Les mésaventures de Thésée (Partie 2)

Catégorie : 

Fantastique/merveilleux

Auteur : 

Chiaramarino

Résumé :

Que s’est-il réellement passé entre Thésée et le Minotaure ?

Les mésaventures de Thésée (Partie 2)

Il n’entendit pas les petits rires joyeux. À part cela, et le léger bruit de leurs sandales sur le sol, le labyrinthe était silencieux. La voix de Thésée s’éleva de nouveau :
– Aurais-tu peur de moi, Minotaure ?!
Pas de réponse. Tous s’étaient tus.
– Avançons, murmura enfin un homme.
Thésée approuva du geste, et ils continuèrent à marcher, toujours plus profond dans le labyrinthe, qui restait illuminé sporadiquement par des torches.
– Ah, j’en ai marre ! s’énerva enfin Thésée. Où es-tu, Minotaure ? Tu te débines ?!
C’est alors qu’ils entendirent une femme rire. Dire qu’ils furent surpris serait un euphémisme : les hommes en restèrent comme des imbéciles, et les femmes en eurent des rires nerveux.
– Je vous en prie, avancez, entendirent-ils alors.
Thésée se reprit le premier, fit un pas en avant, se heurta à un mini-minotaure.
– Papa vous attend.
Les quatorze jeunes gens furent rejoints par une véritable petite troupe d’êtres mi-taureaux, mi-humains. Les plus âgés, déjà assez baraqués pour les mâles, prirent les sept femmes par la main.
– Au nom de Zeus tout puissant ! s’exclama Thésée, de plus en plus étonné.
Mais les « taurillons » les entraînaient, et ils se retrouvèrent dans une des pièces du labyrinthe. Devant un bon feu, des jeunes filles mi-femmes, mi-taureaux filaient sur leurs métiers à tisser, ou escaladaient les bibliothèques pour choisir leurs lectures. Une femme parfaitement humaine se leva pour accueillir le tribut d’Athènes. Elle était encore belle, bien qu’elle parût son âge, entre quarante et cinquante ans, ses cheveux virant du noir au gris.
– Bonjour jeunes gens, je m’appelle Aglaé, je suis la femme du Minotaure. Vous êtes ici dans notre pièce à vivre.
– Vous vous fichez de moi ?! Je veux tuer le Minotaure, et sortir d’ici avec gloire et honneur !
La femme et les enfants éclatèrent de rire.
– Vous ne tuerez personne, monsieur. Mon mari n’est pas celui que vous croyez.
– Monsieur ?! Je suis Thésée, prince d’Athènes, et pourfendeur de monstres ! Quant au Minotaure, il a… Non mais ?!
– Tiens maman, voici l’épée du monsieur.
Les six autres hommes, à la fois mortifiés, et un peu soulagés, en tombèrent assis. Le flirt de Thésée éclata de rire.
– Et que va-t-il nous arriver ? demanda une autre femme.
– Nous allons vous expliquer. Minotaure chéri ! Notre tribut annuel est là !
Atterré, Thésée se mit à regarder ses pieds, et eut un gros soupir.
– Et mon épée ? demanda-t-il alors qu’un fort bruit de sabots retentissait.
– Nous vous la rendrons, mais plus tard, répondit Aglaé. Aucune goutte de sang ne sera versée.
Les treize compagnons de Thésée dressèrent l’oreille, surpris.
– Mais qu’allez-vous faire de nous ? demanda un homme.
– Me voici, dit une voix grave, et le Minotaure apparut, soufflant par les naseaux.
Sauf Thésée, les jeunes Athéniens eurent un mouvement de recul. Le Minotaure, avec sa tête de taureau énorme, ses sabots aux membres inférieurs, d’une carrure humaine impressionnante et pourvu d’une queue bovine, faisait son effet.
– Il ne vous sera fait aucun mal, dit-il en s’asseyant sur le fauteuil large que sa femme lui avança. Je ne mange pas de chair humaine, ni moi, ni les miens. Mais personne ne doit le savoir, ou ce labyrinthe ne sera jamais entretenu, et je devrai montrer mon visage. Je sais, mesdemoiselles, que je fais peur.
Le flirt de Thésée eut un rire nerveux, mais les six autres femmes respirèrent.
– Et donc ? demanda Thésée, croisant les bras sur sa poitrine et prenant un air de défi.
– Vous n’êtes qu’un prétentieux, déclara tranquillement le Minotaure, et Thésée s’étrangla de rage, voulut lui sauter dessus mais deux adolescents minotaures lui retinrent les jambes.
Un homme se leva alors, fit une courbette.
– Je ne comprends pas, dit-il. Dans ce cas, que faisons-nous ici ?
– Vous veillerez à ce que le labyrinthe soit entretenu, chasserez pour vous et pour moi, et il y a suffisamment de femmes et d’hommes, dans ces couloirs et en-dessous, pour faire des enfants. Vous pouvez être heureux ici.
– En-dessous ? releva Thésée.
– Il faut bien caser tout ce monde-là, et les enfants… fit Aglaé. En outre, des plantes y poussent, les lapins et les chèvres y pullulent…
– Oh ! s’exclamèrent les jeunes gens, à l’exception de Thésée.
– C’est une vie sans gloire !
– Nous la choisissons ! Vous, faites ce que vous voulez. Ces jeunes femmes sont bien faites… reprit l’homme qui avait parlé le premier.
Thésée bouillait de plus en plus, d’autant qu’il n’avait pas son épée.

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