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Résumé :
Les gens de la ville ont peur des enfants. C’est pourquoi ces derniers vivent dans des pensionnats clos jusqu’à leur maturité.
Les douze élèves sélectionnés en classe de dernière année sont isolés du reste des enfants, puis présentés à quatre professeurs, chargés de les préparer à des vérités volontairement cachées. Ils suivent les cours sous une surveillance armée. Apprennent l’histoire de NASYA, leur monde ; la raison pour laquelle un dôme l’enveloppe entièrement. Étudient leurs rêves – ébauches de vies antérieures – à partir de perles conçues durant leur sommeil.
Les Perles de Nasya (Partie 25)
Les gardes qui campaient héroïquement leur position ne firent pas tous attention à ce détail. Aussi, un ingénieur ramassant son outil et le fracassant sur un garde trompé par son apparence humaine mit en branle la formation des défenseurs royaux. Alors que d’autres gardes tombèrent dans la ruse, tout le monde cria tout haut l’évidence.
Zirmi avait du sang noir plein les bras, les mains et le visage. Autour de lui, le nombre des gardes diminuait fatalement, de sorte que le roi Connrad fut contraint de manier l’épée.
L’intensité du combat troubla la vision des plus aguerris, si bien que personne ne pouvait prétendre avec certitude que son frère d’armes était réellement l’humain qu’il paraissait. Ceux qui hésitaient se faisaient tuer, et parfois, ceux qui tuaient le faisaient dans l’erreur. L’adrénaline dans une ambiance de mort, couplée à la paranoïa et à son propre instinct de survie, menait cette entreprise vers une folie sans borne.
Lorsqu’une interruption improbable survint.
Au-dehors, on entendait le ravage s’intensifier alors que dans la Tour, inexplicablement, les Sylvéides devinrent passifs, se considérant un moment entre eux, puis sortirent calmement de la salle. Quelque chose avait entravé leur dessein.
Seuls le roi et Zirmi manquaient à l’appel de la mort. Que valait-il mieux faire ? Rester dans ce piège à rats au milieu de leurs compagnons sans vie, ou sortir voir ce qui se passait. Ils s’aidèrent mutuellement à se relever, et empruntèrent le couloir. Sur la terrasse du deuxième étage, ils observèrent une scène inespérée : des anges attaquaient les Sylvéides !
Ce n’étaient pas des créatures, ils étaient aussi humains que les Nasyans, mis à part leurs ailes d’ange – il n’y en avait pas deux paires de mêmes couleurs. Le roi et Zirmi assistèrent stupéfaits à cette tentative de sauvetage et remirent le sort de tout un monde entre les mains d’étrangers. Espérant secrètement que ce n’étaient pas deux charognes se disputant le même repas, ou deux colonisateurs, la même terre.
En face d’eux, des ailes noires mécaniques battaient autour d’ailes rouges et blanches. À un autre endroit, ils en distinguèrent des pourpres et des orange qui se déployaient avec souplesse et dextérité. Au sol, il semblait y avoir un deuxième front ; dans cette bataille incohérente ressortaient un lynx géant et deux anges sans aile, lançant toute sorte de pièges explosifs.
Dans les airs, l’ange avec les ailes orange faisait brûler son corps et lançait du feu contre les créatures après un court instant de grâce, comme une danse de séduction.
Les combats se rapprochèrent de la Tour. Le roi Connrad et Zirmi ne purent toujours pas distinguer les visages des sauveurs ; ils devinèrent cependant trois femmes parmi les sept anges, deux dans le ciel et une au sol. L’ange aux ailes de feu en était une, tout comme l’autre aux ailes pourpres, qui utilisait une magie inconnue avec une violence à la hauteur de l’ennemi Sylvéide. L’ange aux ailes blanches tournoyait autour de ses acolytes, tantôt dans les airs, tantôt au sol, et utilisait parfois une arme tranchante qui transperçait toute une ligne de créatures. L’ange aux ailes rouges jetait sa lance dans la mêlée et disparaissait parfois en réapparaissant à un tout autre endroit.
Soudain, un Sylvéide apparut devant Zirmi, le domina de sa grande taille, arma un coup de griffes qui cisela la chair de sa joue. Zirmi tomba à terre.
Fin de la projection.
– Vous savez maintenant, dit Monsieur Zirmi en soulignant de ses doigts les trois cicatrices de sa joue, que vous pouvez traîner vos plus profondes plaies à travers vos vies. Allez, dégagez maintenant.