Avertissement : déconseillé aux moins de 16 ans.

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Résumé :
Talya a toujours trouvé que les deux mois d’été étaient trop longs. Pour ne pas s’ennuyer, elle s’inscrit aux vendanges. Sur place, le gérant Pierre l’intrigue par son attitude étrange et son vocabulaire atypique. Que cache-t-il ?
Suer sang et eau (Partie 2)
Cette question m’avait perturbée et je parvins à ne pas le montrer dans mes inflexions. Que voulait-il dire par là ? Avoir du sang sur les mains signifiait que l’on avait tué et je ne voyais rien de bien-fondé dans ce genre d’actes sauvages. Peut-être m’inquiétais-je un peu trop et qu’il ne pensait pas à la mort au premier degré, mais à tout autre chose.
– Ce sang sur les mains est le résultat de ton travail, continua-t-il. Un travail nécessaire qui soulage la nature et qui fait du bien à nos papilles. Il est le résultat d’une longue journée de souffrance. Tu peux en être fière. Des plantes se meurent mais elles renaîtront et reprendront bientôt leur cycle. C’est ainsi. Ainsi va le cycle de la vie et tu n’y peux rien.
Il se retourna et me regarda en plissant les yeux, à travers la fumée que dégageait la casserole. Sa réponse m’avait soulagée et je me rendis compte que les histoires sur les vampires me torturaient l’esprit, à tel point que je venais de prendre Pierre pour un psychopathe. Je m’en voulus et lui offris un sourire un peu embarrassé mais qui se voulait reconnaissant.
– Tu devrais aller aussi te laver, Talya, me lança-t-il avec un rictus et en remuant la tête vers mes vêtements tâchés et plein de sueur. J’aime l’odeur du « sang » mais pas à ce point, et surtout pas mélangée à des heures d’efforts !
Son rire m’atteignit et je me mis à pouffer à mon tour. Il se détourna et reprit sa cuisine avec enthousiasme. Certains de mes camarades commençaient à occuper la salle commune. Je les entendais téléphoner à leur famille ou se disputer pour savoir quelle chaîne mettre à la télévision. Je descendis du tabouret et fis le tour de la pièce. J’adorais toutes les ouvertures de briques dans lesquelles se cachaient du pain, des oignons ou des herbes de toutes sortes. Je m’amusais à essayer de toutes les reconnaître, à épeler leur nom. Mes parents ne cuisinaient pas souvent avec ces épices alors je voulais m’abreuver jusqu’à plus soif de ces odeurs magiques, que j’avais appris à différencier depuis mon arrivée en Provence.
Une étagère recouverte de fioles de toutes sortes et de toutes couleurs m’intrigua. Je m’en approchai mais Pierre me bloqua le passage en se positionnant devant, afin d’y récupérer un tube plein d’un drôle de liquide jaune. Il versa ce dernier dans sa sauce et huma la fumée qui s’en dégagea avec plaisir.
– Mon ingrédient secret, me dévoila-t-il.
– Qu’est-ce que c’est ? demandai-je curieuse.
– Du vin… jaune ! répondit-il en riant. Un liquide d’exception qui provient de plants que j’ai créés moi-même. Je suis persuadé qu’il deviendra le vin le plus raffiné quand j’aurais affiné mes méthodes.
Il rit de plus belle devant mon air sidéré et ma bouche grande ouverte. Je ne le croyais pas du tout et ne savais comment me comporter devant cette réponse étrange. Du vin jaune ? Je n’en avais jamais entendu parler.
– Les vignes sont en bordure de forêt, derrière la maison. Tu me diras ce que tu en penses. Mais, chut. C’est un secret. Maintenant, ouste !
Je ne me le fis pas dire deux fois et déguerpis vers les chambres à l’étage.