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Résumé : Un conteur, à la renommée sans pareille, ramène d’un de ses voyages à la Cité Engloutie, un magnifique artefact magique, un tapis volant. Le passé refait surface et les légendes côtoient la réalité, quand une foule curieuse le harcèle pour qu’il détaille ses prouesses.
Solde de tout conte (Partie 2)
– Oui, mes amis, un feu bleu ! Je ne
vous mens pas. Dans la moiteur de la nuit, je crus d’abord à un
mirage mais mon flair décela des particules étonnantes et je
m’approchai davantage. Plus j’avançais et plus je frémissais
d’excitation. Je ne voyais personne aux alentours et les flammes
crépitaient dans un fracas assourdissant, variant de l’azur au
céruléen foncé. Je m’étonnai d’être seul. Qui avait généré
ce feu ? Était-ce une… malédiction ? Était-ce… un maléfice
?
Je fis peur à ceux placés devant quand ma voix s’éleva
et que je me penchai en avant, prononçant distinctement chacun des
mots terrifiants dominés par le mal. Un bébé se mit à pleurer
dans le silence tendu. Je les tenais et je jubilais. « Était-ce
l’œuvre d’un magicien ? », « T’es-tu enfui ? », « As-tu eu
peur ? », « Pour sûr, c’était une malédiction ! », me disait
la foule, avide de connaître la suite.
– J’ai eu peur !
Je ne suis pas si différent de vous mes amis et toute cette
situation m’a paru des plus grotesque. Je m’attendais à un
piège. Ce bleu ne pouvait être vrai. Je ressentais la chaleur du
feu alors que je tendais les mains. La qualité de cette illusion me
fit frissonner tant elle semblait réelle. Je posai mon regard autour
de moi et ne vis toujours personne. De la sueur coulait de mon front,
à cause de mes craintes et du feu endiablé qui gigotait à quelques
pas. La lune noire ne me fut d’aucun réconfort cette nuit-là. Je
sentis une odeur étrange qui me rappela mon enfance, mes heures
passées à écouter les contes des mille et une nuits auprès de ma
mère chérie. Paix à son âme. Des femmes soupirèrent de tristesse
dans l’assemblée.
– Ce feu ne pouvait être que l’œuvre
d’un… magicien !
Mon exclamation triomphale fit sursauter
les endormis et tous les enfants applaudirent avec enthousiasme. Ils
adoraient les histoires surnaturelles. Certains couples firent des
mines épouvantées, quand d’autres soufflèrent de dépit. Ils ne
me croyaient certainement pas tous, mais cette fois, j’avais
apporté une preuve. Ils ne pourraient plus dire que mes récits
manquaient de crédibilité.
– Je sus alors ce que je devais
faire et je me mis à avancer en direction du feu ! Ne me demandez
pas comment, ni pourquoi, mais je sentais que tel était mon destin.
La magie attirait tout mon être et … je plongeai dans les flammes
bleues de l’enfer !
Les bouches ouvertes se multiplièrent.
Je fis abstraction des commentaires néfastes des sceptiques.
–
Les sensations de brûlure ne durèrent pas et
j’atterris dans un autre lieu. Je jubilais car mon intuition avait
été juste ! Le feu magique était en fait une porte vers l’antre
d’un magicien.
« Comment as-tu su que c’était celle d’un
magicien ? », « C’est vraiment n’importe quoi ! », «
Qu’est-ce qu’il y avait dans cet antre ? », palabrait le public,
à tort et à travers alors que je reprenais doucement mon
souffle.
– J’ai su qu’un magicien utilisait ce repaire
car certains éléments ne pouvaient tromper… Après la surprise,
je découvris des étagères pleines de livres et de fioles, des
papiers qui jonchaient le sol et un bureau en bois, ainsi qu’un…
cadavre !
« Mon Dieu ! », fit la foule dans un terrible
boucan. Mon sourire effrayant refit surface. Un petit garçon hurla
de terreur, se cachant les yeux, vite secouru par sa mère.
L’imagination des jeunes m’impressionnerait toujours. Je ne
pouvais rêver de meilleurs auditeurs.
– Le corps mort d’un
homme à la robe violette et à la longue barbe grise gisait sur le
ventre, à quelques pas de moi. N’est-ce pas le portrait d’un
magicien ? Du sang chaud coulait de sous ses vêtements et formait de
longues flaques. Je ne vis pas d’armes mais je sus que le magicien
avait été tué récemment et la peur m’envahit. Je ne savais pas
quoi faire. Ce fut alors qu’une chose douce me toucha l’épaule.
Je me retournai en hurlant et aperçus… un tapis volant !
«
Ouah ! », crièrent les enfants à mes pieds.
– Mes amis,
j’ai réussi à retrouver un tapis volant, un artefact incroyable
que l’on pensait disparu à jamais ! Il a bien voulu me suivre pour
que tous puissent admirer de nouveau sa magnificence. Le magicien
l’avait emprisonné et il avait besoin de moi pour traverser le
feu.