Un monde par fée (Partie 8)

Un monde par fée

Catégorie :

Fantastique/Merveilleux

Auteur :  

Chloé Garcia

Résumé : Ylsiirha est une jeune fée qui vit en symbiose avec son porteur, Arthur. Son physique lui déplaît tant qu’elle ne parvient pas à s’accepter. Son reflet l’insupporte et son souhait le plus cher est de ressembler aux créatures féeriques des contes pour enfants.
Quand le Conseil Fée-des-Rahl la convoque, Ylsiirha prend peur, sans se douter que ses complexes pourraient peut-être la sauver et lui offrir le destin dont elle rêve vraiment.

Un monde par fée (Partie 8)

Plus personne n’ose bouger et attend patiemment son tour. La situation étrange que nous vivons nous entrave et nous questionne. Cette aide spirituelle ne peut faire de mal, n’est-ce pas ? Le Conseil n’est pas aussi impitoyable que sa réputation le laisse à penser. J’espère simplement que cette séance ne durera pas. Arthur me manque et je m’inquiète pour lui. Clérila me fait un signe de la main et je comprends qu’elle cherche à savoir si je vais bien. Je lui réponds d’un timide sourire et continue de me ronger les sangs. J’ai du mal à patienter et la présence imposante des Fées-Longs ne m’aide pas. La personne devant moi vient de suivre le médecin. Mon tour approche. Les minutes semblent des heures.

– Ylsiirha Fée-Ria, matricule 88958523, porte-parole du coven du Couchant ? appelle le Fée-Gnant.

Ma gorge se serre et je le suis sans un mot dans son cabinet. Il ferme la porte et me serre la main gaiement en me souhaitant la bienvenue chez lui. Son humour me laisse de marbre et je m’assois sur la chaise qu’il me montre du doigt. Le Fée-Gnant du nom de Huiljigh, ne cesse de replacer ses lunettes sur son nez en lisant ce qui doit être mon dossier. Je ne savais pas que j’en avais un. Mon nom est écrit d’une manière maladroite sur la première page qui me fait face et le malaise reprend. Je ne sais quoi lui dire et remue bêtement sur mon dossier. Les scènes de brutalité dans la grande salle me perturbent encore. Je ne pensais pas mon peuple aussi violent et gardant en lui cette rage malsaine envers les Hommes. Nous vivons en harmonie, du moins la plupart du temps. J’ai du mal à concevoir que mes compagnons fées puissent avoir été tués de sang-froid par leurs hôtes. Peut-être est-ce moi qui déraille et qui ne comprends rien ? Qui ne vois pas combien nous sommes ignobles, effrayants à regarder et que nos pouvoirs attisent seulement l’aversion et la haine ? Qui ne conçois pas que dépendre des humains pour survivre est une infamie ? Pourquoi n’accepte-je pas la situation ? Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à croire aux paroles du Conseil ? Je déraille complètement.

– Que pouvez-vous me dire sur votre hôte ? me demande-t-il poliment.
– Il se comporte comme un garçon de son âge et s’intéresse principalement aux jeux vidéos et aux super-héros, je réponds sans savoir que dire de plus.

Huiljigh acquiesce à mes paroles et prend des notes. Je ne veux pas lui raconter combien Arthur est incroyable et que ses notes scolaires impressionnent ses parents et ses professeurs. Je n’aime pas discourir ni sur mon intimité ni sur mon protecteur. Je tiens à mon jardin secret. Je prends quelques secondes pour analyser la pièce. Plus simples que ceux que j’ai croisés plus tôt, les tableaux m’apaisent par leurs paysages de bord de mer. Quand je vivais avec Amanda, je voyais l’océan par la fenêtre de sa chambre. Cette sensation de liberté me manque même si la forêt est un panorama qui me comble. Le Fée-Gnant continue à me poser des questions sans grand intérêt auxquelles je réponds de manière laconique. Il finit par me demander de me lever et de me diriger derrière un paravent. Je n’y avais pas fait attention en rentrant. Il délimite un petit compartiment sur le côté de la pièce et semble cacher quelque chose. Le médecin me voit hésiter et me rassure.

– Ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas un piège. Placez-vous simplement devant le miroir et dites-moi ce que vous y voyez.

Il repart s’installer à son bureau et attend ma réponse. Je ne comprends pas en quoi consiste cet exercice mais m’y plie. Je me positionne devant un bel encadrement doré qui me renvoie une image que j’aurais aimé oublier. Mon reflet me procure de mauvaises sensations. Je me trouve laide et je regrette de ne pas ressembler à la fée que les humains attendent, avec une belle robe, une chevelure magnifique et un corps sublime. Ce que je vois me dégoûte. Je ne m’étais pas trouvée devant un miroir depuis longtemps et cela ne m’avait pas manqué. Tout en moi me répugne. Arthur me détesterait à coup sûr s’il me voyait. Une larme m’en tombe. Honteuse, je l’essuie avant que le médecin ne la remarque.

– Décrivez-moi ce que vous voyez, s’il vous plaît, insiste-t-il.

Je m’approche de la vitre et essaie de calmer ma respiration haletante. Je ne souhaite pas qu’il me croie faible. Pourtant, je décide de lui dire la vérité et de lui détailler ce que je ressens vraiment. M’aidera-t-il à y voir plus clair ?

– Je vois… une fée atroce qui m’horripile et qui ressemble à un monstre.
– C’est-à-dire ? je l’entends me demander tout en prenant des notes.
– Je… Tout en moi n’est que noirceur et dégoût. Je hais mes bras trop longs, mes cheveux hirsutes, mes ongles qui ressemblent à des griffes, mes jambes difformes et mon corps disgracieux…

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