La vie en bleu (Partie 3)

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Chloé Garcia

Résumé :

L’eau, le soleil, le sable, les animaux marins, la douceur de l’air… Comment ne pourrait-on pas aimer cette vie paisible ? Vivre sur l’île ne plaît pourtant pas à Teora qui souhaite s’émanciper et partir à l’aventure. Un jour, alors qu’elle profite des bienfaits de la mer, la jeune fille trouve une pierre étrange. Serait-ce un signe que sa destinée se trouve ailleurs ?

La vie en bleu (Partie 3)

En passant devant la porte de la chambre de mes parents, je remarquai qu’ils n’étaient plus là. J’essayai de ne pas paniquer et sortis en vitesse. La hutte se pliait sous la force des bourrasques et des pleurs se noyaient dans les rafales. Le chaos régnait et de nombreuses familles couraient déjà vers la plage pour atteindre les abris. Mes cheveux noirs fouettaient ma peau avec violence et j’eus du mal à avancer.

La lune nous éclairait et cela me permit d’éviter les morceaux de bois qui parsemaient le sable. Mes bras faiblissaient sous le poids de ma sœur et je sentais mes forces décliner. Je devais faire vite mais le vent m’en empêchait. Un homme saisit soudain ma sœur et une femme m’attrapa le poignet pour me tracter avec elle. Je reconnus un des pêcheurs et son épouse, et les suivis avec reconnaissance.

J’aperçus enfin les abris et esquissai un sourire. Nous n’étions plus très loin. Ravagée, la plage qui se dessinait derrière ne ressemblait plus au paradis auquel j’étais habituée et aucun dauphin ne sautait à l’horizon. Les embarcations éparpillées et pêle-mêle s’entassaient dans un coin. Il faudrait tout reconstruire. La tristesse me frappa de plein fouet et je priai pour qu’Ari soit loin de cette tourmente avec les siens.

Je ne la vis pas tout de suite. Une forme humaine gesticulait au bord de la mer, bataillant contre d’immenses vagues. Je laissai le couple poursuivre son chemin, avec ma sœur, et leur signalai que j’allais voir ce qui se passait. Je ressentais le besoin d’aller voir ce que cette silhouette manigançait et la curiosité dépassa mon envie de me protéger. Le pêcheur essaya de me retenir et je lui échappai. Je trébuchai à plusieurs reprises dans le sable, évitant des bouts de huttes qui volaient en tous sens. Certaines personnes m’appelèrent depuis les abris, dont ma grand-mère. Cependant, je fis la sourde oreille et continuai ma lente progression. Je ne saurais l’expliquer mais une puissante force m’appelait.

La forme humaine qui combattait bravement les flots et les vagues qui l’engloutissaient, n’était autre que mon père. La surprise laissa vite place à l’angoisse et l’incompréhension. Il hurlait à en perdre haleine et le vent emportait tout. Il tenait un bâton dans ses mains et de cet objet jaillissaient des rayons violets qui zébraient le ciel, s’échappant vers l’eau bouillonnante. Il ne paraissait plus aussi puissant que lors de la cérémonie et son visage brisé me fit un choc. Je m’approchai sans qu’il ne me remarque. Il semblait s’adresser à la mer et je ne comprenais rien à son langage. Ce fut alors que je la vis. Une énorme pieuvre noire à tête de femme portait ma mère dans ses tentacules et s’acharnait à repousser les assauts magiques de mon père. J’espérais que ma génitrice soit toujours en vie et mon cœur se serra.

– Teora, va-t-en, me cria-t-il quand il me vit. Cours te mettre à l’abri !

Je ne l’écoutais pas et avançai vers les vagues, grandes de deux fois ma taille. Je retins un haut-le-cœur et continuai, comme si mon cœur et mon corps n’y pouvaient rien. Transportée par le courant, je me laissai aller car nager ne me servait plus. La peur m’envahit et je crus mourir quand j’entendis un appel aigu miraculeux. Ari s’approchait avec hargne et me sauva. Je le remerciai chaudement par des caresses.

Des visions m’apparurent soudain et une voix familière s’adressa à moi : « Je t’ai choisie comme championne, Teora ». Était-ce possible ? Ari, serait-ce toi ? « Non, il est seulement mon émissaire ». Je n’eus pas le temps de m’étonner, que la voix continua : « Ta mère a voulu te protéger en gardant la pierre et, à présent, les démons la pourchassent ». Je crus que ma tête allait exploser tant tout ce qui se déroulait ne pouvait être vrai. « Pourtant, là est la vérité. Tu l’accepteras. Tu n’as pas le choix. Tu es une Sirène, une de mes gardiennes et protectrice de la vie contre les enfers aquatiques ! Ton destin était écrit, tu l’as toujours su. Je suis l’Océan et toi tu es la Vie, Teora ». Ces derniers mots furent comme une révélation et tout mon être se détendit violemment. Je me pliai en deux sous la douleur et toutes mes cellules s’embrasèrent.

Une queue poussa magiquement le long de mes jambes et ma peau se recouvrit d’écailles, tandis que mes poumons se transformèrent. Ma nouvelle vie commençait et, étrangement, ma peur s’était envolée. Je pouvais maintenant ressentir toute la magie de l’île, cette bande de terre située juste au-dessus d’une source éthérée, un chemin divin menant vers un autre monde, à présent le mien.

Mon attention se tourna vers le démon tentaculaire que toute mon âme appelait à anéantir. Plus qu’une mission, je voulais sauver ma mère, celle qui m’avait élevée et protégée. Je n’étais plus simplement Teora, je représentais maintenant la Vie et l’Océan.

FIN

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