Catégorie : Fantastique/Merveilleux
Auteur : Chiaramarino
Résumé : Une novice en sortilèges invoque la Lune…
Sortilèges, partie 2
« Ô cavaliers, où m’emmenez-vous ? »
Mais ils ne répondent pas.
Quant à elle, sa peur grandit, car elle a la sensation d’être victime de son propre sortilège. Elle voudrait revenir en arrière, mais les chevaux vont si vite, ils semblent avoir des ailes. Et toujours, la lumière du phare paraît n’avoir pas bougé. Les chevaux sont pourtant au galop.
Alors la jeune femme lance un cri, espérant une aide quelconque. La lune apparaît alors derrière les arbres. A cet instant précis, la jeune femme glisse du cheval, tombe dans la boue. Mais sa robe colle, la gêne dans ses mouvements. Et en plus, les cavaliers rebroussent chemin, pour aller voir ce qu’il se passe.
A la lueur de la lune, la jeune femme aperçoit enfin leurs visages : ce sont des hommes jeunes, bruns, le regard assez doux. Ils lui parlent dans leur langue.
– Bienvenue dans les sortilèges de la nuit !
La lune, sous la forme d’Hécate, glisse dans le ciel, se faufile entre les arbres, s’approchant du petit groupe.
– Tu n’es pas comme les autres, dit-elle à la jeune femme, et un rai de lumière se fait autour de cette dernière.
Elle est alors couverte de boue, et complètement échevelée. Et elle se sent alors soulevée. Ce sont les bras d’Hécate, de la Lune. Les cavaliers les regardent, s’exclament. Mais la lune entraîne la jeune femme dans les arbres, dans le ciel. Elles baignent dans la lumière. La jeune femme entend les quatre cavaliers l’appeler. Mais Hécate lui fait un froid baiser, l’étend confortablement dans ses bras. Elle emmène sa protégée à un étang, où celle-ci peut plonger dans le reflet de la lune, lui permettant ainsi de se débarrasser de cette boue dont elle est recouverte. Ses yeux se mettent à briller. C’est alors comme si les arbres s’écartaient.
– Mademoiselle !
Elle sort de l’étang, se redresse. Sa robe, dans le mouvement, dévoile une jolie poitrine ferme. Mais Hécate est toujours là, et la novice se réfugie dans ses bras.
– Mademoiselle !
– Hécate, emmène-moi ! Lune ! Lune !
L’un des cavaliers s’approche.
– Mon aimée ! Je suis le feu !
– Non !
Hécate intervient, le repousse. La jeune femme regarde le cavalier, croit le reconnaître. Elle veut s’en aller, retourner au phare. Le cavalier insiste, veut éloigner Hécate, mais celle-ci résiste. La jeune novice cherche à se réfugier derrière elle, mais le cavalier s’avance, bousculant son adversaire, et dépose un baiser brûlant sur son front. La jeune femme hurle. Le baiser brûle tant, qu’elle tombe à terre. Tout s’arrête. La lune caresse la jeune novice.
– Reviens, reviens sur terre petite sœur.
Cette voix douce berce la jeune femme, et le reflet de la lune dans l’étang la rassure. Elle ferme les yeux. Le baiser du cavalier brûle toujours, mais les quatre éléments sont partis. Il ne reste que la jeune novice, qui s’endort.
Elle se réveille au pied du phare. Comme le jour s’est levé, celui-ci est éteint. C’est le bruit des vagues, qui l’a réveillée. Au loin, elle reconnaît la silhouette du gardien du phare, qui la regarde. Et elle respire. Sourit. Elle court plonger dans la mer, pour se défaire tout à fait de l’enchantement qu’elle avait voulu provoquer.
– Suis-je encore mortelle ? se demande-t-elle. Ou dois-je laisser tomber la magie ? Je me souviens de l’ambiance !
Mais elle avait eu peur. Dans les vagues, elle se sent mieux. Elle surgit face au phare.
– Ou suis-je moi-même un sortilège ?
Pourtant, le soleil brille et je suis toujours là…