lui dit celle-ci. Et je te parlerai des âmes jumelles… Pourquoi ne viendrais-tu pas pour l’Ascension ?
– Oh, bonne idée. Je veux dire, pour qu’on se voie. Parce qu’autrement, moi, l’âme sœur… En plus, Cécile vit à Angers, et c’est tout ce que je sais.
– Les daimons existent réellement, Olivier.
– C’est vrai, tu me l’avais dit, réagit-il alors, troublé tout à coup.
– À Montpellier ? fit Kalamos la nuit suivante. L’oncle Gilles de ta belle y avait des amis, qui y vivent toujours…
– Oh, Kalamos ! s’exclama Olivier, ravi de cette nouvelle. Et pourrais-tu… nous y réunir, Cécile et moi ? Dans la réalité vraie ?
– Je vais voir ce que je peux faire.
– Dis-moi plutôt que c’est possible !
Kalamos prit un sourire rassurant.
– Tu as l’air très amoureux…
– Oui, je le suis. Et… elle aussi ?
Kalamos ménagea d’abord ses effets, pencha la tête, sourit encore, et répondit :
– Oui, elle aussi. Même si elle aurait préféré un artiste, à un professeur de physique. Mais ça ne change rien.
– Alors elle est artiste… ?
– Oui, elle peint. Les bords de Loire l’inspirent beaucoup, et Angers est une ville agréable.
– À Nice, avec la mer, elle serait gâtée…
Olivier en était encore plus rêveur…