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Et si une princesse avait un coup de foudre pour un autre que son mari ?
Les mystères de l’Orient (Partie 1)
C’était un beau mariage, à la cour du roi Léon : sa fille Annabelle, jolie, aux rondeurs juvéniles et attirantes, épousait le fils du roi voisin, Gauthier, avec qui elle filait le parfait amour depuis plusieurs mois. Les deux souverains, ravis de voir s’unir leurs enfants et leurs royaumes, se tapaient dans le dos, parlaient politique. Les mariés étaient magnifiques et, le soir venu, se retirèrent dans leurs appartements. Gauthier faisait construire un petit château pour y abriter leurs amours mais, en ces temps-là, de tels travaux étaient très longs. Le palais le plus proche étant celui du roi Léon, Annabelle pouvait rester parmi les siens pendant que s’édifiait leur petit château.
Une vie relativement tranquille se mit en place, Gauthier plaisait beaucoup aussi à la reine Vinciane, et il faisait rire son beau-frère, Arnaud, jeune homme d’une quinzaine d’années. Tous deux prirent vite leurs habitudes, aimant l’un autant que l’autre les plaisirs de la chasse et des grandes cavalcades. Et, bien entendu, Gauthier et Annabelle prenaient du bon temps ensemble. Seulement voilà : six mois après leur mariage, aucun héritier ne se profilait sur la silhouette d’Annabelle. Aussi, au bout de quelques temps, le roi Léon décida de parler à sa fille.
– Voyons père, ce n’est pas si simple… En vérité, vous ne connaissez rien aux femmes.
Piqué au vif, le roi rétorqua :
– D’accord, je n’ai que toi et ton frère, mais j’ai engrossé six fois ta mère ! Si ça se trouve, j’ai même eu quelques bâtards avant d’accéder au trône !
– Et alors ? Vous autres les hommes, vous ne pensez qu’à ça ! Quand j’en ai parlé à Gauthier, il a compris qu’on avait tout le temps pour avoir des enfants… et la chasse et les longues chevauchées, ça fatigue !
– Que veux-tu dire, il n’est pas bon amant ?!
– Je n’ai pas dit ça, père. Au contraire. Simplement, nous ne nous employons pas tous les jours à avoir un enfant… et puis, qui vous dit que ce serait nécessairement un fils ?
– Espèce de raisonneuse ! Le travail des princesses est d’avoir des enfants et de s’en occuper !
Annabelle s’empourpra.
– Mêlez-vous de ce qui vous regarde, père ! De toute façon, je n’ai pas l’intention d’être une femme soumise, et Gauthier l’a très bien compris !
– Non mais !!
Et le roi leva la main.
– Pas de violence dans votre palais, père, fit Annabelle en s’esquivant et en claquant la porte derrière elle.
– Souviens-toi de la tour ! cria le roi, rendu furieux par l’attitude de sa fille.
– Je me moque de votre tour ! Notre palais sera bientôt terminé !
Puis le roi Léon n’entendit plus sa fille.
Il ne la revit que le lendemain matin, toute pimpante dans la robe dorée qui seyait si bien à son teint et à son opulente chevelure brune. Voir sa fille si belle le rendit fier, et il lui fit un beau sourire. Annabelle baissa les yeux, et :
– Bien le bonjour, mon père.
– Bonjour, Anna la belle, dit le roi, et la princesse eut un beau sourire à son tour. Pardonne-moi si je t’ai courroucée, hier. Quand je vois ton sourire… c’est vraiment dommage.
– Ça ne fait rien, père. Les choses viendront en leur temps.
– Certes, fit le roi, et il changea de sujet.
Un peu plus tard dans la journée, le chambellan vint trouver le couple royal. Il avait toujours l’air très affairé, mais cette fois-là, il arborait un sourire jusqu’aux oreilles.
– Eh bien, mon bon ! Qu’est-ce qui nous vaut un si beau sourire ? lui demanda plaisamment la reine.
– Nous avons de la visite. Des musiciens. Ils viennent d’un pays lointain, au-delà de Notre Mer. Voulez-vous les entendre ?
Un « oh ! » fusa des deux bouches royales.
– Volontiers ! réagit le roi. Si ça manque de jeunes enfants, eh bien, nous aurons de la musique !
– Vous verrez, ils ont des instruments étranges… mais le peu que j’ai entendu m’a beaucoup plu.
– Nous sommes d’accord, ma douce ? demanda le roi à sa tendre moitié, qui répondit par un beau sourire. Dans ce cas, ouvrez-leur les portes. Et offrez-leur le gîte.
– Bien, Sire.