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Résumé :
Médith est une petite fille pleine de surprises et très curieuse. Elle est la princesse héritière d’un royaume perdu dans les pays nordiques.
Médith (Partie 4)
La découverte qu’elle fit lui coupa le souffle. Ainsi, Médith venait d’être sauvée des griffes d’un ours féroce par la personne que la famille haïssait par-dessus tout : Lord Munbett. Cet homme aux cheveux gris et à la carrure maigrichonne était, en plus de ces atouts indéniables, fort jaloux de la tournure qu’avait pris le gouvernement. Il prenait un malin plaisir à critiquer chaque décision du roi.
La rumeur la plus répandue qui circulait à propos de cela était que Lord Munbett était jaloux du roi depuis l’enfance. Une querelle d’adolescents qui aurait pris des proportions peu élogieuses et dont on n’a plus jamais parlé. Mais aucune personne au village ni dans les domaines aux alentours n’en connaissait la véritable raison.
C’est pourquoi l’acte de secours qu’il venait d’accomplir en sauvant la petite Médith, fille du roi, en aurait surpris plus d’un.
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Une fois suffisamment éloignés du danger que l’ours leur avait procuré, Médith interrogea l’homme qu’elle croyait être « son ennemi » :
« Lord Munbett ? »
L’homme s’assit doucement sur un rocher et se tourna lentement vers elle, en l’encourageant à poursuivre :
« Oui jeune fille ? »
Son regard était énigmatique. Il ne reflétait aucune émotion. Ni colère, ni peur, mais ni tristesse ou surprise non plus. Médith ne se sentit pas totalement en confiance, mais elle tenta d’oublier ce qu’elle ressentait :
« Vous savez qui je suis ? »
« Bien sûr, Médith. Je sais très bien qui tu es, mais tu ne méritais pas de mourir de cette façon. »
Il se mit à ricaner d’une manière lente, presque imperceptible et inhumaine.
Médith en eut des frissons dans le dos. Elle se trouvait désormais seule dans la forêt avec le pire ennemi de la famille. Le ciel commençait à s’assombrir et il était temps pour elle de rentrer. Elle se leva doucement, comme pour ne pas troubler le silence qui régnait ici. Son souffle s’était quelque peu ralenti comme bloqué par une sorte d’étouffement. Comment cela pouvait-il en être autrement ?
Plus le temps se dégradait – les nuages noirs parvenant à couvrir tout le ciel – et plus la présence de Lord Munbett à ses côtés la dérangeait.
« Bon, eh bien, je vais y aller. Merci de m’avoir secourue Lord Munbett. Je vous recommanderai chaleureusement à mon père à l’avenir pour votre bonté. »
Elle s’apprêtait à partir en direction du château quand elle s’aperçut que plusieurs chemins s’offraient à elle dans les bois devant et qu’il lui était impossible de se souvenir du bon : celui qui allait la ramener jusqu’à sa chambre royale.
La panique commença à l’envahir, d’autant plus qu’elle devait réaliser ce parcours avant la tombée de la nuit. C’était le deal qu’elle s’était fixée avec elle-même avant son départ.
Elle sentait de plus en plus sa cage thoracique appuyer si fort sur ses poumons qu’elle en attrapait la nausée.
Alors qu’elle avançait vers le chemin de droite, décidée à ne pas rester indécise devant Lord Munbett, elle sentit une main squelettique saisir son bras derrière elle. Une prise ferme et décidée qui ne paraissait pas lui laisser d’autre choix que celui de rester ici.
« Où crois-tu aller comme ça ? » demanda la voix qui n’était autre que celle du terrifiant Lord Munbett. Une voix grinçante et sans grande vigueur.
« Je… Je… »
Elle voulait répondre, mais un fluide glacial lui gelait les veines. Elle ne trouvait pas les mots pour lui répondre. Elle ne parvenait pas à trouver le courage de lui compter une pacotille afin qu’il ne découvrît pas qu’elle voulait le fuir lui.
Mais son silence avait eu raison d’elle. Médith savait que Munbett n’était pas si bête que cela, qu’il avait compris et que cela faisait même un bout de temps qu’elle était piégée.
Il fallait qu’elle respire. Si elle faisait un malaise, elle savait que la fin serait proche. Lord Munbett pourrait l’emmener très loin d’ici et jamais elle ne retrouverait son chemin. Jamais plus on entendrait parler d’elle.
Médith se tourna alors vers Lord Munbett qui lui souriait, prenant tout le courage qui lui restait caché à l’intérieur d’elle pour lui faire face.
« Tu pensais me fausser compagnie sans même me remercier, petite ? » l’interrogea-t-il.
« Je vous ai dit merci ! » répondit-elle du tac au tac, en s’en voulant de manquer de prudence.
« Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais et surtout pas vraiment ce que j’avais décidé, vois-tu, jeune fille ? »
« Non… »
Médith prit une grande inspiration et décida de continuer à monopoliser la parole dans cette discussion. Elle dit alors :
« Je pensais prendre ce chemin pour retourner chez moi, auprès de ma famille qui doit s’inquiéter. »
Le vent se mit à souffler dans les arbres donnant encore plus un air menaçant à la situation. C’est à cet instant que Lord Munbett précisa une chose à laquelle Médith ne s’attendait pas ;
« Je suis convaincu qu’ils ne vont pas s’inquiéter et je ne m’en ferais pas pour eux si j’étais toi, jeune fille. »
Sa voix mystérieuse avait semé le doute dans l’esprit de la jeune. Pourquoi lui parlait-il de cette façon ? Qu’est-ce qu’il attendait ?