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Où un prince fait une belle rencontre dans le désert…
Promeneurs dans le désert (Partie 3)
– Je vais remplir ta gourde moi-même, petite princesse du désert.
– Oh, de toute façon, j’ai besoin de sentir de l’eau sur mon visage.
– Nous sommes tous ainsi, à vrai dire.
Oumaïcha eut un beau sourire.
– Il fait très chaud, dit-elle.
– Justement. Suis-moi. Et ne t’inquiète pas, je ne volerai pas ta gourde.
Ils se rafraîchirent tous à l’oasis, alors que les chameaux buvaient non loin d’eux. Des hommes du prince cueillirent des dattes, quelques rares plantes comestibles, et voyant cela, Kamel déclara qu’ils allaient se restaurer avant de repartir. Ce qu’ils firent, mais Oumaïcha mangea peu, disant qu’elle n’avait pas faim.
– Ça ne va pas ? lui demanda finalement Kamel.
– Si, ça va, rassure-toi. J’ai surtout besoin de repos, et de… retrouver la mer.
Et Oumaïcha eut un beau sourire.
– Nous devrons peut-être nous arrêter encore une fois avant d’arriver à Doha. Tu tiendras le coup ?
– Oui, répondit Oumaïcha avec un mouvement résolu du menton.
– Tu es courageuse.
– Oui, le désert n’est pas mon milieu naturel.
– Je crois l’avoir compris. Mes amis, vous sentez-vous de repartir maintenant ?
– Oui mon prince, répondirent les quatre autres hommes de la caravane.
– Nous avons hâte d’arriver, nous aussi, dit Abdallah.
– Donc vous venez de loin, comprit Oumaïcha.
– Oui, l’Arabie Saoudite est très grande, lui dit Kamel. Nous venons du nord. Moi aussi j’ai hâte d’arriver à Doha. Mes cousins sont bornés, mais très gentils, à part ça.
Cela fit sourire ses hommes. Après le repas, ils se lavèrent de nouveau les mains, et repartirent peu après, Oumaïcha toujours sur le chameau du prince. Mais la nuit tomba vite, et il fallut bivouaquer. Ils s’arrêtèrent à une oasis un peu plus étendue, et dormirent sous les étoiles.
Ils arrivèrent à destination le lendemain, peu avant que le soleil soit au zénith, mais avant d’aller dans sa famille, Kamel mena, seul, Oumaïcha à la mer.
– Vas-y, va te baigner, lui dit-il. Tu en meurs d’envie, je crois.
– Tu ne peux pas savoir à quel point, fit Oumaïcha en souriant.
Mais elle n’était pas capable de courir, faisant de petits pas dans le sable. Enfin, elle plongea avec délices dans l’eau bleue, donna un coup de queue, et réapparut à la surface, laissant Kamel stupéfait.
– Oh mon Dieu ! s’exclama-t-il.
– Excuse-moi pour le dérangement, dit humblement Oumaïcha. Tu ne m’en veux pas ?
– Pas du tout.
Le prince s’agenouilla sur le sable, près des vagues.
– Tu vas être tout mouillé, prince Bin Talith.
– Je suppose que… il faut donc nous dire adieu…
– Approche-toi.
La sirène avança un bras vers lui. Le prince attrapa son poignet, lui baisa la main.
– Ta rencontre m’a rempli de joie, articula-t-il.
– Attends.
Oumaïcha se dressa hors des flots, pour lui rendre son baiser.
– Merci, prince Bin Talith. Tu es quelqu’un de bien. Tu rencontreras une femme qui vaudra dix sirènes comme moi, et que tu chériras. Vous aurez des enfants. Tu es un homme de la terre, pas moi.
– Pou… pourrai-je t’apercevoir de nouveau ?
– Je ne sais pas. Pardonne-moi, mais j’appartiens à la mer, et son étendue est plus vaste que les terres. Au revoir, mon beau prince.
Et Oumaïcha plongea alors que Kamel murmurait un au revoir. Il écrasa une larme et s’en alla, mais sans cesser de se retourner. La sirène avait disparu.
Il lui fallut quelques temps pour se remettre de cette rencontre, et même une fois marié et heureux père de famille, il allait souvent sur un petit rocher face à la mer, espérant revoir sa sirène…