Les spaghettis (Partie 1)

Catégorie :

Fantastique/Merveilleux

Auteur :

Margotte625

Résumé :

Quand une jeune fille se met à cuisiner après un chagrin d’amour…

Les spaghettis (Partie 1)

Assise et pensive devant la fenêtre. La pluie tombait depuis des heures maintenant, un peu comme pour en rajouter à la mélancolie de cette journée. Elle suivait de son doigt les gouttes s’échouant sur la vitre. Pendant ce temps, elle ne se rendait pas compte, que telles les gouttes de pluie, sur ces joues à elle, coulaient des larmes.
La sonnerie du téléphone se mit à sonner, mais elle ne bougea pas. Elle ne l’entendait probablement pas d’ailleurs. Le seul bruit qui lui parvenait encore était celui du cliquetis de cette pluie incessante.

Elle se sentait comme dans un monde parallèle : physiquement, elle était effectivement là, bien présente. Intérieurement, elle était en miettes, déchirée et ne se sentait plus vraiment elle-même.
Ceux qui la connaissaient bien auraient dit d’elle que c’était une femme forte, qui aimait rire de tout, qui aimait le monde, qui était curieuse.

Mais aujourd’hui, à cet instant même, assise sur ce gros fauteuil près de la fenêtre, que restait-il vraiment de cette femme ? Elle ressemblait plus à une petite poupée de porcelaine fragile ou à une poupée de chiffons chiffonnée et délaissée qu’à une jeune femme.

Elle avait toujours détesté les poupées, sans trop savoir pourquoi, celles-ci lui faisaient plus peur qu’autre chose, à cause de l’image figée et sans vie qu’elles renvoyaient souvent.
Et pourtant là, c’était bien à ça qu’elle ressemblait et elle aurait même bien aimé en avoir une vraie à serrer contre elle.
Puis non, ce n’était pas une poupée qu’elle voulait serrer contre elle. Elle devait être réaliste, elle voulait simplement pouvoir le serrer lui, une dernière fois.
Lui, cet homme qu’elle aimait si fort et qui avait quitté sa vie, comme ça du jour au lendemain.

Soudain, comme poussée par une motivation sortie de nulle part, elle se leva, essuya ses larmes du revers de la manche de son gros gilet de laine bleue et se dirigea vers la cuisine.
Elle sortit alors du placard, une casserole qu’elle remplit d’eau qu’elle fit bouillir et y versa des spaghettis.
Il était tout juste dix-huit heures, un peu trop tôt pour dîner et de toute façon, elle n’avait pas faim. Son estomac était noué comme jamais et elle se demandait même si elle ressentirait à nouveau l’envie de manger un jour.
Mais alors pourquoi était-elle penchée au-dessus de cette casserole à surveiller la cuisson de ces pâtes, avec l’impatience d’une enfant qui aurait hâte de les dévorer ? Elle avait même sorti la sauce bolognaise et le parmesan à mettre dessus.
Malgré ce soudain enthousiasme à cuisiner, elle pleurait toujours et quelques larmes tombèrent dans la casserole. Elle sourit légèrement en s’en apercevant et murmura pour elle-même : « Comme ça pas besoin de sel. »

Elle sortit enfin ses spaghettis de l’eau, les égoutta, puis elle regarda la bouteille de sauce bolognaise toute prête qu’elle avait envisagé d’utiliser plus tôt, et décida de finalement la remettre à sa place. Cette fois, elle décida de faire elle-même une sauce pour accompagner son plat.
Elle prit alors quelques tomates qu’elle avait achetées la veille à l’épicerie du coin et se mit à les couper.
Mais, aveuglée par ses larmes, elle n’était pas très adroite et se coupa le doigt. Un peu de sang se mélangea aux tomates qui devinrent l’ingrédient principal de sa sauce. Amusée elle se dit en elle-même : « Rouge sang ou rouge tomate, c’est un peu la même chose. »

Elle nappa alors les spaghettis de sa sauce fin prête.
Elle trouvait que ça sentait bon et se mit à sourire.
Il ne lui restait plus qu’à ajouter un petit peu de parmesan sur le dessus de son plat et il n’y aurait plus qu’à déguster.

Elle saupoudra abondamment les pâtes de fromage. Puis elle contempla avec fierté son œuvre culinaire.
Elle s’aperçut alors que l’un de ses cheveux longs et dorés s’était malencontreusement déposé au milieu du fromage et de la sauce.
Sans se laisser perturber, elle se parla à elle-même : « Je ne vais tout de même pas risquer que mon plat ne ressemble plus à rien, en essayant d’enlever ce cheveu. Tant pis, ça passera inaperçu. »

Après tout cela, elle rangea son plat au réfrigérateur et alla se coucher sans avoir pris la peine de dîner.

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