Tout simplement (Partie 2)

Catégorie : 

Science-fiction/Anticipation

Auteur : 

Chloé Garcia

Résumé :

Travailler moins pour gagner plus et profiter de son temps libre ? C’est ce qu’a choisi cette société futuriste, grâce à l’aide de machines performantes et d’une conscience collective exacerbée.

Tout simplement (Partie 2)

— Elda !
Je tournai la tête sur ma droite. À travers la vitre baissée, j’aperçus mon tendre mari qui m’envoyait un signe de la main, juste devant notre perron. Il avait déjà mangé avec les enfants. Notre planning serré ne pouvait se permettre le moindre retard. Je lui fis signe de m’attendre. Il avait déjà revêtu sa tenue de karaté et ne tarderait pas à se diriger vers son dojo pour un entraînement effréné. Il préparait une compétition. Je me garai, sortis prestement de l’habitacle et me jetai sur lui pour un long et langoureux baiser. Je lui racontai brièvement ma matinée et il en fit de même.
Mon mari, comme la moitié des habitants de cette ville, avait deux métiers bien distincts. Ses Actions Solidaires consistaient à donner des cours de sport trois après-midis par semaine, quand son autre poste l’emmenait dans les tréfonds obscurs des maisons médicalisées. Je l’admirais pour ses capacités et en étais follement amoureuse depuis près de dix ans.
— Je t’ai laissé le reste des lasagnes au four, au chaud, me dit-il tendrement, en me caressant les cheveux. Lara est déjà partie à la danse classique et Chris s’entraîne avant son cours de piano à quinze heures. Il stresse beaucoup à cause du concert de samedi, tu sais.
— Oui, j’ai vu. Je vais essayer de le rassurer. J’ai encore un peu de temps avant ma répétition de ce soir et j’ai bien avancé sur mes cours en ligne d’espagnol.
— Parfait, tu gères ! s’exclama-t-il en m’embrassant de nouveau. On se retrouve tous ce soir pour te voir sur scène, alors. Tu vas cartonner comme d’habitude ! Désolé, je dois filer sinon je vais être en retard.
Son clin d’œil me fit rougir et je le regardai s’éloigner. J’avais une magnifique vue sur ses muscles saillants et m’en délectai. Je me sentais si chanceuse. Affamée, je pénétrai dans la maison et lui ordonnai d’allumer le four, de m’afficher mon émission du midi préférée sur le grand écran, et de me faire couler un bon bain relaxant. Alors que j’enlevai ma veste, des notes de la Sonate au clair de lune de Beethoven, un classique qui avait su traverser les âges, parvinrent jusqu’à mes oreilles. Mon fils s’appliquait et je décidai de le laisser seul un moment, le temps de prendre mon bain. Il savait que j’étais rentrée, l’écran de contrôle de sa chambre le lui avait sûrement indiqué.
Ces instants de détente me firent un bien fou. Les lasagnes succulentes me remplirent parfaitement l’estomac. J’avais tenté de tranquilliser mon fils Chris en lui assurant que le trac constituait une peur intrinsèque des artistes qu’il lui fallait apprendre à contrôler. Musicienne moi-même depuis des dizaines d’années, je frémissais chaque fois avant de monter sur scène. Tout s’envolait dès que j’entamais un morceau.
Telle une seule entité, ma vielle à roue et moi mettions la musique traditionnelle à l’honneur. L’attrait pour les cultures locales reprenait de l’ampleur, comme de nombreuses activités autrefois perdues. Quand je jouais, je ressentais toute la joie que je prodiguais et cela m’enivrait. Tous les concerts de notre groupe, gratuits, attiraient une foule de curieux qui, pour la plupart, nous donnaient de l’argent de manière désintéressée.
La vie avait repris ses droits depuis que les Hommes participaient réellement à leur bien-être sociétal, qu’ils avaient du temps pour s’occuper d’eux, de leur famille, de leur bonheur, de l’environnement, et qu’ils travaillaient moins.
L’équation n’avait rien de compliqué et, pourtant, je ne comprenais pas qu’il ait fallu détruire une planète et en coloniser une nouvelle pour que le système évolue.
L’Homme d’avant devait ressembler à un mouton servile. Ou peut-être craignait-il tout simplement de se battre pour ce qu’il méritait. Du moins, savait-il réellement ce qu’il méritait ?
Nous pouvions posséder plusieurs planètes mais nous n’avions qu’une seule vie.


FIN

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