Les Perles de Nasya (Partie 31)

Les perles de Nasya

Catégorie : 

Fantastique/Merveilleux

Auteur : 

Lim

Résumé :

Les gens de la ville ont peur des enfants. C’est pourquoi ces derniers vivent dans des pensionnats clos jusqu’à leur maturité.
Les douze élèves sélectionnés en classe de dernière année sont isolés du reste des enfants, puis présentés à quatre professeurs, chargés de les préparer à des vérités volontairement cachées. Ils suivent les cours sous une surveillance armée. Apprennent l’histoire de NASYA, leur monde ; la raison pour laquelle un dôme l’enveloppe entièrement. Étudient leurs rêves – ébauches de vies antérieures – à partir de perles conçues durant leur sommeil.

Les Perles de Nasya (Partie 31)

– Eh bien… dit Mademoiselle Losada, j’espère que vous aurez le choix pour le prochain cours. Je vais vous donner une astuce pour rêver davantage.
L’attention de Lim Ledah se fit moins capricieuse tandis qu’à côté de lui Sun Abi se boucha les oreilles.
– Essayez de vous endormir plus tard, de préférence deux heures après l’extinction des fusées. Car ce n’est pas parce que vous dormirez plus longtemps que vous ferez forcément plus de rêves ; en vérité, c’est plutôt l’inverse. Vous savez ce qu’il reste à faire, Mademoiselle Sue.
Connrad et Simon proposèrent à Sue de venir veiller chez eux, ils s’occuperaient de ses cheveux.
– S’il vous plaît, intima Mademoiselle Losada. Bien, à vous, Monsieur Sun Abi.
Des lamentations en cœur s’élevèrent. Pourquoi ne pouvaient-ils pas savourer un moment si intéressant ?

Quand la scène de sa perle marron débuta, les yeux avertis des élèves s’appliquèrent à trouver un repère temporel ou géographique. Aucun signe sur la génération dans laquelle se déroulait ce fragment de vie. Néanmoins un repère géographique : la Tour Royale se tenait juste là. Un homme la contemplait sans toutefois prendre racine. Il entra à l’intérieur de la Tour par la porte principale, ornée des symboles historiques de NASYA, et protégée par les plus expérimentés des gardes royaux.
L’homme rejoignit des connaissances, revêtues du même costume. Tous tenaient un plateau ou des serviettes, et marchaient en ligne, parfois certains se séparaient pour entrer dans une pièce, et reformaient les rangs l’instant d’après. L’homme sur qui était centrée la scène pénétra dans la salle du trône avec trois de ses semblables, où le roi Connrad donnait audience à la requête d’un homme.
Les quatre porteurs de plateaux restèrent sur le côté, attendant que le roi leur fasse signe.

– Finalement, dit Connrad, c’était aussi intéressant. Je peux compter dès à présent sur un de mes serviteurs officiels, c’est appréciable.
– Sachez, Monsieur Connrad, répondit Mademoiselle Losada, qu’il n’y a aucune obligation à ce que les cycles de vie se ressemblent. C’est avant tout une question de choix.
Elle se tourna vers Sun Abi.
– Votre réputation de grand producteur de perles de rêve vous précède, jeune homme ; je vous encourage à toutes les visionner dès votre réveil…
La sensualité envoûtante de sa voix avait fait imaginer à Sun Abi qu’elle voulait lécher toutes ses perles.
– … afin de percevoir la direction de votre dessein d’évolution. D’ailleurs, c’est un bon exercice pour tout le monde : comprenez à travers le prisme de plusieurs vies ce qui motive votre être, les directions qu’il prend pour atteindre son devenir, et considérez-en les succès et les échecs.
Ensuite, Mademoiselle Losada proposa à Ella de présenter le contenu de sa perle marron. D’ailleurs, Ella ne comprenait pas bien cette couleur, habituellement réservée à un sens commun, banal au mieux. Car le rêve animant cette perle était pour elle un bref moment de romantisme qui la touchait profondément. Elle espérait faire partager cette émotion. Ce faisant, elle montrerait une facette différente d’elle-même, bien trop éloignée de son caractère actuel pour oser la dévoiler. Il est vrai qu’avec son air de garçon manqué et son phrasé cru, elle se montrait assurée, peut-être trop, pour mieux cacher son manque d’épanouissement.
Étrangement, les rares fois où elle s’habillait et se comportait de façon féminine, elle mettait mal à l’aise son entourage, et ses relations devenaient troubles. Alors elle s’abandonnait, revêtait un pantalon de garçon et parlait d’une franchise acerbe pour retrouver les faveurs amicales. C’était comme si les autres avaient décidé qui elle était, et quelles attitudes la définissaient. Ella portait souvent loin ses introspections pour savoir à quel moment elle avait montré ce caractère qui était considéré comme son état naturel.

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