Une clé bleue

Une clé bleue

Catégorie : Science-fiction/Anticipation

Auteur : Aurore

Résumé : Lorsque l’on trouve une clé, que peut-on ouvrir avec ?

 

 

Une clé bleue

 

 

Par ce bel après-midi de printemps, dans un village de Haute-Garonne, Marie-Charlotte et Caroline se rendaient chez leurs grands-parents. Dans l’allée, où les rosiers offraient de magnifiques fleurs, Caroline trouva une clé, aussi fine qu’une épingle à cheveux et guère plus grande que son petit doigt. Légèrement rouillée par endroit, elle était de couleur bleue. Elle la montra à sa sœur, qui n’en avait jamais vu non plus de pareille. Cela les intrigua beaucoup. Il était en tout cas peu probable que celle-ci serve à ouvrir quoi que ce soit dans cette maison. Dans le doute, elles posèrent la question à leur grand-père qui se trouvait dans le salon. Ses sourcils blancs se levèrent d’étonnement à la vue de cet objet qu’il trouvait lui aussi bien étrange.

Caroline tendit alors la clé à Marie-Charlotte. Elles rejoignirent leur grand-mère afin de jouer au kirkle, un jeu de pions carrés que leur grand-mère adorait. Alors que la partie touchait à sa fin, la voisine arriva. Tandis que leur grand-mère se dirigeait vers elle pour l’accueillir, Caroline fit signe à sa sœur de s’approcher. A l’oreille, elle lui dit avoir remarqué que l’objet trouvé pouvait peut-être rentrer dans son téléphone, tel une clé USB. Elle avait discrètement tenté l’expérience et cela fonctionnait.

Rapidement, elles jetèrent donc un œil. Quelle ne fut pas leur surprise ! De nombreuses photos défilèrent sous leurs yeux. Toutes avaient été prises en noir et blanc et semblaient venir de temps anciens, bien avant l’invention de la photographie. Les filles rangèrent vite le tout à l’approche de la voisine. Le temps du goûter était venu.

Elles dégustèrent des oreillettes, ces fameuses délicieuses pâtisseries du Sud, puis partirent en course. Elles empruntèrent le petit chemin aux graviers rouges puis, au rond-point, prirent à droite. Elles virent alors un véhicule des années quarante, puis deux, puis trois. Lorsqu’elles arrivèrent au bout de la rue, le quartier avait changé. Une épicerie s’y trouvait. Elles s’en approchèrent afin de regarder par les vitres. Des rangées de bocaux en verre étaient alignées et sur les étagères derrière, elles pouvaient apercevoir des boîtes de conserve, au design ancien. A l’avant du comptoir, une grosse balance en fer était posée. La caisse enregistreuse, quant à elle, semblait bien sommaire. Des murmures les firent se retourner. A côté d’elles, des femmes avec leur panier les regardaient bizarrement. Elles étaient vêtues et coiffées elles aussi comme dans les années quarante.

Les deux sœurs repartirent et prirent le premier chemin qui s’offrait à elles. Quelques mètres plus loin, elles furent attirées par des rires, provenant d’un jardin. Deux petites filles y jouaient. L’une d’entre elles, une blondinette, tendit à son amie un morceau de chocolat, tiré de son emballage. Les deux petites semblaient se régaler. Elles se retournèrent soudain, ayant aperçu les sœurs. Elles riaient aux éclats tout en s’approchant d’elles. La blondinette leur proposa du chocolat. Les sœurs y goûtèrent. Elles avaient reconnu le fameux emballage du plus vieux chocolat français. Ce fut un véritable concerto pour les papilles, il était si bon. Elles quittèrent les fillettes, qui étaient déjà reparties jouer. Elles dansaient, chantaient sur le chemin : ce chocolat les mettait de si bonne humeur !

Toutefois, Marie-Charlotte s’interrogeait. Cette enfant aux cheveux bruns lui rappelait étrangement quelqu’un. Sa sœur avait, elle aussi, la même impression. Il se passait vraiment de drôles de choses par ici. Elles n’avaient aperçu aucun objet contemporain, pas même de téléphones portables.

Soudain, le ciel s’assombrit, la bourrasque les surprit. Elles se hâtèrent afin d’éviter l’averse qui s’annonçait. Tout autour d’elles, les feuilles tourbillonnaient. Après avoir marché sur une centaine de mètres, le soleil revint et au loin, elles aperçurent enfin le centre commercial. Sur le chemin du retour, tout était revenu à la normale.

Lorsqu’elles arrivèrent à la maison, les deux vieilles dames discutaient gourmandises. Leur grand-mère racontait une histoire. Alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, une amie lui fit goûter une tablette qui depuis cent ans déjà, faisait la joie des gourmands. Sur son emballage, une petite fille dessinant sur un mur était représentée. Quant au chocolat, il avait une saveur si particulière, qu’elle ne retrouvait plus aujourd’hui. Un concerto pour les papilles, pensèrent à ce moment-là les sœurs, qui échangèrent un regard complice.

Ce n’était pas une clé ordinaire qu’elles avaient en leur possession, mas un objet unique. Elles n’avaient plus qu’une hâte. Le soir venu, elles comptaient bien ni vu ni connu dans leur chambre rebrancher cette clé. Elles étaient certaines d’y retrouver des photos de leur grand-mère, dans son plus jeune âge, en pleine dégustation de chocolat. Des voyages épatants à travers le temps les attendaient.

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