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Que s’est-il réellement passé entre Thésée et le Minotaure ?
Les mésaventures de Thésée (Partie 1)
– Ne vous en faites pas, chers compagnons : je vais faire en sorte que nous en réchappions tous, déclara Thésée une fois à bord du bateau vers la Crète. Mon épée en témoignera !
Et il la tira de sa ceinture. Mais les sept femmes n’étaient tout de même pas rassurées, tremblaient. Chaque homme en prit une dans ses bras, y compris Thésée, qui avait confiance en l’avenir. Sept hommes, sept femmes, voilà ce qui était destiné au terrible fils de Pasiphaé, la reine de Crète. Et Thésée avait choisi de prendre dans ses bras la plus belle des sept.
– Là, ça va aller… lui susurra-t-il.
– Sais-tu bien ce que tu fais, noble compagnon ?
– Bien sûr, répondit Thésée sans hésiter même une seconde. J’ai déjà vaincu pas mal de monstres, et tu pourras être ma reine, en sortant du labyrinthe.
Et Thésée crâna tout au long du voyage, rassurant tout le monde. À vrai dire, il était le plus âgé de la troupe, mais il portait beau et plaisait toujours aux femmes.
Ils arrivèrent sans encombre en Crète, à la cour du roi Minos, qui les accueillit avec empressement. Quand le tribut demandé arrivait, une fois par an, la reine Pasiphaé préférait se faire oublier : c’était elle qui avait engendré le Monstre… Aussi personne ne la vit. En revanche, leurs filles, Phèdre et Ariane, se montrèrent sans aucune honte. Elles étaient jeunes, belles, fraîches. Thésée en oublia aussitôt son flirt du voyage, et les dragua toutes deux – mais séparément tout de même. Ce soir-là, Phèdre fit de beaux rêves ; mais Ariane se mit à se tourner les sangs, prise d’amour pour le beau prince athénien, et réfléchit toute la nuit.
Le lendemain, Minos vint saluer les jeunes gens, avant qu’ils ne partent au labyrinthe pour servir de repas à son occupant.
– Dédale, dépêche-toi ! crisa Ariane. Il faut que Thésée puisse sortir du labyrinthe ! Ils vont partir incessamment !
– On n’est pas censé en sortir, princesse…
– Donne-moi une idée, au moins !
– Retourne à ton métier à tisser, femme !
Ariane, au désespoir, quitta la pièce. Et il fallait faire vite, car une fois le tribut annuel parti, il n’y aurait plus de moyen de communiquer entre eux. Mais il y eut alors un froufroutement d’ailes, quand Ariane arriva près de sa tapisserie.
– Je peux t’aider, fit une petite voix.
– Qui me parle ?
Ariane n’en pouvait plus, regarda de tous côtés. Un dieu minuscule, ailes aux pieds et caducée à la main, lui apparut. Le messager des dieux lui montra le métier à tisser.
– Le fil, Ariane. Pour sortir du labyrinthe.
– Nom de nom ! Je ne sais trop qui vous êtes… mais merci !
– Appelle-moi en cas de besoin. Code Hermès !
– Merci !
Et Hermès disparut. Ariane fit très vite, saisit sa plus longue pelote de fil, et courut l’apporter à Thésée, arrivant telle une dea ex machina, complètement échevelée.
– Ariane ! s’exclama Thésée en la voyant.
– Nous nous reverrons ! Prenez ceci.
Et Ariane mit discrètement la pelote de fil dans la main de Thésée.
– Mais que voulez-vous que j’en fasse ?!
– C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour sortir du labyrinthe. Et revenez-moi vite !
– Oh, princesse de mon cœur !
– Shhh… pas devant mon père.
Les lèvres de Thésée effleurèrent les longs cheveux noirs d’Ariane, et le groupe des quatorze jeunes gens partit en direction du labyrinthe, menés par Minos, qui les laissa à l’entrée. On entendait des cavalcades à l’intérieur, et Thésée s’avança le premier.
– Courage, mes amis !
Et il entra, l’épée au clair. Les six autres hommes le suivirent. Mais…
– Par tous les dieux ! Le fil !
Thésée s’arrêta, pour le fixer à un pilier avant qu’ils ne soient perdus. Six femmes le virent faire, rassérénées en voyant cela. La septième, quant à elle, se jura qu’elle en appellerait aux dieux pour se venger, quand elle sortirait de là. Elle n’était plus si emballée par ce bellâtre qui contait fleurette à toutes les femmes qu’il croisait… Puis tous progressèrent dans le labyrinthe, à la queue leu leu, les femmes derrière. De temps en temps, on entendait courir, mais rien ne venait vers la petite troupe. Les femmes, inquiètes, se demandaient à quelle sauce elles allaient être mangées, ne reconnaissant pas, de ce fait, les bruits d’enfants qu’elles entendaient ; et les hommes étaient trop bêtes pour les reconnaître eux aussi, pas même Thésée. Ce dernier, en tête de file, finit par brailler :
– Montre-toi, Minotaure ! Viens donc tâter de mon épée !