Les perles de Nasya (Partie 11)

Les perles de Nasya

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Lim

Résumé :

Les gens de la ville ont peur des enfants. C’est pourquoi ces derniers vivent dans des pensionnats clos jusqu’à leur maturité.
Les douze élèves sélectionnés en classe de dernière année sont isolés du reste des enfants, puis présentés à quatre professeurs, chargés de les préparer à des vérités volontairement cachées. Ils suivent les cours sous une surveillance armée. Apprennent l’histoire de NASYA, leur monde ; la raison pour laquelle un dôme l’enveloppe entièrement. Étudient leurs rêves – ébauches de vies antérieures – à partir de perles conçues durant leur sommeil.

Les Perles de Nasya (Partie 11)

La chance souffla le nom de Ella. Surnommée « la vulgaire » parce qu’un vrai garçon manqué. Elle avait les cheveux courts et mâchait souvent de la gomme. C’était aussi une des rares filles qui préférait le pantalon à la jupe. À l’annonce de son nom, son expression resta impassible, hormis ses mâchoires qui broyaient sa gomme. Elle avança au sein d’une ambiance toujours aussi facétieuse, et sentit que quelqu’un essayait de lui soutirer son bracelet. Elle se retourna si vivement que l’apprenti voleur en resta coi.
– Si tu me touches encore une fois, je vais te le mettre dans le cul, c’est clair ? dit-elle en brandissant son poing.
Le jeune garçon resta dans sa torpeur ; un autre à côté d’elle pouffa de rire. Ella lui rendit son sérieux d’une claque sur l’arrière du crâne.
– Et pour compléter la classe, dit Monsieur Navaron, la dernière fille est : Shaellah !
C’est seulement à cet instant que Lim Ledah comprit la raison de son estomac noué – il s’était d’abord demandé s’il avait mangé quelque chose de pas frais ou si Sun Abi ne lui avait pas fait une de ses mauvaises blagues. À l’annonce de son propre nom, il avait mis cette douleur intestinale sur le compte du stress ou de l’excitation. Mais au lieu de le quitter, elle avait crû à mesure des noms appelés. Devenue pressante, jusqu’à l’en étouffer presque.
À l’annonce du nom de Shaellah, tout s’estompa. Il n’avait pas idée combien cela lui avait inspiré un sourire niais ; Shaellah l’aperçut.
– Merci à tous. Ce n’est pas la peine de râler, sachez nous démontrer tout au long de l’année que vous méritez d’être choisis.
Au moins la moitié du groupe jeta son veston à capuche dorée par terre avant de rejoindre, désabusée, l’aile ouest.
Monsieur Navaron se tourna vers les douze élus, et sortit un trousseau de clés de sa poche.
– C’est parti, fit-il en soupirant, suivez-moi.
Ils traversèrent le bâtiment central, rejoignirent une arrière-cour derrière une porte fermée à clé, au bout de laquelle se trouvait un portillon. Lui aussi fermé à clé.
– Ici commence la vraie vie, dit le surveillant Navaron. Nous vous traiterons plus comme des enfants. La colonie de vacances, c’est terminé.
Les élèves qui étaient dans les chambres du troisième et quatrième étage s’attardaient aux fenêtres pour voir où les douze dernière année étaient conduits, mais l’épais feuillage des arbres massifs ne laissait rien paraître. Leur taille immense coupait toute perspective.
Le grand gabarit du surveillant général guidait les dernière année vers un endroit inconnu ; l’excitation les aidait un peu dans le labeur de leur marche. Le sentier, d’une largeur exiguë, montait durement. Monsieur Navaron battait un rythme soutenu ; il était suivi par Sue, qui avait mis ses lunettes pour éviter de se tordre une cheville sur les pierres, et qui trottinait en tenant fermement son gros cahier contre elle. Simon et Connrad – dont l’appui du sceptre semblait devenir un avantage – se montraient attentifs à chaque nouveau son et chaque nouvelle odeur dégagés par la forêt. Sarrail suivait, impassible, puis Olivan, qui s’arrêtait régulièrement, distrait par la richesse de la faune et de la flore, avant de courir pour rattraper les autres. Fermant la marche, Shaellah semblait déjà épuisée et murmurait des jérémiades. Lim Ledah et Sun Abi l’attendaient tout en profitant du spectacle comique devant eux : Kira Cervantes tenait l’ombrelle au-dessus de la coiffure parfaite de Précieuse tandis qu’Oria Cervantes lui offrait sa main pour l’aider à parcourir le sentier. Précieuse semblait dans le plus grand désespoir. Ses belles chaussures collaient contre la terre humide.
– Monsieur Navaron, dit-elle en poussant la voix, le chemin est-il encore long ? Pouvons-nous nous y rendre avec un véhicule ?
Monsieur Navaron entendit ses plaintes, mais ne s’en préoccupa pas. D’autant plus que sa voix stridente se couvrait d’une voix plus grave, celle de Ella. Elle était coincée derrière les sœurs Cervantes et Précieuse comme elles occupaient toute la largeur du sentier. Elle les bouscula plusieurs fois pour forcer le passage sans jamais y parvenir, et ses « bougez-vous le cul » ou autres « sortez-vous les doigts » n’y changeaient rien.

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