Les Perles de Nasya (Partie 24)

Les perles de Nasya

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Lim

Résumé :

Les gens de la ville ont peur des enfants. C’est pourquoi ces derniers vivent dans des pensionnats clos jusqu’à leur maturité.
Les douze élèves sélectionnés en classe de dernière année sont isolés du reste des enfants, puis présentés à quatre professeurs, chargés de les préparer à des vérités volontairement cachées. Ils suivent les cours sous une surveillance armée. Apprennent l’histoire de NASYA, leur monde ; la raison pour laquelle un dôme l’enveloppe entièrement. Étudient leurs rêves – ébauches de vies antérieures – à partir de perles conçues durant leur sommeil.

Les Perles de Nasya (Partie 24)

Zirmi se mit en colère, convaincu qu’un dysfonctionnement des bras magnétiques de la Tour était à l’origine de cette tragédie. Le roi Connrad réfléchissait aussi sur la cause, dévasté et imperturbable. D’un esprit vif, défilaient en lui des idées sur le secours aux blessés et sur l’hommage rendu aux morts.
C’est alors qu’un son déchirant obligea l’attention des Nasyans. Ça y est, il est là ! entendait-on de toute part. S’attendant à périr par le monstre que l’on nommait le Chéol, la peur guidait tout acte de manière primitive. Ce qui était bon ou mauvais à faire n’avait pas d’importance, ils étaient tétanisés par l’observation de leur dôme fissuré à l’endroit précis où le carbyne se faisait maltraiter par ce qu’il y avait au-delà. Bientôt, une brèche autorisa l’intrusion de créatures volantes, comme des spermatozoïdes pénétrant un ovule, non pas pour féconder, mais pour détruire.
Les Sylvéides n’avaient pas un seul instant cherché à dialoguer avec les Nasyans, c’était une simple exécution. Les gardes criaient au roi de se réfugier à l’intérieur de la Tour, mais les cris du peuple étouffèrent l’injonction. Zirmi vit des Sylvéides voler si proche de lui qu’il aurait pu, même des années plus tard, en dessiner le portrait dans les moindres détails.
Ils avaient une peau transparente, sous laquelle brillaient selon l’angle de vue des organes biologiques et mécaniques. Dénués d’oreilles et de cheveux, leurs regards larges et étriqués étaient hermétiques à toute émotion si ce n’est celle d’une volonté cruelle. Ils étaient nus, asexués, et leurs ailes démoniaques se rabattaient dans leurs dos quand ils marchaient au sol de la même façon qu’un être humain. Des crocs acérés taillés inégalement, de longues griffes aux mains et aux pieds.
Zirmi se réfugia dans la Tour en forçant le roi à l’imiter. Il demanda une arme à l’un des gardes, pas plus pour sa protection que celle de son roi. Malgré ses différends avec le roi Connrad, sa loyauté prit le dessus. Aucun garde lui donna une arme ni s’était soustrait à son rôle.
Le carbyne de la Tour résista aux premiers assauts des Sylvéides. Sa propriété insonorisante faisait passer les plongeons kamikazes des créatures pour des visiteurs toquant à une porte. Les failles étaient clairement les portes et les fenêtres ; même condamnées, elles finirent par céder.
Le roi, Zirmi, quelques gardes et civils, se cloîtrèrent dans une salle, l’attente irraisonnée, pris au piège de la mort. Et en même temps, leurs pensées délirantes firent de cette salle la grande oubliée dans la traque empressée de ces démons. Les plus lucides fermèrent les yeux pour mieux suivre la trame sonore d’un scénario prévisible.
Après l’enfoncement d’une porte, le son d’un éboulement s’insinua dans chaque pièce, chaque couloir, perçu aussi clairement que l’écoulement d’une boisson dans sa trachée et le moindre virage de ses intestins. L’éboulement se rapprocha, des cris humains se firent plus distincts. Les bras des gardes se raidirent, la pointe des armes levée vers l’entrée de la pièce, alors que les ingénieurs du groupe se cachèrent derrière leurs pauvres outils.
Il n’y eut ni attente ni oubli. Les gardes formèrent un arc devant le roi et Zirmi.
Dès l’entrée fracassante des Sylvéides, les ingénieurs lancèrent inutilement leurs outils, remettant tout espoir envers les gardes. Rapidement, l’un de ces derniers tomba aux pieds de Zirmi, qui se saisit de l’arme du déchu. Les Sylvéides obligèrent par leur nombre à diviser les hommes en plusieurs groupes. Celui des ingénieurs fut le sujet d’une ignominie. Ou plutôt de deux.
Les cadavres chauds firent l’objet d’une dégustation cruelle. Fermer les yeux était pire.
Dans la classe, Précieuse en fit l’expérience. Elle qui demandait l’arrêt immédiat de ce cauchemar entendit cet horrible bruit incomparable. Celui de la mastication féroce d’une bête affamée, retenant sa respiration dans son empressement dévorant, pour finalement prendre son air au milieu de sourds gémissements jubilatoires.
Tandis que ces camarades de classe qui soutenaient la projection virent l’expression de transe de ces créatures repues, qui se transformaient en parfaits clones des hommes de leur banquet !

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