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Où un prince fait une belle rencontre dans le désert…
Promeneurs dans le désert (Partie 2)
Oumaïcha fut réveillée quelques heures plus tard, par un bruit probablement humain. Elle se leva tant bien que mal, elle avait rêvé d’eau, de fonds marins, lui rappelant sa réalité.
– Madame ! fit une voix douce, d’homme. Prends ma main.
– Oh, je…
– N’aie pas peur. Je suis le prince Kamel Bin Talith. Et toi ?
– Oumaïcha. Mais attends, je crois que…
Elle attrapa sa tunique, l’enfila, puis fit virevolter ses cheveux. Kamel sourit.
– Ça ira mieux comme ça, non ? reprit Oumaïcha. Tu tombes bien, prince Bin Talith.
– Mon prince ! lança un homme de la caravane, alarmé. L’eau de cette oasis n’est pas pure !
– Comment cela, Mustapha ?
– Regarde donc ! On ne va pas faire boire ici nos chameaux, ni nous-mêmes !
– Un instant.
Kamel soutint Oumaïcha pour marcher. Elle était un peu gênée, croyant comprendre sa bêtise en se baignant dans… comment appelaient-ils cela, déjà ? Mais elle se tint debout, et alla s’adosser à un palmier. Kamel alla voir l’oasis, et fit la même constatation que ses hommes : l’eau était impropre à la consommation.
– C’est vrai, il y a des puits de pétrole pas loin… Où est la prochaine oasis, Abdallah ?
– À vingt kilomètres d’ici. En se rapprochant de la mer, l’eau sera de meilleure qualité.
– Va voir l’état de nos ressources, puis nous repartirons. Où est Oumaïcha ?
– Je suis là, prince, derrière toi.
– Je m’étonne de voir une femme seule dans le désert. Tu n’y es pas à ta place.
– Non, en effet. Je voudrais retrouver la mer.
– Et comment es-tu arrivée ici ?
– Je ne sais pas très bien. Je nageais dans une eau bizarre, et j’ai émergé dans le coin.
Kamel regarda Oumaïcha, intrigué.
– Ça ne fait rien, fit-il. De toute façon, nous allons à Doha, ce n’est pas très loin de la mer. Nous t’y mènerons.
– Oh, merci ! s’écria Oumaïcha, soulagée, et elle sauta au cou du prince.
C’est alors qu’elle s’avisa qu’il n’était pas habillé comme les autres : le chèche mis à part, Kamel était vêtu à l’occidentale, avec un pantalon, et une chemise blanche. Il eut un sourire, lui caressa la joue mais ne fit rien de plus.
– Mais d’où viens-tu, toi ? demanda Oumaïcha, le lâchant.
– D’Arabie Saoudite. Je viens rendre visite à mes cousins de Doha, ici au Qatar.
Le silence s’installa. Oumaïcha le regarda, toujours étonnée. Kamel semblait jeune, et il était très beau, avec un regard doux et intense. Elle se mordit la lèvre.
– Mon prince !
– Oui Abdallah ?
– Nous pouvons encore faire vingt kilomètres, mais pas plus, en nous restreignant un peu sur l’eau.
– Je… j’ai un fond dans ma gourde… indiqua alors Oumaïcha.
– Garde-la pour toi, Oumaïcha, lui dit Kamel avant de se retourner vers ses hommes. Très bien, nous repartons sans tarder. Salim, aide cette jeune femme à monter sur mon chameau.
– Bien mon prince.
Oumaïcha en fut soulagée, surtout pour ne plus avoir à marcher. Devant elle, Kamel menait l’animal de main de maître.
– Tu es très étrange, lui dit-il, mais cela me plaît. D’où viens-tu ?
– De la mer.
– Mais encore ?
– C’est la vérité, prince Bin Talith. Mène-moi à Doha, et tu comprendras. Parle-moi plutôt de toi, de ta cour. C’est quelque chose qui ne m’est pas familier…
– Et moi, je ne m’y suis jamais vraiment habitué. J’aurais aimé ne pas être prince, c’est pour ça que je m’habille ainsi. Il y a des contrées très accueillantes, plus au nord. Avec une chaleur moins écrasante.
– Je ne sais pas, je ne connais pas.
– Si tu viens de la mer… sans doute es-tu d’une famille de pêcheurs…
– On peut voir les choses ainsi, mon prince.
– Tu es très belle, Oumaïcha.
– Merci.
– Mon père voudrait que je me marie, mais si je te le présentais, il n’apprécierait pas que tu ne portes pas de voile…
– Cette tunique est tout ce que j’ai. Avec la gourde. C’est un homme du désert qui me les a données.
– Tu dois être une femme indépendante.
– Oui, c’est vrai.
– Ça me plaît. Et que se passera-t-il, à la mer ?
– Je verrai, répondit prudemment Oumaïcha. Mais nos chemins devront se séparer. Tu es un homme du désert, toi aussi.
Kamel soupira, changea de sujet, et ils bavardèrent jusqu’à arriver à l’oasis suivante, quelques heures plus tard. Oumaïcha apprit beaucoup des voyages de Kamel et, quand ils descendirent de leur chameau pour se reposer, il la baisa respectueusement au front.