Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.
Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.
Catégorie : Aventure/Action
Auteur : Lafaille
Résumé : Un avocat, célèbre pour gagner des procès d’affaires sordides, est en proie à une soudaine prise de conscience lorsque sa femme décède.
La part inaliénable du Diable
Avocat de renom, Alexandre n’en pouvait plus de défendre des ordures. Car Alexandre gagnait les procès. Alors la haine de lui venait s’infiltrer dans tout son organisme, la nausée le prenait, la vie le rendait malade.
La bile se pointait, et les maux d’estomac n’en finissaient pas. Puis l’heure de se vider devenait le fondement de son être.
Ce qui mit Alexandre dans un état de nerfs puis de confusion indescriptible, pour somme toute, un mauvais écrivain, fut une lettre de rupture de sa femme. Car sa promise, voyez-vous, était morte depuis belle lurette.
Accident de voiture. Morte sur le coup. Encore un alcoolo au volant, avaient déclamé les médias et le public en colère.
Pourtant, elle aussi avait bu, mais c’était elle la morte. On l’excusait donc. Même, on en rajoutait, la pauvre par-ci la pauvre par-là, ce qui agaçait terriblement le veuf.
Alexandre défendit le chauffard. Et gagna le procès. L’homme était libre. La femme était morte, et le public rageait à tel point qu’ à la sortie du tribunal, l’avocat dut se couvrir le visage afin d’éviter les projectiles, qui allaient de la tomate, du fer à repasser, des postillons haineux, sortis de l’origine du monde déféquant une part de l’humanité, à, comme une ironie du sort et un message bien envoyé dans la face de la justice, des bouteilles d’alcool.
Bien qu’elle ne dura que quelques secondes, cette scène marqua au fer rouge l’esprit et le cœur de l’avocat. Il fut libéré de cette masse sordide et informe que formaient ces gens grâce à quelques journalistes courageux, qui lui servirent de bouclier, et de passage de fortune, ce qui lui évita quelques contusions, ou blessures en tout genre.
Malheureusement, cette libération avait un prix, Alexandre le savait que trop. Il dut répondre aimablement aux questions de ses sauveurs, qui ne manquaient pas de toupet pour le harceler violemment sur sa manière de travailler.
Le chauffard, quant à lui, fut amené tranquillement chez lui, accompagné d’une protection judiciaire, reçu en grande pompe par sa femme et ses enfants. Le champagne coula à flot.
Une fois débarrassé des gratte-papiers sans scrupule, Alexandre s’aventura dans la rue à la recherche du premier troquet. Il avait décidé que ce soir, il se mettrait une mine à faire tomber tous les piliers de comptoir réunis.
Il balbutia quelques mots incompréhensibles, gisant sur le sol, ivre mort, et déclara à l’assemblée : vous savez je l’aimais ma femme, même si elle me trompait, je l’aimais cette putain. C’est bien fait pour elle !
Le lendemain, on pouvait lire en première page des gros titres :
La vérité éclate enfin !
Sa carrière, l’avocat décida de s’en débarrasser pour de bon, il prit le premier vol qu’il vit sur l’écran géant de l’aéroport parisien, et atterrit le lendemain soir à Cuba. Pour le reste, il verrait bien.
La lettre, il y pensait quelques fois, entre deux phrases de son premier roman. Il se demandait si sa femme était réellement morte ou se jouait-elle de lui en parfaite manipulatrice et perverse narcissique, comme elle l’avait si bien fait depuis leur rencontre, dans un parfait décor de cinéma, dont lui seul était le héros, amateur de cigares et de cocktails Hemingway.