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Un promeneur flâne au parc Kampa de Prague. Il aperçoit un vieil homme assoupi sur un banc.
Le parc Kampa (Partie 1)
Comme tous les parcs de Prague, le parc Letna est doux, accompagnant, silencieux, reposant, délicieusement ombragé, délicieusement boisé mais délicieusement « arbré » serait ce qui lui convient le mieux. Je le connais en toutes saisons, il est toujours superbe, déclinant avec bonheur les beautés de chacune d’entre elles ; il leur rend hommage.
Il est au-dessus de la ville et on en a une vue superbe mais il serait inconvenant de dire qu’il domine Prague. Prague ne se domine pas, Prague s’offre à qui veut bien être séduit et la respecter. Prague a trop souffert pour ne pas être généreuse. Toute la ville invite à se ressourcer, à se laisser aller dans les belles émotions qu’on a parfois du mal à exprimer ou à s’avouer. Prague incite à ressentir, explorer, mettre en évidence ces moments de bonheur pour soi et pour être reconnus, vécus, compris. Surtout les accepter pour surtout mieux les offrir ; Prague propose de se chercher, de se retrouver pour mieux avancer. Prague est du respect, de l’enthousiasme ; elle est aussi la ville des librairies, des cultures partagées. Le bonheur sécurisant d’entrer dans une librairie, d’en découvrir une autre et puis encore une autre, les voir proposer tellement d’ouvrages rares, importants, ou connus ou… reconnus qui ne demandent qu’à être lus, découverts ; feuilletés leur suffira dans un premier temps. Ils existent, ils sont là. Ils nous rassurent, ils nous apportent, ils nous rendent meilleurs, ils font avancer, ils demandent un joli geste pour les rejoindre, une belle attention pour les savourer… Ils nous persuadent que cette ville au milieu de l’Europe et ayant été au milieu de tant et tant de souffrances, a du talent. Prague apporte, propose ; elle suggère mais sans plus, c’est la moindre des politesses d’au moins le savoir. Prague est généreuse, à nous de le comprendre et d’en revenir plus accompli si tant est que cela puisse se faire. Prague aura essayé, il faut s’en apercevoir et l’apprécier, le concevoir, l’accepter aussi, s’en réjouir et surtout, le continuer …
À Prague, j’aime la façon que j’ai d’aimer.
Au parc Letna, j’aime courir un peu et après une demi-heure environ, je marche encore un peu, humant l’humeur de cet endroit.
Mais c’est au parc Kampa que j’aime flâner, vagabonder aussi bien le parcourant et en marchant dans les rues aux alentours, y compris sur le trop souvent encombré pont Charles si proche. Ce parc est dans la ville. La proximité du pont Most Légii nous le rappelle. Depuis ce pont, on descend sur une toute petite île de la Vltava. C’est tout simplement délicieux et on entend juste ce qu’il faut de trafic urbain pour se rappeler que Prague est cette ville si vivante. On fait face aux bâtiments colorés. J’aime ce petit parc discret, sensible comme un tableau impressionniste. Tout y est calme, mesuré, coloré, harmonieux. Au plus fort de l’été, on vient se reposer, regarder les jeunes couples se promener, s’asseoir sur une couverture et admirer les premiers pas de leur enfant ou ses premières incertitudes sur un vélo avec encore des roulettes ; on y voit aussi des jeunes gens, garçons et filles rieurs et enjoués se forger quelques souvenirs agréables dans lequel il sera bon de se retrouver plus tard, rire, écouter de la musique, savourer une glace ; le tout avec discrétion et bonheur. Me ravissent aussi les lecteurs de tous âges, assis sur un banc ou quand la saison le permet sur l’herbe et qui, sortant parfois de leur ouvrage, se laissent gentiment distraire par les promeneurs du parc ; ici et là deux amoureux qui flânent, un groupe de touristes appréciant le calme et le charme de cet endroit, se laissant aussi imprégner de la belle lumière et des reflets de la Vltava. Les chaudes couleurs de l’automne et le froid sec d’un hiver lumineux, la timide douceur du printemps, le souffle chaud de l’été ; chaque moment est rempli de calme et de vie. On s’y sent soi-même et disponible pour les autres. On se sent rempli d’émotions à venir et d’autres qu’on croyait éteintes et qui reviennent à la vie : sentir l’air doux sur son visage en été, mordant en hiver, écouter le bruissement du vent dans les feuilles, le crissement des pas dans la neige, apercevoir et reconnaître le bonheur de vivre et s’émerveiller de le savoir. Il suffit de se laisser gentiment prendre par cet endroit.