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Que s’est-il réellement passé entre Thésée et le Minotaure ?
Les mésaventures de Thésée (Partie 3)
– Nous n’avons que faire d’un aventurier, dit la femme qu’il avait draguée. Sors si tu veux, mais les dieux t’en châtieront !
– Excellente idée, approuva le Minotaure. Mais sortez tout seul, puisque vous êtes si malin et si brave. Mais si vous parlez de moi, mon père, Poséidon, saura vous faire taire.
Thésée lança un cri de rage, et le Minotaure, Aglaé et leurs enfants éclatèrent de rire. Les treize jeunes gens de son groupe, soulagés, se levèrent tous, pour aller vers la petite famille du Minotaure.
– Voyez-vous, Thésée, reprit Aglaé, mon mari n’est un monstre que physiquement. Il a une très belle âme et n’a jamais tué un homme sans défense.
L’interpellé était au supplice, se retrouvant seul dans son camp, et désarmé de surcroît. Il eut néanmoins un sursaut.
– Si vous me rendez mon épée, je ne serai pas un homme sans défense !
– Cela ne sert à rien de me tuer, je suis le fils d’un dieu, et donc immortel. En outre, j’ai une famille immense. Et puis… voulez-vous regarder toute ma bibliothèque ? La réclusion me laisse aussi du temps pour lire…
– Compagnons, allez-vous rester là ?
– Si fait, lui répondit une femme, puis elle se tourna vers le Minotaure et sa femme. Aglaé, Minotaure, savez-vous lire tous les deux ?
– Oui, et je vous apprendrai, répondit Aglaé, comme je l’ai appris à tous les enfants du labyrinthe. Mon mari et moi sommes pour l’égalité hommes-femmes.
– Peuh ! Rendez-moi mon épée, je m’en vais.
– Il ne sait pas lire ! s’esclaffèrent les petits minotaures.
– J’ai plus intéressant à faire ! Je sais lire, mais je me moque des livres !
– Vous avez tort, déclara le Minotaure de sa voix de basse. Vous apprendriez énormément sur l’esprit humain. Et c’est précisément à cause de gens comme vous que je dois me cacher. Chasseur de monstres !! Mais le monstre, Thésée, c’est vous ! Miros, Dalis, rendez-lui son épée, mais d’abord, suivez-le sur les premiers mètres.
Les fils du Minotaure obéirent, et Thésée commença à suivre son fil, le rembobinant au passage, à l’instigation de Miros et de Dalis, le tout en maugréant. Enfin, les deux jeunes minotaures le laissèrent.
– Ariane vous attend, lui souffla alors la petite voix d’Hermès à l’oreille, et Thésée sursauta.
– Ne me faites pas perdre le fil ! Qui est là ?
– Ne vous en faites pas, je le tiens, moi.
Et le petit dieu le précéda. Enfin :
– Voici votre roi, princesse.
– Thésée ! Mon héros !
– Le… hem ! Non, rien. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, fit Thésée, heureux de la formule.
– Mon frère, pas dangereux ?! Allons !
Pour ne pas répondre, Thésée se jeta sur Ariane et échangea avec elle un furieux baiser.
– Je vous embarque, princesse. Allons sous d’autres cieux.
– Je vous suivrai jusqu’au bout du monde, mon héros… Hermès m’en est témoin.
– Partons ! Mon bateau nous attend.
Ils embarquèrent donc, mais peu après, le ciel s’assombrit, et la mer devint grosse. Ariane avait déjà le mal de mer, et son état s’aggrava. Thésée, la voyant ainsi, ne la trouvait plus si jolie… Un des marins vint le voir.
– Maître, il faut que nous accostions quelque part, pour attendre la fin de la tempête. Naxos n’est pas loin. Qu’en pensez-vous ?
Thésée regarda Ariane, occupée à décharger le contenu de son estomac dans la mer, et répondit :
– Oui, vous avez raison. Allons à Naxos.
Le bateau vira sur le côté, et Ariane fut projetée au sol. Thésée, assez dégouté, l’aida à se relever, lui désigna un endroit où elle pourrait s’asseoir.
– Aidez-moi ! gémit-elle.
Mais Thésée était gauche, se fit traiter d’empoté, et évita de peu l’accès de nausée d’Ariane. Morose, il se posta à la proue du bateau. On apercevait à peine Naxos, à cause des nuages, mais la perspective d’y arriver le rassurait. Le pilote faisait ce qu’il pouvait et, une heure plus tard, ils accostaient. Thésée porta Ariane à terre et, sur l’herbe, elle se remit. Enfin, elle s’endormit. Les couleurs lui revenaient peu à peu, et la nuit tomba enfin. Le pilote du bateau devait affronter la mauvaise humeur de Thésée. Les autres hommes de l’équipage s’éparpillèrent sur l’île.
Ils firent du feu près de la jeune femme endormie et, ayant attrapé chacun un lapin, ils les firent rôtir. La bonne odeur de viande grillée réveilla Ariane, qui fut heureuse de s’en voir proposer. Après le repas, elle était déjà plus enjouée. Thésée, quant à lui, se reprenait peu à peu, regardait moins Ariane. Elle s’écarta pour aller se rincer dans la mer, puis se rhabilla, se réinstalla près du feu, et se rendormit.