Un monde par fée (Partie 6)

Un monde par fée

Catégorie :

Fantastique/Merveilleux

Auteur :  

Chloé Garcia

Résumé : Ylsiirha est une jeune fée qui vit en symbiose avec son porteur, Arthur. Son physique lui déplaît tant qu’elle ne parvient pas à s’accepter. Son reflet l’insupporte et son souhait le plus cher est de ressembler aux créatures féeriques des contes pour enfants.
Quand le Conseil Fée-des-Rahl la convoque, Ylsiirha prend peur, sans se douter que ses complexes pourraient peut-être la sauver et lui offrir le destin dont elle rêve vraiment.

Un monde par fée (Partie 6)

Notre petit groupe hétéroclite continue d’avancer et après plusieurs couloirs interminables et richement ouvragés, nous nous arrêtons devant une double-porte fermée et protégée. Des Fées-Roces déclinent nos noms aux Fées-Longs qui acquiescent en s’écartant, laissant aux encapuchonnés le soin d’ouvrir le passage. Le brouhaha qui règne à l’intérieur de la salle du Conseil nous atteint de plein fouet. D’autres porte-paroles de différents coven de la région, déjà arrivés, débattent et s’exaspèrent de la situation. Dernière venue, tous tournent les yeux vers moi quand j’entre dans la pièce. Les chaises du Conseil situées au milieu de la salle sont vides. Ils n’ont donc pas commencé sans moi. Certains reprennent leurs discussions quand d’autres se rapprochent de moi pour me saluer. Je leur sourie et leur raconte succinctement mes dernières aventures en harfang, tout en étant attentive aux soucis respectifs de leurs covens. Le social et les discussions hypocrites me fatiguent.

– Ylsiirha, cela fait si longtemps ! s’exclame la fée intrépide qui m’avait appris à monter sur des chouettes.

La voir me ravit. Clérila m’a toujours soutenue et je l’apprécie.

– Je suis aussi heureuse de te voir ! J’applique à présent tous tes conseils à la lettre et le vol ne me fait plus paniquer. J’en éprouve même du plaisir !
– J’en suis ravie, me dit-elle en souriant timidement. Il est dommage de se retrouver lors de si tragiques circonstances.

Abattue, je hoche discrètement la tête en baissant les yeux. Mon amie me prend par la main et m’amène près d’un groupe à qui elle veut me présenter. Je ne retiens pas tous les noms mais je me comporte avec politesse et cordialité. Mon accompagnatrice connaît presque tous les porte-paroles et cela m’impressionne. Elle me raconte ses derniers déboires avec son jumeau, un tout petit bébé dont les borborygmes ne cessent de l’ennuyer et dont elle s’est amourachée. Quelques-unes de ses anecdotes me font sourire. Grâce à elle, l’attente ne me paraît pas pénible et les membres du Conseil finissent enfin par faire leur entrée. L’assemblée réagit rapidement et chaque personne présente se plie en multiples révérences. À contre-cœur, je me force à faire de même. Les Fées-Longs passent parmi nous pour ajuster telle ou telle posture et vérifier que nos regards ne sont pas offensants et bien dirigés vers le sol. Tout ce que nous pouvons voir des conseillers pour le moment sont leurs longues tuniques beiges qui traînent sur le carrelage. Un claquement de doigts nous désenchante et nous reprenons tous consistance. Les gardes, dont Neejil, ont placé des chaises que nous nous empressons d’occuper. Une cinquantaine de fées s’installe dans un silence malaisant, attendant la sentence à venir. Je jette un regard à Clérila qui m’encourage d’un signe de tête.

– Aujourd’hui est un jour terrible, mes enfants, commence le dirigeant d’une voix grave.

Son front plissé indique qu’il est tracassé. Ses mains placées en signe de prière et son front haut, correspondent à autant de stratagèmes pour nous mettre en confiance.

– Deux de nos frères et sœurs ont péri cette semaine. Les covens du Solstice et Levé sont gravement affectés. Alima et Kliom nous manqueront à tous.

Le chef du Conseil porte une de ses mains à son cœur, suivi par les autres conseillers qui baissent la tête. Nous faisons tous de même et j’entends certaines personnes pleurer, soutenues par leurs voisins.

– Alima et Kliom ne sont pas morts accidentellement. Ils ont été tués par des humains, leurs hôtes.

Des murmures terrifiés commencent à monter de l’assemblée. « Où sont les preuves ? », « Pourquoi les humains nous tueraient-ils, alors que nous sommes inoffensifs ? ». Je ne suis ainsi pas la seule à me sentir perdue. Tout le monde ne voit pas les choses ainsi car la fée à ma droite s’insurge contre la malhonnêteté des humains, leur besoin de faire le mal et leur peur de l’inconnu. S’ensuivent des disputes auxquelles je ne prête pas attention, et dont les sujets me dépassent.

– Silence ! rugit un Fée-Long au visage rouge de colère.
– Merci, poursuit le conseiller après avoir attendu que la salle se calme. Les humains sont de nature belliqueuse et se considèrent comme l’espèce la plus intelligente sur cette planète. Accepter de cohabiter avec nous leur fait offense quand ils découvrent notre existence. C’est ainsi et nous n’y pouvons rien. D’autres créatures magiques souffrent également et nous réfléchissons à nous allier. Vous êtes ici car nous voulons vous mettre en garde. Plus que d’habitude.
– Vous vous trompez, ose Clérila que je ne savais pas si téméraire. Mon protecteur ne me ferait jamais de mal, je le sais et je le sens. Tous les humains ne sont pas comme vous le décrivez !

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