
Catégorie :
Auteur :
Résumé :
Chris se réveille et se questionne. Qui est-il ? Que fait-il à l’hôpital ? Diagnostiqué amnésique, le jeune homme n’a pourtant pas perdu toutes ses connaissances scientifiques, qui lui permettent de reconnaître tous les appareils sophistiqués qu’il croise sur son chemin.
Quand il se rend compte qu’il se trouve sous l’eau, à Anavai, une géante cité sous-marine, Chris perd tous ses moyens.
Parviendra-t-il à retrouver la mémoire et à se sentir de nouveau chez lui ?
Un voyage dans le temps (Partie 2)
Sa sollicitude m’étonna et je me laissai faire. La tâche fut rapidement réalisée et je ne sentis rien. Mon sang rouge foncé avait rempli rapidement l’aiguille et ma tête me paraissait plus légère. Je ne vis pas le médecin s’éloigner et revenir avec un plateau bien garni. Il me souhaita bon appétit et ferma la porte.
Je regardai le plateau-repas en examinant chaque parcelle de celui-ci. Le verre contenait un liquide bleu foncé pétillant dont la senteur fruitée ravit mes papilles. Je ne savais pas ce dont il était constitué et n’en reconnus pas l’odeur. Les trois assiettes à son côté m’attiraient de par toutes les couleurs qui en émanaient. Je crus discerner du poisson, malgré sa drôle de teinte, et des variétés de légumes dont l’aspect ne me parla pas. Je m’essayai d’abord à porter le verre à mes lèvres et le goût appuyé me surprit dans le bon sens du terme.
La boisson coulait facilement, moins compacte que je ne l’aurais cru, et sa texture délicieuse me rendait déjà des forces sans que je ne comprenne comment. Ce que je pensais être du poisson en était bien et je l’avalai avec entrain. Les légumes se mariaient parfaitement avec ces mets exquis et mon estomac fut vite rempli. J’avais oublié comme manger à sa faim faisait partie de ces sensations de plénitude qui vous prenait entièrement et vous procurait un bonheur extraordinaire.
– Alors, on sort ? s’exclama un homme bourru en pénétrant sans délicatesse dans ma chambre. On m’a dit que tu pourrais sortir aujourd’hui !
Sa venue me fit sursauter et le plateau-repas tomba sur le sol avec fracas. Le nouveau, grand à la peau foncée, et aux cheveux coupés ras, arborait un sourire ravageur et une combinaison bleue épaisse. Il tenait un casque étrange sous le bras, qu’il posa sur la commode pour ramasser les débris des assiettes.
– Tu veux que je t’aide ? me demanda-t-il, une fois qu’il eût terminé.
Je ne savais même pas qui il était mais son enthousiasme m’emplissait de sensations nouvelles. Je voulais sortir et découvrir le monde qui m’entourait. Une nouvelle vie m’appelait. J’acquiesçai à sa demande et il passa un bras sous ma taille quand je tentai de poser mes pieds sur le sol. Une fois debout, je me sentis quelque peu déséquilibré et je serais tombé à la renverse sans le soutien de l’inconnu. Il m’offrit un autre bras pour que je me redresse plus facilement et je m’appuyai dessus. La surface douce de son armure me surprit.
Les premiers pas furent douloureux. Je ne baissai pas les bras. Si je voulais sortir de cet hôpital, je devais prendre sur moi et continuer. À deux, nous fîmes plusieurs fois le tour de la chambre et je réussis à faire les deux derniers tout seul. Ma tête ne tournait plus et je me sentais revivre. Je lui adressai un sourire éclatant, tout heureux de ne plus être dépendant de cet établissement ou d’être obligé de croiser le médecin qui s’occupait de moi. Il se retourna pendant que je prenais un jean ainsi qu’un t-shirt posés sur une chaise. J’avais l’impression de les voler à ce Chris qui n’était pas moi.
– On m’a dit que tu avais perdu la mémoire mais je m’en fiche, me fit-il. Moi, c’est Rick, et on va faire le tour de la maison. On ne sait jamais, peut-être que des images pourraient te revenir ? me lança-t-il avec un clin d’œil.
– Peut-être bien, oui, dis-je avec espoir.
Sans le vouloir, il me transmettait sa gaieté et je le suivis avec détermination. Nous passâmes devant la réception de l’établissement et un groupe de jeunes femmes me souhaita bonne chance. Je leur souris timidement et accélérai pour ne pas perdre Rick de vue, et pour cacher mon visage duquel je sentais des rougeurs poindre. La gente féminine ne me laissait pas indifférent et le visage de Laura me revint subitement en mémoire. Une tristesse profonde m’envahit.
– Arrête de tirer cette tête et admire plutôt Anavai, notre belle cité sous-marine ! dit Rick respectueusement, ouvrant ses bras et levant la tête, devant l’immensité du hall dans lequel nous venions de pénétrer.
Je ne pus fermer ma bouche tant l’étonnement m’avait happé. La place grouillait de monde et le dôme nous entourant laissait voir les fonds marins avec netteté. Quelques bancs de poissons nous frôlaient depuis l’extérieur et je reconnus les espèces de plusieurs d’entre eux. Le plafond, transparent comme tout le reste, et culminant à une dizaine de mètres, me donna le vertige tant je devais tordre le cou pour admirer les baleines qui nous passaient au-dessus. De nombreux escaliers et plateformes remplissaient la totalité de la surface, tant dans la largeur, que dans la hauteur, chaque espace ayant une fonctionnalité bien précise et soutenant la structure globale.