
Catégorie :
Auteur :
Résumé :
Et si une princesse avait un coup de foudre pour un autre que son mari ?
Les mystères de l’Orient (Partie 3)
– Voulez-vous que nous allions leur demander de jouer pour nous ?
– Croyez-vous que nous puissions le faire ?
– Je suis la princesse de céans, après tout…
Aussi, Karim put refaire un aparté avec Annabelle, après que les deux femmes les eurent écoutés. Jeannette retourna ensuite à son ouvrage, émerveillée, laissant Annabelle avec eux. Malik arrangea la chose, proposant à Karim de garder sa porte. Et ce dernier put ainsi profiter des courbes de la princesse… Elle quitta la pièce, resplendissante, et alla soupirer dans sa chambre.
Les quatre musiciens restèrent là quelques jours, et pendant ce temps-là, Annabelle et Karim ressentaient une passion toujours plus grande, profitant de la moindre occasion pour se voir, même simplement pour discuter. Karim parlait de son pays, qu’il appelait celui du jasmin, fleur qu’Annabelle ne connaissait pas, celle-ci ne fleurissant pas, ou très peu, en Europe. À présent, ils se tutoyaient en privé, mais Karim comprit vite la bienséance européenne, et ils maintenaient une distance protocolaire au moment de faire entendre la musique du petit groupe.
Au bout d’une semaine environ, les quatre musiciens se décidèrent à quitter les lieux, malgré la bourse que leur donna le roi pour les remercier de les avoir divertis, et, pour Karim, malgré la douceur d’Annabelle. Quand ils partirent, cette dernière fila vers une porte dérobée, pour aller partager un dernier baiser avec Karim.
– Je reviendrai dès que je le pourrai, ma jolie princesse. Dès que nous aurons amassé quelque argent. Et nous ne voulons pas être importuns.
– Bien sûr, mon cœur.
– À bientôt, ma petite gazelle.
– Mais où partez-vous ?
– Vers le nord. Mais je peux être ici très vite. Si tu le souhaites, envoie-moi un message par ce pigeon voyageur.
– Oh, merci Karim !
Et ils se séparèrent. Annabelle retrouva sa place, après s’être discrètement occupée du pigeon, et se mit de nouveau à broder, accompagnée de sa fidèle Jeannette. Mais la princesse avait la tête ailleurs, ce que sa suivante ne manqua pas de remarquer.
– Quelque chose vous chagrine, madame ?
Annabelle ne répondit pas tout d’abord.
– Madame ?
– Pardon Jeannette, j’ai toujours ces airs en tête…
– Sont-ce les musiciens, ou leur musique, qui vous manquent déjà ?
Annabelle rosit.
– Pardonnez-moi, madame, mais il me semble que vous êtes en train de vous trahir…
Cette fois, elle était rouge comme une pivoine. Mais elle porta un doigt à sa bouche.
– Chut ! Si ma famille le savait…
– Je serai une tombe, madame.
– Cela vaudrait mieux. Et puis, sans doute que je ne verrai plus Karim… Mais ça me… oh !
Et Annabelle fondit en larmes.
– Ne mouillez pas cette broderie. Venez.
Et Jeannette mena sa maîtresse à sa chambre, pour pouvoir parler plus commodément. Annabelle lui expliqua qu’elle était prise de passion, que Karim lui manquait déjà, qu’elle ne pensait presque plus à Gauthier. D’ailleurs, quand elle retrouva son mari à la fin de la journée, il fut étonné de la voir avec la mine défaite.
– Que se passe-t-il, ma douce ? Ça n’a pas l’air d’aller…
– Je suis fatiguée, tout simplement. J’ai joué à la balle avec mes suivantes, et nous avons batifolé un peu dehors…
Gauthier goba le mensonge.
– Tu es si belle, si rayonnante d’habitude !
– Ça ira mieux demain, mon prince.
– Veux-tu que je dorme avec toi ?
– Oui, s’il te plaît.
Annabelle s’était toujours sentie bien, dans les bras de son prince, mais à présent qu’elle connaissait Karim, l’effet en fut limité. Cela dit, Gauthier respecta sa fatigue, un peu inquiet, mais le lendemain au réveil, il voulut un câlin, et Annabelle se laissa faire. Elle eut un peu plus d’entrain que la veille, mais son cœur appelait toujours Karim. À table, toute à ses pensées, elle picora. Si bien que sa mère la reine lui suggéra d’aller se reposer, ou bien de jouer à la balle, de rester entre femmes, dehors, puisque le soleil brillait. Gauthier tiqua, il regardait sa femme, l’air préoccupé, et finit par lui dire de rester plutôt à l’intérieur, pour reprendre des forces. À vrai dire, la princesse avait toujours eu bon appétit, aussi personne n’était habitué à la voir ainsi. Pour se rassurer, le soir venu, Gauthier retourna dormir avec sa femme, et même faire un peu plus… Et Annabelle s’aperçut que les assauts de son mari lui faisaient du bien – plus que la broderie…