Catégorie : Aventure/Action
Auteur : Saxof
Résumé : Une lettre énigmatique peut tout changer…
Un aller pour la vie (Partie 2)
J’en profite pour demander au steward les recommandations d’usage concernant le Portugal.
Un personnage attentif, collé monté, tend une pancarte à mon nom dans le hall de l’aéroport Portela. Il prend ma valise dans un signe de tête respectueux et me dirige vers une berline noire dans laquelle je découvre un bar. Un jus d’abricot bien frais et je me sens comme un prince.
La chambre de l’hôtel est somptueuse. Un lit king size, une immense salle de bains. On frappe à la porte pour me servir un plateau-repas digne d’une star. En plus des olives, fromage de chèvre et pains spéciaux, j’y trouve des petiscos, légumes grillés, beignets de poisson, une morue parmentière, quelques desserts et un vin corsé.
J’aurais tant aimé partager ce voyage avec Arielle !
– Allô, Antoine, c’est Denis. Je sais que tu es parti pour New-York. C’est moi qui ai répondu à leurs questions. Un chasseur de têtes te cherchait et avait besoin d’être sûr de tes résultats médicaux. Je n’en sais pas plus. Sois prudent.
Je n’ai pas su quoi répondre, à part « d’accord Denis ». Cet appel m’a inspiré quelques secondes de sages réflexions… Et puis zut, je verrai sur place.
Jeudi 04 octobre
Après une nuit calme et un petit-déjeuner sympathique, je suis parti joyeusement arpenter la capitale, prendre beaucoup de photos, appeler Arielle, avant de reprendre mon vol pour l’aéroport JFK prévu à 17 h 10. Un trajet de presque huit heures avec un casque et un écran personnel pour écouter de la musique et regarder les films choisis. J’ai très peu dormi, un enfant n’a cessé de taper ses pieds sur l’arrière du siège. Le sol se rapproche du hublot, je suis ravi de découvrir ce qui m’attend.
Une brise tiède me caresse le visage à la descente de l’avion… Il est 20 h, nous sommes toujours le 04.
Pour la première fois, je pose le pied dans cette ville mythique. Je ferme les yeux, je fais un vœu.
Dans le hall d’entrée de l’aérogare, un chauffeur m’attend pour me conduire auprès du juge, malgré l’heure tardive.
L’appartement où je suis introduit semble très cossu. Je m’avance dans un salon spacieux où d’immenses baies vitrées s’ouvrent sur la ville éclairée. Une vue à en perdre le souffle. Nous devons être au moins au 12ème étage. Des œuvres d’art inondent les murs, des couleurs douces couvrent les parties nues et des rideaux chatoyants bordent les fenêtres. Je m’assois dans un fauteuil corail devant un plateau garni de sandwiches, de jus de fruits et de vin.
Alors que je me restaure, un homme grand et mince de… Je dirais soixante-dix ans, cheveux poivre et sel, costume de lin beige, apparaît dans l’encadrement de la porte ouverte, dans un sourire éclatant… Ses yeux bleus, doux, me rappellent d’autres yeux.
– Bonjour et bienvenue, Antoine. Avez-vous fait bon voyage ?
– Oui, Monsieur, ce fut un voyage plutôt long mais agréable.
– Barney, appelez-moi Barney, me dit-il en me touchant l’épaule avec douceur et fermeté. Vous devez vous poser mille questions depuis le courrier.
– Oui en effet, Monsi… Barney.
– Asseyez-vous et continuez de manger, je vais partager un verre de vin avec vous, dit-il, en se servant légèrement.
– Avec mon ami le chirurgien Gordon Storey, nous avons fait appel à vous concernant le service pour enfants de l’hôpital dont je prends soin en tant que membre du conseil d’administration. Votre aide nous serait précieuse. Je vous emmène et je vous raconte en chemin.
En montant dans une superbe Chevrolet blanche décapotable, dont je n’ai pas vraiment fait cas ce soir-là, mes interrogations sont envahissantes.
– Je vous ai réservé un appartement à Greenwich Village avec un chauffeur à votre service. C’est un bastion de la culture artistique, avec des soirées très animées. Vous pourrez y rencontrer des personnages excentriques.
Je reste muet.
Nous traversons New-York, ville colorée, immense, mouvante, clignotante, pendant qu’il me raconte l’histoire de Tom. Un petit garçon de 8 ans sous dialyse avec un groupe sanguin AB-. Je sens que j’arrive au bout de mon voyage. L’intrigue s’amenuise.
Barney ne dit plus rien, se gare sur le parking de l’hôpital et me conduit à la chambre du petit Tom où je découvre un petit bonhomme blond qui dort le nez enfoui dans son oreiller.
Je le scrute assez longuement comme pour saisir ce qui se passe dans cette petite tête et j’imagine le voyage de santé qu’il a dû déjà parcourir.
– Voilà Antoine, le petit moineau pour lequel je vous ai fait venir. Je crois que vous avez compris la raison de votre voyage ?
– Oui Barney, je pense que vous avez besoin d’un de mes reins.
– Exact. Je savais que vous étiez un homme intelligent, subtil.
– Mais je n’ai pas encore donné ma réponse… Pouvez-vous me laisser jusqu’à demain matin ?
Je transpire, une panique s’empare de moi, des images flouent et des points d’interrogation volent comme des papillons devant mon regard.
– Evidemment, Antoine, je sais que vous pouvez refuser, même si nous avons mis tous nos espoirs en vous. Les AB- que nous avons contactés n’étaient pas compatibles. Comme vous le savez, c’est le groupe le plus rare, seulement 1 % de la population le
possède.