Journal aléatoire d’un alcoolique en sevrage (Parties 55, 56, 57)

Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.

Journal aléatoire d'un alcoolique...

Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.

Catégorie : Biographies et Autobiographies

Auteur : Lafaille

Résumé : Un homme tente de soigner son addiction.

Note : Journal d’un homme au bord du gouffre, dépressif, et alcoolique.
Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.

 

 

Journal aléatoire d’un alcoolique en sevrage 

Jour n°55

 

Je ne reviendrai pas sur les événements d’hier, ça va me foutre la gerbe. Encore. Je n’arrête pas de me vider, c’est terrible, même les chiens sont au courant, et comme par hasard, c’est au moment où je chie le plus que la voisine décide d’arrêter Mylène Farmer.

Tout, mais pas le silence. Comme quoi, on peut se faire à tout. Je n’aime pas parler comme ça mais que voulez vous, depuis cette intervention, et non je ne fais pas la fine bouche, et arrêtez je vous vois venir avec vos jeux de mots pourris, ça n’est pas la peine de me la faire, je suis un spécialiste en la matière, je vous entends d’ici, donc je reprends car avec ces digressions, je ne sais plus où j’en suis, nulle part pourrait dire le docteur, s’il y en avait un, enfin je ne parle pas de Monsieur du Fion, mais d’un potentiel docteur du Ciboulot, et d’un potentiel Ciboulot d’ailleurs. Oh putain, que de digressions ! Encore et encore, ça déraille sous le chapeau. Quel boulot il aurait, je digresse encore, oh putain, quel merdier, je ne peux plus me concentrer, avec ce mal de cul, j’arrête, je vais tenter l’impossible : dormir.

Les chiens, ah oui les chiens, même eux je les oublie, mes enfants, ma chair, je suis au plus mal, je ne peux plus rien pour moi, mais je compte sur leur bonne volonté, et j’ai raison, car ils ont déjà ouvert la porte d’entrée pour faire leurs besoins pressants, ils sont merveilleux mes loulous. Et oui mon Fout-Le-Camp a enfin compris, l’intelligence canine, moi, voyez-vous, j’y crois. Enfin, je pense qu’elle a plus de chance d’évoluer que nous. Nous on régresse plutôt ces cinquante dernières années, vous ne croyez pas ? De toute façon, je ne demande pas votre avis.

À demain, si je tiens jusque là. Putain, je boirais bien un verre, il me laisserait peut-être le fondement en paix, celui-là. Pas sûr, il n’a jamais rien réglé, même si on croit souvent le contraire. Ah tiens, vlà Mylène Farmer qui revient au galop, pour une fois que ça me fait plaisir, j’ai envie de le crier sur tous les toits comme vous savez quand vous tombez amoureux, on saute de joie pour un rien, on veut tout crier avec cette gueule d’idiot, en se disant devant le miroir qu’on a l’air plus beau qu’avant, quel mensonge, quelle ironie du sort, quelle vie ! Elle se fout bien de notre gueule celle-là ! Et pas qu’une fois !

Ah vlà les chiens qui reviennent de leur petite escapade de vessie pleine, et le chat ronronne, tout va bien, je peux dormir sur mes deux oreilles. Enfin !

 

Jour n° 56

 

Putain, vous y croyez j’ai dormi !!! Et pas si bien depuis le premier jour de mon abstinence. Et je compte les jours ! On s’en souvient croyez-moi comme de la première fois qu’on fait l’amour. On s’en souvient même davantage, c’est ancré en vous ! Alors que l’amour, ça vous lâche du jour au lendemain.

Et pas qu’un peu. Ah oui tant que j’y pense hier en parlant de dormir sur ses deux oreilles, j’ai pensé à ce vieux pote de Van Gogh, c’est donc ça le pauvre vieux ne pouvait plus dormir, déséquilibre interne de sa seule oreille restante. La prostituée devait bien dormir après cette merveilleuse réception, comme un cadeau de bienvenue, ou d’adieu si vous préférez. Je préfère. Moi aussi. Putain merde, je parle encore à des êtres imaginaires, une multitude de spectateurs m’acclament, je les entends de loin, du fondement de mon pauvre être.

Enfin si on peut encore parler ainsi, vous savez maintenant mon fondement ne ressemble plus à rien, enfin je suppose, je ne l’ai pas regardé au fond des yeux. Oh la la j’ai encore besoin de sommeil. Je ne suis pas remis de cette opération.

Tiens Reviens, et Fout-Le-Camp il est où ? Oh putain la porte est ouverte ! Je reviens…

 

Jour n°57

 

Hier avec Reviens, on a dû chercher Fout-Le-Camp, ce pauvre vieux me ressemble de plus en plus, comme moi, il a une certaine tendance à perdre la boule, comme moi il a tendance à s’égarer, comme moi, on ne peut pas le laisser seul trop longtemps. Cette identification à l’espèce canine ne me déplaît pas, bien au contraire, vous avez bien compris que l’espèce humaine et moi, ça fait deux, plutôt deux fois qu’une.

Bref, à la recherche de Fout-Le-Camp pendant des heures, je ne vous dis pas comment mon fondement n’en pouvait plus, tu parles d’une remise en forme. J’ai fini par m’endormir sur un banc de fortune, avec Reviens à mes côtés. Et voilà que comme une fleur je me réveille avec les deux clébards à mes côtés. Au début, quand je l’ai vu mon vieux compagnon, j’avais envie de l’engueuler, mais les mots ne sont jamais sortis, trop heureux de le retrouver. Vu mon état, je me suis vite rendormi, entre mes deux clébards. Ils me tenaient chaud. Au corps, et au cœur. Un type sorti de nulle part, un Maurice des bas-fonds, est venu me taper une clope, il m’a réveillé, et quand on me réveille, je ne peux pas être de bonne humeur, sauf pour mes chiens, et Mimine.

Pour les humains, je ne peux pas. En plus, il s’est ramené avec cette gueule enfarinée, bave au nez et au coin de la bouche, beurk, et cet air de prenez-moi en pitié. Mais quelle horreur ! Comment peut-on tomber si bas ? On ne peut pas, même moi, avec ma vie de pauvre vieux con, je n’en suis jamais arrivé là. Et la pitié, mais qu’est-ce-que c’est que ça, non mais, un moment donné, soit tu restes digne, soit tu te tues. Oui je sais je suis extrême avec mes concitoyens. C’est qu’ils m’emmerdent et m’ont toujours emmerdé. Dès la cour d’école, ils faisaient déjà les malins. Et vas-y que je montre qui en a la plus grosse. Et je ne parle pas que des garçons, les filles, c’est pareil, voire pire, puisqu’elles n’ont pas de signe extérieur pour démontrer leur profondeur. Oui je sais, en ce moment les questions de profondeur ont le vent en poupe !

Donc Maurice, d’une me réveille, de l’autre, me tape une clope. Maurice, je n’ai rien pour toi, et je n’ai rien tout court d’ailleurs. J’appelle Maurice tout sexe masculin que je croise et dont j’ignore le prénom, c’est-à-dire quasiment la totalité de la planète. Comprenez-moi bien, je n’appelle pas leur sexe Maurice, ne vous méprenez pas, les hommes sont de toute façon très productif quant à donner un nom à leur sexe, ce que j’ai toujours trouvé ridicule. Les femmes, quant à elles, sont des Mauricette.

Non, on ne peut pas dire ça, elles portent souvent des noms d’oiseaux. Ben quoi, c’est joli un oiseau ! Que voulez-vous, malgré les apparences, j’ai des principes. Dans mon genre, on pourrait même me taxer de conservateur, si si. Je me plains, mais je me suis vite rendormi, sourire aux lèvres, tel un clochard voleur d’étoiles.

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