Catégorie : Fantastique/Merveilleux
Auteur : Chloé Garcia
Résumé : Les Grim’Oires sont un peuple pacifique, joyeux et intelligent, à la vie calme et douce. Un jour, leur quotidien est perturbé et la déprime commence à les ronger. Les Grim’Oires s’affaiblissent et se perdent. Dana, leur déesse, saura-t-elle les aider à redevenir eux-mêmes ?
Les enfants de Dana (Partie 1)
Réputés pour écrire avec habileté et détenir un esprit avisé, les Grim’Oires vivaient sereinement. Toujours joyeux, ils ne s’inquiétaient pas du quotidien. Lumineux, leurs chants emplissaient les salles de travail, tout comme les douces notes des instruments de musique maniés avec attention et amour. La paix régnait.
Respectés et aimés de tous, chaque être magique les associait à son cercle familial. Pour les nymphes, ils évoquaient les parents affectueux qu’elles perdaient trop tôt et pour les dryades, ils incarnaient les enfants immatures et attachants qu’elles adoraient gâter.
Cachés dans leur Sidh, lieu tant secret que sacré, ce peuple mystérieux vivait de visions et d’évasion. Le présent de la planète, comme son futur, ne semblaient pas leur échapper. Considérés comme de grands savants, leurs prophéties étaient célèbres et célébrées à travers tous les univers féeriques, dont les communautés venaient demander conseils. Grâce à ces perceptions, ils prenaient aussi soin des Hommes qu’ils traitaient comme leur progéniture. Aller sur Terre pour distribuer sortilèges, avertissements et gaieté occupait leurs journées.
Bien que ressemblant aux humains en tous points, ils étaient reconnaissables grâce à leurs longues oreilles ornementées de bijoux. Des légendes racontaient d’ailleurs que la création des elfes s’inspirait grandement d’eux, ce dont ils s’enorgueillissaient.
Un jour, un professeur de littérature allongé dans un beau jardin, aurait aperçu un Grim’Oire se baladant gaiement. L’être étrange chantait, sautillait, appelait les forces de la nature à lui, s’éclaboussait de pétales de fleurs, distribuait sa joie de vivre et alpaguait les passants à portée. Le lettré, déjà féru de fantaisie, avait apprécié cette humeur simple et enchanteresse.
Depuis lors, ce peuple remarquable n’avait plus eu le droit de séjourner sur Terre. Cette aura solaire ne pouvait se soustraire à la vue et perturbait ou fascinait les terriens. Le code du Sidh fut instauré par Dana, la déesse primordiale, pour interdire toute interaction majeure avec les Hommes. Par cette loi, la déité désirait que la magie ne soit pas mise à nue face à la détermination des mortels de nuire aux entités inconnues. La divinité espérait également que ces derniers gardent leur libre arbitre pour rester les maîtres de leur destinée. Sa fabuleuse mère lui avait confié une mission et elle comptait s’en acquitter avec honneur.
Malgré la confiance accordée, ses dires avaient été bafouées. Merlin avait outrepassé ses droits en façonnant Arthur, et un groupe d’enfants grim’oirien avait fait l’école buissonnière et oublié ses livres d’apprentissage de la magie près de Glastonbury. Le mot « grimoire » avait alors vu le jour, avec une mauvaise orthographe. La terrible fureur de Dana avait fait trembler tous les Sidhs. Le passage entre les dimensions était désormais définitivement interdit pour les peuples désobéissants et quelques autres mages ou Dieux trop présomptueux.
Les Grim’Oires avaient accepté leur sort, s’étaient habitués à ce mode de vie et avaient établi des traditions pour ne jamais s’éloigner de leurs protégés, les humains. Pour l’une d’entre elles, les familles se réunissaient une fois l’an pour regarder les films de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Il était de coutume de critiquer l’allure des elfes, nettement moins radieuse que la leur, et de débattre des carrures des nains et de leurs barbes trop fournies, tout en s’abreuvant de boissons fruitées et de mets délicats. Toutes les remarques fusaient et les larmes de joie coulaient. De nombreux débats continuaient jusqu’à l’aube sans qu’aucun groupe ne parvienne à choisir les plus gracieux représentants des sylvains chez Tolkien. Galadriel restait néanmoins dans les têtes de liste.
Un autre usage consistait à inviter les gens du Petit Peuple afin qu’ils puissent raconter de vive voix ce qui se passait chez les Hommes. Dana ne leur avait pas interdit le passage. Ils savaient se dissimuler et ne se mélangeaient pas aux humains. Ils voyageaient ainsi à leur guise. Les korrigans étaient toujours avares de mots et faisaient rire par leurs mimiques et leurs allusions salaces. Les fées papotaient pendant des heures sans s’arrêter et assommaient leurs interlocuteurs. Les lutins se goinfraient de sucreries et riaient à toutes les facéties des enfants. Les gnomes aimaient parler de choses terribles ou malheureuses et souriaient souvent de manière cruelle. Les leprechauns sautillaient partout et distribuaient de l’or à tout le monde.
Les Grim’Oires chantaient la vie et la vénéraient. L’atmosphère flamboyante de ces rencontres les emplissait de joie. Une idée ingénieuse leur vint alors. Ils allaient aider les humains d’une autre manière.