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Depuis que le Graal a été retrouvé par Arthur et ses chevaliers, le monde magique se meurt. Éoline, la nouvelle grande prêtresse d’Avalon, cherche des conseils avisés auprès de la déesse Mère, pour éviter que tout ce qu’elle a connu ne se fonde dans les ténèbres de l’obscurantisme.
Une nouvelle ère (Partie 5)
L’elfe désirait mener à bien cette mission et, même si les dires du magicien l’intéressaient, elle ne voulait pas perdre de temps en paroles inutiles. Éoline lui jeta un coup d’œil réprobateur. La guerrière avait joué son rôle et elle ne devait plus interférer à présent. Merlin s’était tu et avait fermé les poings. Sourcils froncés et respiration haletante, le sage ne tarderait pas à les expulser de chez lui si l’envie lui en prenait, et cela semblait être bien parti. Elles n’avaient pas fait tout ce chemin pour rien. La Dame d’Avalon savait quoi faire.
– Merlin, puis-je voir Viviane, je te prie.
– Non.
La réponse avait fusé, brutale. Éoline et l’enchanteur se mesurèrent du regard. Le combat intense qu’ils se livraient intrigua Arya. L’elfe esquissa un sourire devant la ténacité de la grande prêtresse. La guerrière la soupçonnait d’avoir un plan machiavélique derrière la tête.
– Merlin, puis-je voir ma mère, s’il te plaît ? J’en ai besoin.
L’enchanteur grogna et se détourna d’elles. De dos, Éoline le trouvait terriblement affaibli et cela la toucha. Fut un temps, il avait été comme un père pour elle mais la vie les avait éloignés et leur lien s’était estompé. L’amour qu’il portait pour sa mère n’avait pas disparu et la jeune femme comptait s’en servir. Arya s’impatientait et insultait le magicien en silence. Ses sursauts d’âme ne signifiaient rien face aux ténèbres qui allaient survenir. Il devait agir pour le bien commun. Quelques longues minutes passèrent et torturèrent le duo, impatient de retourner chez lui, sur son île bien aimée. Merlin se mit soudain à avancer en silence et les deux jeunes femmes se sourirent. Il allait les mener à Viviane.
Atteindre le Val sans retour ne fut pas long. Merlin, toujours en tête, avait marché à vive allure et Éoline se serait fait distancer si Arya ne l’avait pas soutenue. La guerrière avait fulminé tout le long et la grande prêtresse avait tenté de l’apaiser. Le caractère du conseiller ne s’était jamais accordé avec grand-monde et son franc parler ne plaisait guère. Sa mère lui avait expliqué comment adoucir Merlin et à quel moment lui parler quand elle voulait lui demander un biscuit ou une faveur. Éoline n’aurait jamais songé que ces apprentissages lui serviraient un jour comme celui-ci. Viviane, comme le font toutes les Dames du Lac, ne l’avait pas élevée comme une mère aimante et avait souvent été absente. Éoline lui en avait voulu longtemps avant de se rendre compte qu’elle avait été obligée d’en faire de même avec sa propre fille. Les obligations de sa position ne pouvaient malheureusement s’encombrer de sentiments et elle le regrettait souvent. Parfois, dans ses rêves cachés, elle s’imaginait autre, une femme sans charge ni devoir, élevant simplement ses enfants et profitant de l’aura protectrice de son mari. La vie l’avait menée sur un tout autre chemin.
Le trio descendit de nombreuses marches sous les râles intempestifs d’Arya dont le poids d’Éoline commençait à se faire ressentir. La grande prêtresse ne cessait de s’excuser mais cela n’arrangeait rien. L’elfe finit par se taire face au décor somptueux du Val, creusé en profondeur dans la roche. Celle-ci, gravée et sculptée joliment, brillait et reflétait l’éclat du lac qu’elle protégeait en son sein. Arya n’en croyait pas ses yeux. Elle n’aurait jamais songé qu’un tel endroit puisse exister sur Terre. Merlin ne s’émerveillait plus de ces visions quotidiennes et n’avait toujours pas desserré les dents.
– Éoline, est-ce bien toi ? chuchota une voix douce.
Viviane, allongée sur un banc en pierre en bordure du lac, souriait faiblement, les mains sur le ventre et une fine couverture sur le corps. Sa fille marcha péniblement vers elle et s’agenouilla tout en lui prenant les mains et déposant un baiser sur sa joue. La grande prêtresse souffrait de voir sa mère ainsi malade. Depuis la découverte du Graal, Viviane perdait petit à petit ses pouvoirs ainsi que son essence vitale. Merlin se positionna au côté de sa bien-aimée et lui caressa doucement les cheveux. Il n’aimait pas s’éloigner d’elle et ressentait constamment le besoin de la protéger. Ses espions l’avaient averti de la présence d’intrus et sa tendre l’avait prié d’aller vérifier que l’aura magique qu’elle détectait correspondait bien à celle de sa fille. Le conseiller n’avait pu refuser et s’était éloigné à contrecœur.
– Comment va Delenn ? questionna Viviane qui s’était redressée avec difficulté pour faire face à sa fille. Comment va Morgane ?
– Ma fille… Je n’ai plus de nouvelle d’elle, répondit Éoline avec tristesse. Et pour Morgane, un groupe doit la délivrer… Je… Comment faisais-tu pour supporter tout ça ?