Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.

Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.
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Résumé :
De terribles monstres rôdent dans un enfer déjà bien sombre. Sur une Terre privée de tout et emplie de vide, seuls restent des enfants. Parviendront-ils à survivre sans l’aide des adultes, de leurs parents et de tout un savoir perdu à jamais ?
Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.
Sombre héritage (Partie 1)
Ma journée était loin d’être finie et l’accablement m’atteignait déjà. Jetant ma cigarette par terre et l’écrasant violemment avec plaisir, je repris le chemin du commissariat. Il pleuvait depuis ce matin et les rues inondées charriaient des tas d’immondices que plus personne ne s’occupait à ramasser depuis longtemps. La ville puait mais on s’y était habitués. L’odorat de cette humanité n’existait plus et n’avait de toute manière pas de raison d’être. Nombreux étaient les métiers qui avaient disparu, faute de connaissance et de main d’œuvre. Les plus essentiels nous manquaient cruellement et certains groupes politiques tentaient de nous amener la lumière. Ils ne comprenaient pas que nous n’avions plus rien à éclairer et que le noir nous convenait.
Je ralentis le pas pour examiner le cadavre d’une jeune fille, joliment étalé près de sacs poubelles déchiquetés. Le sang était frais, coulait et créait de belles flaques autour de sa peau blanche. Ses sous-vêtements étaient encore positionnés à leur place et me gâchaient le spectacle. Sa mort n’avait pas été douce au vu de son expression terrifiée. De multiples brûlures et coupures la recouvraient de part en part. Des traces autour du cou indiquaient que le meurtrier l’avait étranglée et qu’elle s’était débattue. Pauvre fille. Je sortis une pomme de ma poche et en croqua un morceau. La vie n’avait plus de valeur depuis longtemps et la loi du plus fort n’avait jamais été aussi vraie. Des rats et autres bestioles bien plus répugnantes commencèrent leur approche en vue d’un repas exceptionnel. Je partis, les laissant à leur festin.
La pomme était juteuse et je m’en félicitai. J’avais eu raison de choisir celle qui brillait le plus et qui était le plus rouge, comme celle de Blanche-Neige. Je me souvenais encore très bien de ce conte. Ma mère adorait cette histoire et me la racontait souvent. Mais c’était avant. Avant la fin du monde. Avant qu’elle ne parte, comme tous les autres, pour un monde bien meilleur que celui que cette catastrophe nous avait laissé. Quelle bande de lâcheurs ! Je les haïssais tous et les détestais de ne pas m’avoir emmené avec eux. Du haut de mes douze ans, j’étais devenu une personne des plus cyniques et des plus méprisables. Je ne me reconnaissais plus et ne savais si je m’aimais ou non comme ça. Tout était flou et mes jours nageaient dans un vague continuel jusqu’à ce que je me drogue pour m’endormir et rêver des bisounours. Étrangement, ils finissaient toujours par se trucider avant que je n’ouvre les yeux. Quel monde de merde ! Et il avait déteint sur moi.
Je jetai mon trognon de pomme par terre et remis mes mains dans les poches. Je passai devant des appartements aux portes défoncées et aux fenêtres brisées, par lesquelles je pouvais entendre toute la folie de ce quartier. Des couples se disputaient et se battaient, des amis se frappaient et s’insultaient et d’autres énergumènes tabassaient leur chien ou leur chat. Plus rien ne m’étonnait. Des cris et des pleurs de bébés englobaient le tout et apportaient à l’ensemble une atmosphère irréaliste. Mon imagination était fertile et d’abominables scènes me traversèrent l’esprit. Mon regard se posa sur des restes de tôle qui traînaient près d’un perron. J’en ramassai un de forme triangulaire. Il pourrait m’être utile. Ma trouvaille sous le bras, je repris la route.
Le commissariat était dans un état de dépravation avancé. Il ne restait que la lettre C sur le devant et le bâtiment penchait de travers. Une partie du second étage s’était effondrée et cela n’inquiétait pas grand monde. Ceux du premier, qui n’étaient plus abrités par un toit, n’arrêtaient pas de se plaindre et ils avaient raison. La pluie ne les aidait pas à garder leurs documents au sec et à calmer leurs éternuements répétitifs. En même temps, à quoi pouvaient bien servir leurs archives ? Combattre le crime était une idéologie qui avait perdu tout son sens. Mes collègues s’occupaient simplement à noter tout ce qui se passait et essayaient de conseiller les gens, ce qui n’était déjà pas si mal.
Beaucoup trop forts, les criminels et les fous furieux nous échappaient à chaque fois ou nous tuaient. Nous tenions trop à la vie pour s’aventurer sur ce terrain et laissions les malades poursuivre leurs atrocités sans broncher. Aucun de mes partenaires ne savait se défendre ou se battre. Seulement deux d’entre nous avaient appris à manier une arme à feu. Toutes les connaissances s’étaient perdues et le maintien de l’ordre avec. Nous faisions de notre mieux et le réalisions bénévolement. L’argent n’existait plus, Internet avait disparu et tous les autres moyens de communication avec lui.