La princesse de la mer (Partie 3)

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Chiaramarino

Résumé :

Que peut-on faire d’une sirène rebelle ?

La princesse de la mer (Partie 3)

Ida vit d’autres bateaux, des vaisseaux plus grands, d’autres hommes, d’autres poissons. Régulièrement, Kyria et elle s’arrêtaient pour manger, dormir, raconter des histoires. Ida aimait beaucoup toutes ces légendes, en réalité c’était le seul moyen de la faire tenir tranquille, car elle fit encore des bêtises. Elle voulait jouer avec tout, adorait entortiller les étoiles de mer ou les pieuvres, mais Kyria voulait l’en empêcher, devait lui faire la leçon. Pendant leur périple, Ida grandissait, et avait désormais un bon coup de queue. Elle pouvait se passer du sein de sa mère, et apprit à cueillir les poissons avec discernement, pour les dévorer. Et elle éprouvait un malin plaisir à manger des algues, dont elle se méfiait depuis sa première bêtise. Pour elle, c’était une manière de vengeance… Enfin, Kyria la sentit prête, un peu plus armée pour le monde, et la mena à bord d’une très grande épave. Vivaient là des sirènes, des hommes, mousses ou capitaines, tous des marins, de rares passagers lettrés, ou passagères qui n’avaient pas voulu devenir sirènes. Tout ce monde-là vivait en bonne intelligence, et Kyria présenta sa nouvelle fille, disant qu’elle était en âge d’aller à l’école des sirènes. Ida apprit donc à lire, écrire, à chanter juste, ce qui lui prit le temps qu’il fallut. Elle n’était pas sotte, juste écervelée, spontanée. Les livres du vaisseau la fascinaient, car ils traitaient du monde des hommes.
Aussi, quelques temps plus tard, ayant appris à monter à la surface de la mer, Ida se dirigea vers une plage qui semblait déserte. Ses amies voulaient l’en dissuader, mais elle les envoya promener, comme elle savait si bien le faire. À court d’arguments, son amie Antinéa plongea retrouver Kyria, et l’avertit.
– Ida est sur une plage grecque !
– Une plage ?? Par Poséidon !! Mènes-y moi, Antinéa, et merci de m’avoir prévenue !
Les deux sirènes nagèrent très vite, Antinéa sortant souvent la tête de l’eau pour mieux voir par où passer. Enfin :
– Elle est là ! dit-elle à Kyria. Mais…
– Par tous les dieux ! Elle n’est pas seule !
Alors Kyria s’approcha le plus discrètement possible. Ida n’était pas complètement sortie de l’eau, et un garçonnet jouait dans les vagues avec ses longs cheveux blond vénitien. Antinéa jugea bon de s’effacer, se cachant derrière des rochers. Ida parlait la langue de la mer, que le petit garçon ne comprenait pas, et elle ne parvenait pas à lui dire de la suivre. Tout à coup, Kyria apparut derrière elle, et cria au garçonnet, en grec :
– Va vite retrouver tes parents ! Tu ne sais pas ce que tu fais !
La sirène et l’enfant sursautèrent.
– Maman !
– Et toi, tu me suis ! commanda Kyria en saisissant la main d’Ida. J’ai deux mots à te dire ! Et…
Elle gifla sa fille de l’autre main.
– Maintenant, tu vas écouter ce qu’on te dit ! ajouta-t-elle alors qu’Ida la regardait, hébétée. De toute façon, tu ne sais même pas communiquer avec les hommes !
Ida ne s’attendait pas à une réaction aussi brutale, aussi elle ne souffla mot. D’ordinaire, les sirènes étaient très patientes et, si elle s’était déjà fait morigéner pour ses bêtises, jamais encore sa mère ne l’avait giflée. Elle comprit donc que cette fois-là, sa bêtise ne passerait pas, et suivit sa mère en se tenant la joue, qui lui brûlait dans l’eau salée. Kyria était furieuse et une fois installées dans un bosquet d’algues, sur de petits rochers, elle fit la leçon à sa fille.
– Tu n’as pas fini d’apprendre ! Et un petit garçon, en plus ! Tu ne connais même pas les langues humaines ! Il est hors de question de tuer les enfants humains, comprends-tu cela, Ida ?!
La jeune sirène faisait profil bas, pas fière, se souvenant des mises en garde de ses amies. Pourtant, elle osa demander :
– Que signifie tuer ?
Kyria planta son regard dans celui de sa fille, et sa voix dénota son inquiétude :
– Comment, tu ne le sais pas ?
– Eh bien…
– Les poissons, les crustacés que tu manges ont une vie, non une éternité. Pour qu’on puisse les manger. Les humains sont pareils, la différence c’est que eux, ils mangent tout ! Et leur vie n’a de sens que parce qu’ils meurent tous.
– Mais c’est quoi, la mort ?

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