Catégorie : Fantastique/Merveilleux
Auteur : Chiaramarino
Résumé : A un tournant de sa vie, Patricia découvre les profondeurs de l’océan…
Le chant de la mer (Partie 4)
Flip l’accueillit avec l’un de ses compagnons, et les deux dauphins la menèrent à Séphélios.
– Patricia ! Vous êtes revenue !
– Oh, ce n’était donc pas un rêve ! Je vais découvrir votre monde ! Où sont Tatiana, Martino, tous les autres ? Menez-moi où vous voudrez, Séphélios !
Ce matin-là, Patricia découvrit un cimetière marin, composé d’une flotte espagnole. Elle erra entre les coques de bateaux, s’amusa à les découvrir. Il y avait là une petite école, avec des enfants de la mer, où elle fit sensation, avec son maillot de bain vert-doré. Martino était là, alors Patricia supposa que Tatiana n’était pas loin. Mais elle eut peur d’être trop longtemps absente du plancher des vaches, alors elle préféra attraper la vague, comme on prend un autobus, et une fois de nouveau sur la plage, elle consulta l’heure sur son téléphone portable. Elle avait plongé à neuf heures et quart, et… il était neuf heures vingt.
– Ce n’est pas possible ! Il faut que… oh, et puis zut !
Et Patricia replongea, rien que pour demander comment s’écoulait le temps au fond de l’océan.
– Le temps ? Qu’est-ce que c’est, au juste ? fit Séphélios.
– Mais alors… je suis hors du temps ?
– Probablement.
Et Séphélios ajouta malicieusement :
– Cela fait aussi partie de votre découverte…
Patricia sourit. Elle avait compris.
– Hugo, je ne change pas d’avis. Je te donnerai la moitié de la valeur de la maison, et je la garde. Peut-être même que je vais carrément me réinstaller au Portugal.
– Ah bon ? Mais ton boulot ?
– J’en changerai. Je peux donner des cours de français, ou d’anglais. Voire d’autre chose, de natation par exemple.
– C’est vrai, tu as toujours aimé nager.
– La proximité de l’océan est un atout non négligeable, pour moi. A Paris, il faut prendre le train ou la voiture… Et je me rapprocherais de vous. Ah oui, et je pourrais écrire, traduire…
– Je vois que c’est tout réfléchi !
Mais Hugo avait un grand sourire.
– Tu me fais plaisir, petite sœur. Et la maison ne sera pas perdue. Dans le fond, ce n’est pas plus mal.
– Et vous serez les bienvenus. Alors tu ne m’en veux pas ?
– Comment le pourrais-je ? Sans papa ni maman, que me reste-t-il ? Non, c’est toi qui as raison, en fin de compte… Et tu as téléphoné à Clara et à Lucia ?
– Oui. Elles sont d’accord. L’été, nous pourrions être tous ensemble…
– Maman, qu’est-ce que tu fais ?
Clara tapa sur l’épaule de sa mère, qui chantait, qui sait, un fado ou le chant des dauphins, tout en contemplant l’océan.
– Je chante le chant de la mer. Des Atlantes, des dauphins, des baleines… Je me sens en contact avec eux. Tous ces gens que l’océan a pris…
– C’est beau, même si je ne comprends pas…
– Tu es à moitié française, tu ne peux pas comprendre. Mais ça ne fait rien. Excuse-moi.
Patricia se remit à chanter, quelque chose de très ancien, dans la langue des Atlantes qu’elle avait apprise avec Tatiana, et tous ses amis du fond des mers. Clara la regardait, fascinée. Les vagues semblaient lui obéir, renvoyant le son, et Flip, ou peut-être l’un de ses descendants, ondulait encore sous les ondes… Patricia sentait toutes ces forces, qui lui répondaient, elle le sentait au plus profond de son être. Ses cheveux, désormais gris, flottaient dans la brise.
– Qu’est-ce que c’est beau ! dit encore Clara. Où as-tu entendu cela ?
– En… nageant dans l’océan.
– Moi aussi je viens ici tous les étés. Sylvain et les enfants aussi. Mais je ne sais pas ce que tu éprouves, dans l’eau.
– Il faut être ouvert à… autre chose. Un jour, peut-être te dirai-je mon secret…
– Pourquoi, tu es une véritable sirène ?
Patricia cligna de l’œil.
– Qui sait ?
FIN