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Une jeune femme se voyant contrainte d’arroser les plantes d’une bien étrange voisine…
Les plantes (Partie 2)
De retour dans mon appartement, bizarrement, mon chez moi me semblait soudainement tellement banal. Si vide, si terne.
Je crois que la compagnie des plantes me manquait.
Ce qui était encore plus étrange, c’est que j’étais persuadée d’être restée tout au plus vingt minutes dans l’appartement de ma voisine et pourtant, l’heure sur mon horloge de cuisine indiquait vingt-deux heures. Si je me remémore ma soirée, à dix-neuf heures trente, je réceptionne ma pizza et à environ trente-cinq ou quarante au grand maximum, j’entrais dans l’appartement d’en face.
Mais je suis loin d’avoir pris conscience d’être restée là-bas deux heures trente !
Quelle étrange soirée ! Épuisée, je vais me coucher sans trop réfléchir et m’endors d’une traite.
Le lendemain, on est dimanche, mais je suis pourtant debout à sept heures tapantes avec l’envie irrépressible de regagner le fameux royaume des plantes.
Je saute dans mes vêtements de la veille, attrape un bout de pizza froide restée sur la table basse du salon en guise de petit déjeuner et je file en face.
Cette fois-ci, sans aucune hésitation, j’ouvre la porte et pénètre dans le logement comme si c’était le mien.
Je n’allume pas la lumière, mais, comme le jour se lève, j’ouvre en grand les volets et je dis bonjour aux plantes. À toutes les plantes, mais surtout, plus particulièrement, à Alice et Andréa, le ficus et la fougère.
Je passe une bonne partie de la journée dans cet appartement qui n’est pas le mien à m’occuper des nombreuses plantes de Mme Mouliné. Quand soudain, mon portable se met à vibrer dans la poche de mon pantalon. C’est le père de ma fille qui apparemment s’impatiente devant la porte de mon véritable chez moi !
Mince ! Il est déjà dix-huit heures et il me ramène Alice ! Ni une, ni deux, je sors de chez ma voisine et me retrouve vite face à eux. Alice me saute au cou et m’assaille déjà d’une multitude de détails sur son week-end. Son père me parle aussi, mais j’écoute sans vraiment écouter. J’acquiesce bêtement à tout. J’ai l’impression d’être dans une autre dimension et je ne pense qu’aux plantes !
Une fois son père parti et me retrouvant seule avec ma fille qui commence à me demander ce que l’on va manger ce soir, je prétexte stupidement une panne de four et lui dit que la voisine, qui est partie en vacances, nous donne l’autorisation de se servir du sien.
Toute contente de découvrir l’antre de notre « méchante sorcière » de voisine d’en face, elle me suit gaiement.
Tout de suite émerveillée par cette étrange jungle qui nous entoure, je me fais à mon tour une joie de lui présenter son homonyme, le ficus.
Bizarrement, elle semble tout de suite fascinée par cette plante ! Elle me demande de lui apprendre à s’en occuper… Et reste longuement à l’admirer.
Les jours passent et ma fille, malgré son jeune âge s’occupe aussi bien de son ficus que moi de ma fougère.
Nous y mettons tant de nous même que nous en délaissons les autres plantes de l’appartement de madame Mouliné.
Le temps file et, c’est alors qu’un beau matin, ma chère voisine rentre enfin !
Qu’elle est aimable, polie et douce et elle nous propose même à boire… mais… mince alors ! Elle m’arrose et me parle comme à ses plantes ! J’ai les pieds dans la terre, les cheveux verts et je suis incapable de parler !
Quant à Alice, je crois bien qu’elle aussi est devenue une plante, un magnifique ficus placé en face de moi !
Ça m’apprendra à penser trop fort que ma voisine est aussi aimable qu’une vieille sorcière, apparemment, c’était aussi vrai au sens propre qu’au figuré et elle a fini par bien se venger de moi !
Voyons le côté positif, maintenant, elle va nous choyer et puis… je suis une belle plante…