Le bal des Tulipe (Partie 7)

Catégorie :

Littérature sentimentale

Auteur :

Flora Lune

Résumé :

À force de lire « Siméon le papillon » à mon fils, j’ai moi aussi eu envie de créer mon propre bal des Tulipe(s)… 😉

Le bal des Tulipe (Partie 7)

Un dimanche, après la messe dominicale et le pique-nique, le maître et ses élèves profitaient du beau temps pour se promener au bord du lac, à proximité des bois ceignant le village. Quelle ne fut pas la surprise de Monsieur Guichard lorsqu’il aperçut, quelques dizaines de mètres plus loin, la ravissante Mademoiselle Tulipe… Vêtue de la longue robe blanche à dentelles qui lui servait d’habit du dimanche, elle semblait encore plus belle, et une fois encore, Monsieur Guichard regretta son aspect fade et négligé. Elle était accompagnée d’un groupe de jeunes garçons, tous âgés d’au moins douze ans – les plus âgés d’entre eux, des jumeaux aux cheveux d’un blond sale –, paraissaient proches de l’âge adulte.
Les ayant repérés, ils vinrent à leur rencontre et s’arrêtèrent à leur niveau.

– Monsieur Guichard, quel plaisir !
– Mademoiselle, répondit ce dernier sincèrement étonné, j’ignorais que vous travailliez aujourd’hui…
– Oh, je ne travaille pas… Ces jeunes garçons constituent mon groupe d’éducation religieuse. Comme ils ont tous été particulièrement impliqués lors des dernières leçons, je les récompense par une petite promenade.
– Votre ferveur vous honorera toujours, Mademoiselle Tulipe.

Derrière lui, des gloussements se firent entendre. Surpris, le maître se retourna.

Eh bien les enfants, que vous arrive-t-il ?
– Rien… Rien du tout, Monsieur, assura Julie en tentant de reprendre son sérieux.

Mais, au moins l’une de ses camarades ne partageait pas son hilarité. Les joues légèrement roses, les mains jouant avec sa robe, Manaé jetait, de temps à autre, de furtifs coups d’œil en direction du groupe de garçons. En suivant son regard, Monsieur Guichard remarqua un adolescent brun, à la silhouette un peu dégingandée, répondant discrètement aux œillades de son élève.

Tout en poursuivant sa conversation avec Mademoiselle Tulipe, Monsieur Guichard les surveilla discrètement du coin de l’œil. Le manège ne cessa pas un seul instant, s’agrémentant, par moment, de sourires timides. Et, lorsque les deux groupes se séparèrent, le garçon formula du bout des lèvres ce que le maître lut comme : « mercredi ».


Il en était sûr, à présent : la petite Manaé était amoureuse. Ce qui expliquait son manque de sommeil et de concentration en classe, ainsi que sa discrétion toute nouvelle. Mais, comment diable avait-elle pu rencontrer ce garçon ? Depuis quand le fréquentait-elle ? Et surtout, comment se débrouillait-elle pour le voir ? De mémoire, Monsieur Guichard ne l’avait jamais croisé, ni aucun autre du groupe de Mademoiselle Tulipe, fût-ce au village, à la messe, où à l’école, dans laquelle il se rendait quelquefois…

Tout au long des jours qui suivirent, divers éléments lui confirmèrent qu’il se tramait quelque chose d’étrange au pensionnat, et que Manaé n’était pas la seule impliquée. Des noms de garçons revenant dans les bribes de conversations qu’il capta, le début d’un mot d’amour traînant sur le pupitre d’Isabelle… Cette fois, le maître choisit de ne poser aucune question, laissant ainsi croire à ses filles qu’elles pouvaient agir librement, et se donnant le loisir de les observer à sa guise. Ainsi, il nota le vent d’excitation qui régnait entre ses élèves et s’intensifiait au fil des jours, en même temps que s’installait une ambiance confidentielle de laquelle il était évidemment exclu. Qu’à cela ne tienne : il aurait le fin mot de l’histoire.

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