Les perles de Nasya (Partie 20)

Les perles de Nasya

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Lim

Résumé :

Les gens de la ville ont peur des enfants. C’est pourquoi ces derniers vivent dans des pensionnats clos jusqu’à leur maturité.
Les douze élèves sélectionnés en classe de dernière année sont isolés du reste des enfants, puis présentés à quatre professeurs, chargés de les préparer à des vérités volontairement cachées. Ils suivent les cours sous une surveillance armée. Apprennent l’histoire de NASYA, leur monde ; la raison pour laquelle un dôme l’enveloppe entièrement. Étudient leurs rêves – ébauches de vies antérieures – à partir de perles conçues durant leur sommeil.

Les Perles de Nasya (Partie 20)

Six nouvelles questions furent longuement traitées par Monsieur Brun.
La journée avait été longue et la plupart des élèves envisageaient de se coucher. Quelques-uns avaient pris l’air dans la cour d’entrée en se rappelant avec nostalgie les chants et les danses des enfants plus jeunes. En fin de compte c’était peut-être mieux ainsi. Préserver la jeunesse de ces horribles vérités et ne les révéler qu’en dernière année.
Puis, le froid vint brutalement les chasser comme la combustion des éclats de soleil – l’un des surnoms des fusées du jour – était presque épuisée.
En se croisant dans le grand hall, élèves et professeurs se saluèrent en se souhaitant une bonne nuit.
Les élèves savaient qu’ils disposaient d’une heure, parfois deux, à partir de la teinte rosée du ciel, avant que la nuit ne les rende subitement aveugles. Car pour des raisons de rythme éducatif, aucune veilleuse n’était admise. Monsieur Navaron disait souvent : « les éclats de soleil vous réveillent et vous bordent ».
Le lendemain matin, Lim Ledah se réveilla sous le coup des mille éclats de soleil, tirés de la Tour Royale, sans une perle de rêve au creux de son nouveau Karm. Celui-là non plus n’arrive pas à se synchroniser avec moi, pensait-il.
Il se redressa pour voir la mine de Sun Abi, encore plus renfrognée que d’habitude ; Lim se félicitait d’avoir si bien imaginé cet air grognon au saut du lit.
Son ami ne lui avait rien caché de la profusion de perles de rêve produites chaque nuit, mais il était surprenant de le voir de ses yeux, quand bien même embués. Il y avait au moins quinze perles dans son Karm modifié. Marrons, évidemment. Quinze rêves !
– Tu te souviens vraiment de tous ces rêves ? dit Lim Ledah.
Sun Abi secoua la tête, la main posée sur son front.
– Non, mais ils participent tous de bon cœur à me filer la plus grosse migraine possible ; parfois je me dis que chaque nuit, je suis la victime d’un concours de mauvais goût.

Quand les deux amis rejoignirent le hall par le grand miroir, ils virent les autres élèves en ligne devant le surveillant Navaron. Shaellah émergea du miroir à son tour et passa devant eux en les ignorant ouvertement, préférant tirer ses cheveux roux pour les nouer. Elle était fâchée à cause du sale coup qu’ils lui avaient fait la veille au soir.
Shaellah les avait appelés discrètement de son miroir en leur suppliant de la laisser passer la soirée chez eux jusqu’à l’extinction des fusées. Lim Ledah et Sun Abi s’étaient pris d’un fou rire mémorable en apercevant derrière elle Précieuse et les sœurs Cervantes en train de préparer une soirée filles. Elles appelaient Shaellah avec insistance. Ses yeux imploraient leur code de chambre, mais les deux sans cœur l’avaient laissée à son sort.
Ils descendirent les escaliers en vitesse à cause du regard impatient du surveillant Navaron. Il manquait encore Précieuse et les sœurs Cervantes à l’appel. Elles apparurent finalement par le grand miroir en riant de leur sujet de conversation entamé juste avant la traversée.
– Pour les retardataires, dit Monsieur Navaron, je ne veux pas entendre d’excuses. Il me semble que les règles de tenue et de savoir-vivre sont répétées chaque année dans le pensionnat. Les mettez-vous scrupuleusement en œuvre ? Visiblement pas.
Le surveillant leur demanda de se tenir bien droit. L’inspection du petit matin était un rituel obligatoire ; Monsieur Navaron veilla à ce que ses remarques soient entendues.
En bout de ligne, Olivan était le premier inspecté.
– Certaines de vos mèches ne sont pas sensibles au chant de votre peigne, Monsieur Olivan. Il faudra s’appliquer la prochaine fois.
– Je ne sais pour quelle raison, Monsieur Sarrail, mais vous avez arraché votre capuche. Retournez dans votre chambre, il y a une application dans votre miroir qui vous permet de commander des vêtements de rechange.
– Je l’ai remarqué, Monsieur Navaron, répondit Sarrail, mais la taille une est trop grande pour moi. Veuillez m’en excuser.
Le surveillant bredouilla quelque chose comme « vous aurez ce qu’il faut ce soir », puis passa au suivant. Connrad tapota doucement le sol avec son sceptre pour signifier son agacement.
– Essayez de ne pas blesser quelqu’un avec ça, Monsieur Connrad.
– Où vous croyez-vous, monsieur Simon ?
– Quel est le problème ?
– Votre capuche. Enlevez-là, je vous prie.
– Si je ne peux pas la mettre, je veux bien savoir à quoi elle sert.
Le surveillant Navaron eut un coup de sang.
– Ce n’est pas à vous de décider ! cria-t-il. Qui représente l’autorité ici ?
Simon enleva sa capuche en pouffant de rire.

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