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Que peut-on faire d’une sirène rebelle ?
La princesse de la mer (Partie 5)
À ces mots, Kyria comprit, et approuva du menton, regardant la Princesse de la mer.
– Quant à toi, Kyria, je te garde. Comme cela, tu ne seras pas trop séparée de ta fille. Et puis tu as beaucoup voyagé, tu n’as pas démérité. Tu seras traitée comme si tu étais une reine, et tu pourras te reposer.
– Oh, merci Princesse !
Mais Ida, de son côté, était un peu mal à l’aise.
– Et… je serai avec maman ?
– Oui ma petite sirène, fit Lorna en essayant de sourire. Ou du moins, tu seras hébergée ici avec elle. Mais il te faudra bien écouter ce qu’on t’expliquera.
Ida le promit, et peu après, elle et sa mère quittaient le bureau de la Princesse de la mer. Des hommes coiffés de turbans les ramenèrent à leurs appartements, et leur montrèrent un coffre de bijoux. Ida n’en avait cure, attendant la suite ; ce fut au tour de Kyria, d’être émerveillée. On leur montra aussi une bibliothèque bien fournie, et les splendeurs des fonds à côté de Lesbos. Au bout d’un temps d’adaptation pour les deux sirènes, on vint chercher Ida, et elle eut ses cours particuliers. Kyria, pendant ce temps, se reposait, visitait ces fonds, parlait avec Lorna ou d’autres êtres.
Au bout d’un certain temps, on estima qu’Ida avait bien appris, puis compris ses leçons, et l’une de ses formatrices l’amena à la Princesse de la mer pour les trois épreuves. Lorna avait eu le temps d’y réfléchir, et avait été tenue au courant des progrès de la jeune sirène.
– Commençons au fond des eaux, dit-elle à Ida. Tu devras trouver un requin blanc, c’est le plus dangereux, et l’apprivoiser. Si tu y parviens, tu pourras le garder comme ami si tu le souhaites.
– Bien Majesté, répondit Ida en tremblant, se souvenant des exposés de sa mère sur les requins quand elle était petite.
– Et pendant cette période, tu continueras à apprendre quelques langues humaines. Je crois que tu en as compris l’importance.
– Oui, Majesté. Ai-je un temps imparti ?
– Tu feras comme tu le sens. Le temps ne veut rien dire, au fond des mers. Tu n’auras pas à en sortir pour le moment.
Ida inclina la tête.
– Très bien, Majesté.
– Tu peux disposer. Au-revoir, Ida. Reviens avec ce requin, que je puisse en juger. Je te conseille de lui donner un nom.
– D’accord. Au-revoir, Majesté.
Ida alla retrouver sa mère, et lui dit ce que Lorna avait décidé. Kyria eut un peu peur, mais estima que cette dernière savait ce qu’elle faisait. Avant de quitter les environs de Lesbos, Ida eut l’idée d’aller à la bibliothèque, à la recherche d’atlas des fonds marins. Comme elle y passa du temps, elle continua les cours de langue, puis s’en alla, directement à un vivier de requins. Mais elle n’y trouva que des petites roussettes. Du coup, elle demanda à un cachalot où trouver un requin blanc. Il lui indiqua une direction, d’une nageoire, et Ida repartit. Elle nagea longtemps, seule pour la première fois pour une telle équipée. Au passage, elle libéra un dauphin d’un filet de pêche, qui la remercia.
– Tu veux pas m’accompagner ? lui demanda Ida, pleine d’espoir. Je cherche un requin blanc à apprivoiser…
– À apprivoiser ? Tu te fiches de moi, n’est-ce pas mademoiselle ?!
Ida soupira, et repartit seule. Quand elle s’assit pour se reposer, elle eut quelques larmes en pensant à sa mère. Mais, un peu plus tard, elle se leva, ayant repris courage. Malgré tout, le cachalot l’avait bien renseignée, car enfin, elle trouva les grands blancs. Une maman requin observait les évolutions de son petit, et Ida y alla directement.
– Bonjour madame, c’est votre petit ?
– Oui, pourquoi ? fit le requin, surpris.
– Est-il en âge de vous quitter ?
– Ça, je ne sais pas. Il n’est pas encore bien grand.
– La Princesse de la mer m’a demandé un joli requin blanc à aimer. Alors je vous vois, tous les deux, et…
La maman requin regarda Ida en écarquillant les yeux.
– Mais on nous déteste !
– La Princesse de la mer et moi ne sommes pas comme ça, dit la sirène de sa voix la plus douce.
– Puis-je venir aussi, alors ?
– Bien sûr, répondit Ida. Je peux monter sur votre dos ?
Le requin se laissa faire, et Ida la caressa. Le petit alla vers elles, se mêla au jeu, et bientôt tous trois faisaient le trajet, en riant. En arrivant vers Lesbos, les Turcs eurent un mouvement de recul, mais Ida leur expliqua de quoi il s’agissait et, à son grand étonnement, Lorna se retrouva face à deux requins fort civils.
– Comment s’appellent-ils ? demanda-t-elle.
– La maman s’appelle Regina, et le petit, Scotch.